la présidentielle du 12 mars dernier a rendu son verdict le vendredi dernier. Le président sortant, Thomas Boni Yayi a remporté haut la main le scrutin. Son principal opposant conteste vigoureusement ces résultats et s'attribue lui aussi le gain de cette élection. Ce scénario qui ressemble fort à ce qui se passe en Côte d'Ivoire, risque de plonger le Bénin dans l'incertitude.
En effectuant une visite éclair à Cotonou le vendredi 18 mars dernier, Goodluck Jonathan le président nigérian voulait sans doute prévenir que guérir. Le président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui se fait déjà bien de soucis pour la crise post- électorale en Côte d'Ivoire, ne veut pas avoir en charge un autre dossier aussi brûlant. Avait-il eu la primeur du « un coup KO! » que Boni Yayi a infligé à Me Adrien Houngbédji, son principal challenger qu'il a expédié au tapis dès le premier round par 53% des voix contre 36% ? Sans aucun doute, et c'est certainement la raison pour laquelle il a accouru à Cotonou pour en savoir plus sur cet « exploit ». Avant de quitter la capitale économique béninoise, M. Jonathan a mis en garde contre toute détérioration de la situation chez son petit voisin, affirmant que « le Nigeria n'acceptera jamais un conflit post- électoral à ses frontières ». A l'instar de la CEDEAO, le président nigérian qui va lui- même affronter les électeurs de son pays dans quelques jours, a souhaité que tout contentieux soit réglé par des canaux officiels. Mais, le ton est vite monté dans le camp du principal opposant, dès la proclamation des résultats provisoires. Me Adrien Houngbédji d'ordinaire mesuré dans ses propos, ne s'est pas cette fois- ci embarrassé de fioritures, pour asséner ses vérités à son adversaire: « Notre peuple ne renoncera pas à ce qu'il a conquis au prix de luttes héroïques, pour tomber dans la servitude de trafiquants d'élection et d'un despote ». Mais avant lui, vendredi soir, alors que M. Joseph Gnonlonfoun, le président la Commission électorale s'apprêtait à donner les résultats, des partisans de l'opposition membres de la Commission, avaient tenté d'utiliser la manière forte pour l'en empêcher. « Nous ne reconnaissons pas les résultats qu'il veut annoncer. Gnonlonfoun et sa bande veulent tout simplement mettre le pays à feu et à sang », avait déclaré un membre de la commission, avant que la police béninoise ne vienne à la rescousse du président de la CENA, qui a dû se retirer dans son bureau pour prononcer le verdict. Cette scène ressemble étrangement à ce qui s'était passé le 3 décembre 2010 en Côte d'Ivoire. Le décor était pratiquement le même, sauf que Youssouf Bakayoko, le président de la Commission Electorale Indépendante, (CEI) de la Côte d'Ivoire, a lui préféré un cadre plus sécurisé, celui de l'hôtel du Golf d'Abidjan sous haute protection des forces onusiennes, pour prononcer la sentence. La suite, on la connaît, le pays a basculé dans la violence. Une triste fin électorale que le Bénin doit absolument éviter pour continuer de mériter d'être cité comme un modèle démocratique sur le continent.
Charles d'Almeida
En effectuant une visite éclair à Cotonou le vendredi 18 mars dernier, Goodluck Jonathan le président nigérian voulait sans doute prévenir que guérir. Le président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui se fait déjà bien de soucis pour la crise post- électorale en Côte d'Ivoire, ne veut pas avoir en charge un autre dossier aussi brûlant. Avait-il eu la primeur du « un coup KO! » que Boni Yayi a infligé à Me Adrien Houngbédji, son principal challenger qu'il a expédié au tapis dès le premier round par 53% des voix contre 36% ? Sans aucun doute, et c'est certainement la raison pour laquelle il a accouru à Cotonou pour en savoir plus sur cet « exploit ». Avant de quitter la capitale économique béninoise, M. Jonathan a mis en garde contre toute détérioration de la situation chez son petit voisin, affirmant que « le Nigeria n'acceptera jamais un conflit post- électoral à ses frontières ». A l'instar de la CEDEAO, le président nigérian qui va lui- même affronter les électeurs de son pays dans quelques jours, a souhaité que tout contentieux soit réglé par des canaux officiels. Mais, le ton est vite monté dans le camp du principal opposant, dès la proclamation des résultats provisoires. Me Adrien Houngbédji d'ordinaire mesuré dans ses propos, ne s'est pas cette fois- ci embarrassé de fioritures, pour asséner ses vérités à son adversaire: « Notre peuple ne renoncera pas à ce qu'il a conquis au prix de luttes héroïques, pour tomber dans la servitude de trafiquants d'élection et d'un despote ». Mais avant lui, vendredi soir, alors que M. Joseph Gnonlonfoun, le président la Commission électorale s'apprêtait à donner les résultats, des partisans de l'opposition membres de la Commission, avaient tenté d'utiliser la manière forte pour l'en empêcher. « Nous ne reconnaissons pas les résultats qu'il veut annoncer. Gnonlonfoun et sa bande veulent tout simplement mettre le pays à feu et à sang », avait déclaré un membre de la commission, avant que la police béninoise ne vienne à la rescousse du président de la CENA, qui a dû se retirer dans son bureau pour prononcer le verdict. Cette scène ressemble étrangement à ce qui s'était passé le 3 décembre 2010 en Côte d'Ivoire. Le décor était pratiquement le même, sauf que Youssouf Bakayoko, le président de la Commission Electorale Indépendante, (CEI) de la Côte d'Ivoire, a lui préféré un cadre plus sécurisé, celui de l'hôtel du Golf d'Abidjan sous haute protection des forces onusiennes, pour prononcer la sentence. La suite, on la connaît, le pays a basculé dans la violence. Une triste fin électorale que le Bénin doit absolument éviter pour continuer de mériter d'être cité comme un modèle démocratique sur le continent.
Charles d'Almeida