Quel Front populaire ivoirien (Fpi) après la crise post-électorale ? Tel était, dit-on, le thème autour duquel se sont récemment retrouvés, à Abidjan, des cadres du parti à la rose, en marge de la réunion du comité central du parti frontiste. C’est que, ces disciples de Laurent Gbagbo sont particulièrement préoccupés par la tournure que prend la crise post-électorale. Plus que les 800 morts comptabilisés par le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), dans les violences qui émaillent depuis début décembre, le bras de fer post-électoral, c’est l’avenir politique de ces cadres de l’ancien parti présidentiel qui était, entre autres, au centre du conclave qui s’est déroulé à huis clos, loin des oreilles indiscrètes. Avec la tournure que prend l’impasse politique ivoirienne, ces héritiers politiques de Laurent Gbagbo craignent de devoir prendre leur retraite politique en même temps que leur champion, du fait de la menace de disparition qui guette le parti. Toute chose qui explique la distance que certains avaient commencé à prendre lorsque le bras de fer entre le nouveau président, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, a commencé à se durcir. La rumeur a bien voulu inscrire sur la liste de ces cadres, Mamadou Koulibaly, vice-président du parti ainsi que Michel Amani N’Guessan, Paul Antoine Bohoun Bouabré, deux anciens ministres et l’inspecteur d’Etat, Aboudramane Sangaré. Ce qui guide la démarche de ces ‘’refondateurs’’ soucieux, hier, comme aujourd’hui, de se démarquer des faucons, c’est le bâton que brandit la communauté internationale, menaçant de déférer devant les tribunaux de La Haye, les auteurs, co-auteurs de violations graves des droits de l’Homme. C’est donc pour ne pas avoir à se retrouver dans le box des accusés devant la juridiction de Luis Moreno Ocampo que ces dignitaires du Fpi sont passés du silence, à un activisme sournois, espérant ainsi convaincre l’aile dure de leur famille politique, incarnée par Laurent Gbagbo, son épouse, Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé et autres Kadet Bertin, d’abandonner le bras de fer. S’ils parviennent à infléchir la position des va-t-en-guerre du clan, ces cadres réussiront par ricochet à sauver leur avenir politique, menacé par le sabordage qui guette le Fpi. Et, cet avenir commence déjà par les élections locales qui devraient avoir lieu dès que la crise post-électorale se sera estompée. Le succès escompté à ces consultations, dépendra du virage qu’ils sont en train de négocier. C’est ce même challenge qui, selon des indiscrétions, trouble le sommeil des prétendants à la direction de l’ancien parti présidentiel. Hier, menacés par l’ouverture du Fpi aux partis satellites, ces cadres entendent, une fois de plus jouer serré pour ne pas faire pâle figure devant les cadres du Rhdp. La cohésion affichée par le clan n’est donc que de façade.
Marc Dossa
Marc Dossa