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Politique Publié le mercredi 23 mars 2011 | Le Temps

Eugène Djué (pdt l’Union des Patriotes pour la Libération totale de la Côte d’Ivoire) : «La crise ivoirienne est une création des Occidentaux»

© Le Temps Par DR
Sortie de crise: les accords politiques de Ouagadougou mis à rude épreuve
Photo d`archives. M. Eugène Djué, l`un des leaders de la galaxie patriotique
Le président de l’Union des patriotes pour la libération totale de la Côte d’Ivoire, Eugène Djué, se prononce, dans cet entretien, sur la crise post-électotale.

Quelle lecture faites-vous de la crise post-électorale qui perdure malgré la victoire du président Laurent Gbagbo ?
Je pense qu’on fait une erreur en disant «crise post-électorale». Parce que quand on le dit, on pense qu’il y a un contentieux électoral. Or, nous ne vivons pas un contentieux électoral. Nous sommes dans une lutte pour la rupture du cordon ombilical qui nous lie à la France. C’est une lutte pour la libération totale de la Côte d’Ivoire. Et c’est d’ailleurs, cela qui a conduit à la création du mouvement que je dirige : l’Union des patriotes pour la libération totale de la Côte d’Ivoire. Parce qu’en 2002, c’est une crise de recolonisation que nous avons connue. C’est la France qui avait attaqué la Côte d’Ivoire. Et à partir de la Côte d’Ivoire, elle veut recoloniser toute l’Afrique. Et remettre en cause tout ce que nous avons comme acquis depuis notre indépendance. Parce que la France s’était rendue compte que les Africains se battaient de plus en plus pour leur indépendance économique. C’est en cela que quand nous avions été attaqués en 2002, la France avait refusé de mettre en pratique l’accord de défense qui nous liait. Et qui l’obligeait à nous assister. Au cours de cette même année 2002, quand le ministre Lida Kouassi avait voulu libérer Bouaké, c’est elle qui a demandé de suspendre toutes les opérations sous prétexte d’évacuer ses ressortissants. C’était une mesure dilatoire qui lui permettait d’organiser la rébellion. La France a également réuni tous les protagonistes à Marcoussis pour introduire Alassane Ouattara dans le débat.

C’est à ce moment-là que les difficultés du président Gbagbo ont commencé…
Oui ! Parce que la France voulait qu’il se départisse du pouvoir. Et qu’il délègue tous ses pouvoirs à un Premier ministre qu’on nomme à partir de Marcoussis. Et comme si cela ne suffisait pas, on confie les ministères de la Défense et l’Intérieur à la rébellion. C’est toute cette manœuvre de la France qui continue. Surtout l’argument d’attaque, de coup d’Etat manqué qui se mue en rébellion n’a pas pu rencontrer l’adhésion de beaucoup de personnes au sein de la Communauté internationale. C’est ainsi que le soutien français a réfléchi pour trouver une base plus rassembleur, une base qui est éthiquement plus correcte : les élections. C’est ainsi qu’on a initié l’idée des élections avec l’Accord de Ouaga. Mais le problème qui s’est posé à eux, c’est qu’avant ces élections, il devrait avoir le désarmement des rebelles. Or, si ceux-ci désarment, cela ne les arrange pas. C’est ainsi qu’ils vont entreprendre un jeu de psychologie à l’endroit du président Laurent Gbagbo. On lui a mis des pressions pour qu’il aille aux élections même sans le désarmement. Même à un moment donné, les populations commençaient à tomber dans ce jeu croyant que c’est le président Gbagbo qui constituait le blocage. Ce jeu-là va payer parce que pour prouver notre bonne foi, les plus réticents dont moi-même, qui faisions du désarmement un préalable, vont céder. Et nous sommes allés aux élections. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, est une stratégie de diabolisation organisée autour de l’idée que Laurent Gbagbo est anti démocratique, voire dictateur.

A vous entendre, la présidentielle de 2010 est un prétexte…
Effectivement. C’est un prétexte qui permet à la France et ses amis de relancer leur combat contre Gbagbo. C’est même un piège. C’est un prétexte pour trouver un nouveau mot d’ordre qui, comme j’aime à le dire, est plus rassembleur. Au départ, c’était un coup d’Etat manqué qui se mue en rébellion. Le maître d’œuvre, la France, ne réussit pas à mobiliser d’autres partenaires autour de son prétentieux projet. Il décide alors de rendre son projet plus attrayant et plus politiquement correct : les élections. Autrement dit, l’alternance politique. La démocratie. Aujourd’hui, on parle de démocratie, de populations civiles, du peuple… En réalité, ce sont des expressions utilisées pour mettre l’opinion internationale sur le dos du président Gbagbo. Quand la France traite Gbagbo de dictateur, la communauté internationale voit en lui Hitler. Et c’est ce que ce dernier a fait subir aux populations qu’on attribue à Gbagbo. Ils pensent même à l’holocauste. Et ça fait effet au sein de l’opinion internationale. Tout cela pour aboutir au même résultat, faire partir Laurent Gbagbo par tous les moyens sans qu’on ait à redire. C’est ce qui justifie toutes les formes d’attaque contre lui et la monstrueuse campagne de dénigrement à laquelle on assiste, en ce moment.

Et pour résoudre cette pseudo crise, on fait appel à l’Union africaine et son panel…
Ne dites pas pour résoudre cette crise. Dites plutôt pour atteindre cet ignoble objectif. On se retrouve dans un schéma où ils veulent poser l’acte tout en ayant les mains très propres. Ils veulent obtenir le départ de Gbagbo, même son élimination physique en disant que ce ne sont pas eux. Mais c’est entre nous Africains. C’est ainsi qu’on met sur orbite l’Ua, la Cedeao qui sont guidées par l’Elysée qui ne sont là que pour mettre en application les instructions de la France. L’Ua et la Cedeao ne sont que des instruments aux mains de Sarkozy qui s’en sert pour atteindre ses objectifs. Cela nous rappelle le vieil esclavagiste qui, au temps colonial, rentrait dans la brousse pour capturer les esclaves, ses frères Africains et les remettait aux maîtres Blancs.

C’est dire que ce n’est nullement un problème Gbagbo-Ouattara mais plutôt un problème France-Gbagbo…

Je ne suis pas dans un schéma où je dois m’attaquer à Guillaume Soro ou Alassane Ouattara. Parce que si ces deux ne sont plus-là, il y en aura d’autres pour continuer le combat de la France. Comme hier, il y a eu Blaise Compaoré au Burkina Faso pour tuer son ami Thomas Sankara, comme Mobutu en Rdc pour tuer son frère Patrice Lumumba…

Le problème n’est pas à ce niveau. Sinon, quel est le problème qui oppose Ouattara à Gbagbo qui n’a pas opposé, en son temps, Bédié à Ouattara ? Aujourd’hui, ces deux derniers sont ensemble. Parce qu’ils sont d’accord pour faire le jeu de l’Occident. Sinon, quel est ce grave problème qui oppose Ouattara à Gbagbo qui fait qu’on fait appel à des forces étrangères pour venir éjecter Gbagbo du pouvoir. Même le Rhdp est une orchestration, une trouvaille de la France. C’est en France qu’à eu lieu l’accord sur le Rhdp. C’est là-bas que la charte du Rhdp a été signée. Ce n’est donc pas un problème Ouattara-Gbagbo ou Soro-Gbagbo. C’est l’Occident qui en veut à Gbagbo qui ne veut pas jouer son jeu. Et il a trouvé les acteurs et les moyens pour le faire.

De quels moyens et acteurs parlez-vous exactement ?
Au niveau international, Sarkozy a trouvé l’Onu comme Institution avec pour base militaire l’Onuci et Licorne. En Afrique, il a trouvé quelques chefs d’Etat à défaut d’un leader capable de décider et de mener seul le combat comme à l’époque d’Houphouët-Boigny ou Bongo. Qui se cachent derrière les Institutions sous-régionales pour agir. Mais que les Ivoiriens sachent qu’au niveau de la gouvernance mondiale, l’Onu n’existe pas. Il existe la France et les Usa. L’Onu n’a jamais existé. Mais Dieu aide la Côte d’Ivoire dans toutes les épreuves qu’elle traverse. Car chaque fois qu’un problème grave se pose en Côte d’Ivoire, un cas similaire apparait ailleurs dans le monde qui permet de clarifier ce que vit la Côte d’Ivoire. C’est le cas aujourd’hui, de la Libye. C’est Sarkozy qui a suscité et fait voter la Résolution 1963 qui n’avait, au départ pour objectif que la création d’une zone d’exclusion aérienne. Mais, en réalité, l’opération sur le terrain consiste en une intervention militaire. Sarkozy se croit plus malin que tous les autres chefs d’Etat du Conseil de sécurité de l’Onu et les mène en bateau.

Le président Laurent Gbagbo a demandé que ces deux forces à la solde de la France quittent la Côte d’Ivoire mais elles font la sourde oreille…
Elles refusent de partir parce qu’elles disent que l’autorité légitime est Alassane Dramane Ouattara. C’est pourquoi, elles font fi de la décision du président Laurent Gbagbo. Ce qui sous-entend qu’elles et Alassane Ouattara sont en train de créer leur Etat. Pour eux, la Côte d’Ivoire n’existe pas en dehors de Ouattara. Je voudrais dire à tous les Ivoiriens que l’Onu qui était censée régler la crise ivoirienne ne fait que s’acharner sans relâche sur le président Gbagbo. L’Onu est dans sa logique. Depuis l’attaque de 2002, Nicolas Sarkozy n’a jamais voulu que les rebelles désarment. Il a voulu une base militaire pour défendre leur cause. Parce qu’il sait que la Côte d’Ivoire est la locomotive de la sous-région, le maillon le plus fort de la sous-région.
Et cette base militaire se transforme aujourd’hui, en guérilla et sème la terreur à Abidjan et même à l’intérieur du pays…
C’est tout simplement triste et irresponsable. Si c’est vraiment une crise post-électorale, pourquoi les rebelles et les soldats onusiens égorgent-ils, pourquoi tuent-ils aussi lâchement ? Est-ce cela qui permettra à Alassane Ouattara de gouverner la Côte d’Ivoire ? C’est tout simplement déplorable. Ils agressent même les étrangers dans les rues pour faire porter le chapeau à Gbagbo. Que ceux qui se font appeler Houphouétistes se ressaisissent. J’appelle tous les patriotes à se méfier de cet autre piège. Ce même piège, on nous l’avait tendu en 2004 en s’attaquant aux Européens, aux étrangers de la Cedeao pour accuser après les jeunes patriotes. Alors, que les vrais Ivoiriens comprennent que les étrangers ne sont pas nos cibles. Nous n’avons aucun combat à mener contre eux. Ce qui est plausible c’est que Nicolas Sarkozy a déclaré la guerre à la Côte d’Ivoire. C’est lui notre ennemi et nous, nous allons le combattre en tant que tel. Ses hommes de main que sont Blaise Compaoré du Burkina Faso, Abdoulaye Wade du Sénégal, Goodluck Jonathan du Nigeria… seront également combattus jusque dans leurs pays respectifs comme des ennemis de notre chère patrie. J’invite, par ailleurs, tous les étrangers qui vivent chez nous à s’impliquer davantage dans la résolution pacifique de notre crise. Parce que si notre pays brûle, ils seront eux aussi perdant comme nous. Mais je suis persuadé que nous allons nous en sortir. Parce qu’il n’y a pas de crise sans fin. Gardons espoir, la Côte d’Ivoire ne sombrera pas.

Un mot à l’endroit des Fds qui se battent vaillamment pour protéger les Ivoiriens et leurs Institutions…
Je leur tire mon chapeau. Je salue et félicite le Cema, le Général de Corps d’Armée Philippe Mangou et ses éléments qui se battent admirablement pour protéger les Ivoiriens. Je salue le Colonel Allah à San Pedro et le commandant du théâtre des opérations, Konan Boniface à Yamoussoukro ainsi que tous les Généraux qui viennent de réaffirmer leur loyauté au président Gbagbo. Je n’oublie pas tous les officiers, soldats et hommes de rang qui défendent nuit et jour la mère patrie. Je congratule tous les Fds qui sont sur le terrain. Ils ont tous le soutien de tout le peuple ivoirien. Je voudrais leur dire que le travail qu’ils font pour le peuple ivoirien n’est pas vain. Le peuple se souviendra d’eux pour toujours. Je voudrais leur dire que dans la vie, il y a des gens pour des missions précises sur terre. Notre génération, pour moi, a pour mission de libérer notre pays du joug colonial. Cela ne sera pas sans difficulté. Mais pour notre dignité et l’avenir de nos enfants, ce combat mérite d’être mené. Nous sommes dans la justice, donc Dieu est de notre côté. Le peuple se souviendra aussi de tous les lâches, de tous les peureux qui sont en leur sein. En s’attaquant à la Côte d’Ivoire, Sarkozy et ses amis savaient qu’ils allaient avoir une résistance farouche de la part de nos vaillantes Fds. Et elles continuent de le démontrer. Honneur à elles. Et que Dieu les protège.

Véronique Adjoumany
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