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Politique Publié le vendredi 25 mars 2011 | Le Patriote

Rébellion politique de Gbagbo - La guerre plonge la Côte d`Ivoire dans une crise sanitaire

© Le Patriote
Insécurité : Des familles fuient Abobo pour d`autres refuges.
Jour après jour, le système sanitaire de la Côte d`Ivoire se délite sous les coups de la crise politique. De nombreux centres médicaux ont fermé leur porte dans le Nord, l`Ouest, mais aussi dans la capitale économique, Abidjan.
D`après le ministère de la santé, resté fidèle au président sortant Laurent Gbagbo, six structures publiques des quartiers d`Adjamé et d`Abobo ne sont plus fonctionnelles, du fait de la guerre civile. Il reste, par exemple, à Abobo un seul hôpital pour soigner plusieurs centaines de milliers d`habitants.
Quand ils fonctionnent encore, les centres de soins doivent faire face à la rareté des médicaments. Certains parlent déjà de pénurie d`antirétroviraux pour les personnes atteintes du VIH-sida ou de consommables pour les victimes d`insuffisances rénales, dont 22 seraient décédés par suite de l`absence de traitement.
Une possible pénurie générale de médicaments à partir d`avril
« L`accès au médicament est le problème de la Côte d`Ivoire le plus grave à l`heure actuelle sur le plan sanitaire, rapporte Mégo Terzian, responsable des urgences à Médecins sans frontières. Le directeur général de la santé craint une pénurie générale à partir du mois d`avril 2011. »
Le système public d`approvisionnement pharmaceutique, déjà chaotique avant la crise, s`est effondré après la fermeture des guichets des banques internationales. L`interruption des transactions financières empêche en effet la pharmacie centrale de commander de nouveaux stocks auprès de ses fournisseurs étrangers.
Même si la Côte d`Ivoire parvenait à effectuer une commande, la cargaison risquerait d`être bloquée dans les ports, dont l`activité demeure suspendue depuis l`instauration de l`embargo international. « Le matériel que nous acheminons par voie aérienne est très loin de satisfaire les besoins du pays », rapporte Mégo Terzian.


Les combats, qui se sont considérablement renforcés ces deux dernières semaines, freinent aussi l`accès des secours aux familles déplacées. D`après les Nations unies, 500 000 Ivoiriens ont fui leur maison depuis le déclenchement de la crise politique, en novembre 2010.
Le mouvement d`exode s`est brutalement accéléré depuis lundi 21 mars. La plupart quittent les faubourgs du nord d`Abidjan, notamment Abobo et Adjamé. Les uns gagnent des quartiers d`Abidjan plus ou moins épargnés par la violence, d`autres se réfugient dans les villes de la province.
Les plus démunis viennent gonfler la vingtaine de sites d`accueil improvisés que compte la métropole ivoirienne. « Quand ils n`ont pas d`endroits où se réfugier, les civils se dirigent vers les paroisses ou les mosquées », observe Jean Djoman, directeur du développement de la Caritas Côte d`Ivoire, partenaire du Secours catholique.
Les campagnes redoutent un épuisement précoce des récoltes
Il s`agit de femmes et d`enfants à 70 %. Beaucoup manquent de couvertures, de matériels de cuisine. Les ONG s`efforcent de les approvisionner. Mais pour tous, c`est la « mort subite » - ce qui signifie chez les Ivoiriens le fait de se nourrir d`un unique repas par jour.
La hausse brutale des prix sur les marchés d`Abidjan, conjuguée avec les difficultés d`approvisionnement, a contraint la population à réduire sa consommation alimentaire en qualité comme en quantité. Dans l`ouest du pays, plusieurs cas sévères de malnutrition ont même été détectés.
« De nombreuses familles qui ont accueilli des déplacés ont dû consommer une partie de leurs semences, observe Yann Dutertre, chef de mission d`Action contre la faim. D`autres ont vu leurs stocks pillés lors des exactions. » Dans les campagnes ivoiriennes, on redoute déjà l`épuisement des greniers avant la prochaine récolte.

(La Croix.com)
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