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Société Publié le mercredi 23 mars 2011 | Nord-Sud

Exactions à Abidjan - La cité des Antilopes envahie par les déplacés

Daloa, la cité des Antilopes, ressemble depuis quelques jours à un camp de réfugiés. Les Abidjanais, fuyant les boucheries perpétrées sur les populations par les chiens de guerre de Laurent Gbagbo, y ont débarqué en grand nombre. De jour comme de nuit, la gare routière grouille de monde. Il ne passe pas de jour sans qu’un résident n’accueille des parents en provenance de la capitale économique. A écouter les nombreux voyageurs, fuir d’Abidjan est un autre calvaire.
Il est 7h 30 heures, ce mardi 22 mars. La vieille Tra Bi Suzane, couchée sur un long banc à la gare Massa attire la curiosité. Le profond sommeil dans lequel elle est plongée traduit toute la fatigue du voyage nocturne. A ses côtés, ses deux petites-filles et son petit-fils très fatigués et affamés, présentant l’aspect d’enfants malades. Ils pleurent au milieu des nombreux bagages. Dame Cécile, la mère des enfants, la tête entre les deux mains, explique leur misère : « Cette vieille est la mère de mon époux. Nous fuyons les tueries d’Abobo. A la demande de mon mari, nous allons dans son village, dans le département de Vavoua. Lui-même a trouvé refuge chez un parent à Treichville ». Pour arriver à Daloa, elles ont dû débourser 44.000 francs comme frais de transport dont 36.000 pour 3 places, à raison de 12.000 francs par place et 8.000 pour leurs bagages. Méité Vaflahi, agent d’Anader à la retraite, rentré d’Abidjan la veille, affirme avoir accueilli plusieurs parents en détresse. Si Daloa est à la fois une escale et un refuge. Comme Méité, beaucoup d’habitants hébergent des déplacés. La situation est plus compliquée pour M. Droh, sa femme et leur fille de 3 ans, en partance pour Guiglo, à l’Ouest. Les derniers affrontements qui ont été sanctionnés par l’avancée des Forces républicaines vers cette ville suscitent des inquiétudes chez cette famille. Ainsi, le chef de famille a rencontré à la gare de Daloa, son oncle fuyant Guiglo pour aller s’abriter à Yamoussoukro. Pour ce dernier, la prise de Guiglo est imminente par les Forces républicaines, après leur conquête des villes de Zouhan-Hounien, Bin-houen, Toulepleu, et Doké. M. Droh a finalement opté pour Man, plus sécurisée selon sa petite sœur. Il faut noter que dans la précipitation, certains voyageurs se retrouvent à une autre destination. C’est le cas de Mlle Emilienne, qui voulait se rendre à Méagui et s’est retrouvée dans un véhicule de Daloa. Pour elle, l’essentiel était de se trouver hors d’Abidjan. Peu importe d’avoir dépensé 14.000 francs entre Abidjan et Daloa.
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Bayo Fatim à Daloa
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