Y a-t-il encore dans ce pays, un couloir humanitaire pour dialoguer ? Y a-t-il des gens, dans ce pays, pour emprunter ce couloir et instaurer le dialogue entre les deux parties belligérantes ? Nous croyons que si. La fin de la semaine dernière, Lucien Tapé Mambo, patron d’un groupe d’ONG exerçant en Côte d’Ivoire, a dit devant la presse, qu’il y a encore une voie et une possibilité de dialoguer pour ramener la paix dans notre pays. Il a dit que son mouvement travaille à ça mais il a surtout insisté sur le fait qu’il suffit aujourd’hui qu’il y ait un coup de fil entre les deux leaders pour que tout se décante. La question, légitime, que l’on se pose alors est de savoir pourquoi ce coup de fil n’arrive pas. Il y a pourtant des hommes et des femmes de ce pays qui peuvent travailler à ce que ce coup de fil qui peut guérir la nation entière retentisse. S’il est vrai que ces gens-là font ce qu’ils peuvent pour instaurer ce dialogue, on ne comprend pas cependant leur méthode de travail qui nous paraît lent et somme toute inefficace. Devant la dégradation avancée du tissu socio-économique du pays, devant les drames que vivent les populations, il n’y a aujourd’hui que le dialogue inter-Ivoirien qui peut relever le pays. Nous n’avons pas le droit d’enfoncer notre pays dans l’abîme. Nous devons plutôt tout mettre en œuvre pour qu’il ne tombe pas. C’est clair que la guerre ne peut résoudre aucun problème. On le voit d’ailleurs à travers les assassinats et les déplacements des populations qui ne font que faire régresser notre pays. Qu’attendons-nous pour commencer le dialogue, l’arme des plus forts ? Où sont les sages de ce pays que sont les Camille Aliali, Léon Konan Koffi, Séri Gnoléba, Emile Kéï Boguinard, Amoakon Edjampan et les autres ? N’est-ce pas à eux que le Vieux a laissé l’héritage commun ? Pourquoi nous donnent-ils le sentiment de se réjouir de ce qui arrive à notre pays ? Qu’est-ce qui les empêche de prendre sur eux de braver tous les obstacles pour faire asseoir à la même table, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ? Et les religieux, où se cachent-ils ? Pourquoi ces hommes de paix par excellence se taisent-ils devant les barbaries auxquelles les Ivoiriens sont confrontés ? Pourquoi ne mettent-ils pas de côté leur égo pour s’humilier en acceptant toutes les critiques et au bout du compte restaurer la paix dans ce pays ? Les entourages de Gbagbo et Ouattara ont la chance de se connaître, d’échanger souvent et de se fréquenter. Pourquoi ne créent-ils pas un comité restreint pour trouver une plate-forme de discussion entre leurs deux leaders ? En toute chose, il faut savoir raison garder, dit l’adage. Au lieu de monter en épingle tous les petits faits d’ici et d’ailleurs pour passer pour un fidèle auprès de leurs patrons, ne gagneraient-ils pas à mettre balle à terre ? Si la Côte d’Ivoire qui est en train de s’affaisser s’embrase demain après nos différents appels à la guerre, tous ceux qui nous poussent dans le dos vont disparaître un à un pour se mettre à l’abri et ne revenir que lorsque nous aurons fini de détruire totalement notre bien commun, la Côte d’Ivoire. Ils ne sont pas prêts à mourir à notre place. Au lieu d’attendre que le pays soit complètement défiguré avant de s’asseoir à la table de négociations, ne serait-il pas arrivé le temps de commencer ces négociations pour préserver ce qui reste de notre pays ? Il est toujours mieux que les solutions à une crise comme celle que nous connaissons proviennent de nos entrailles parce qu’elles seront des solutions adaptées à notre environnement et tenant compte de nos émotions. Alors recourons ici et maintenant au dialogue !g Abdoulaye Villard Sanogo
Politique Publié le mercredi 23 mars 2011 | Notre Voie
Règlement de la crise Quand le recours au dialogue s’impose
© Notre Voiejean Ping de l`UA à Abidjan avec un “message“ pour Gbagbo et Ouattara