Les fins de mois habituellement difficiles sont devenues catastrophiques pour les fonctionnaires et agents de l’Etat.
L’absentéisme de ces derniers jours au Plateau n’est pas dû qu’à la grande psychose de guerre civile qui plane sur la ville d’Abidjan. Selon plusieurs témoignages de fonctionnaires, nombre de leurs collègues ne viennent plus au service parce qu’ils n’ont plus les moyens de se déplacer. D’ordinaire, pour diverses raisons, certains salariés n’ont plus le moindre centime à cette période du mois. Pour atteindre le prochain salaire, quelques-uns demandent des prêts à des proches. Certains ont recours à des découverts bancaires. D’autres se tournent vers les usuriers. Aujourd’hui, ces palliatifs n’existent presque plus. Les banques sont fermées. Peu d’usuriers sont enclins à faire crédit à un salarié de l’Etat. Le système bancaire fabriqué par le clan Gbagbo est trop volatile. D’ailleurs, les ‘’margouillats’’ sont plus préoccupés par le recouvrement de leurs anciennes dettes. Ils recherchent désespérément les débiteurs orientés vers de nouvelles banques. A cause de la pauvreté généralisée, il est difficile d’obtenir un prêt dans son entourage. Même quand on a encore un peu d’argent, la tendance est désormais à la prudence à la parcimonie. Voilà comment certains salariés ne peuvent plus emprunter leur taxi (wôrô-wôrô) ou leur mini-car (Gbaka) habituel pour se rendre au travail. Quel que soit le quartier, l’aller-retour quotidien revient à au moins 1.000 Fcfa. C’est beaucoup dans le contexte actuel. Dans la majorité des cas, les salaires ont été réduits par les ponctions destinées, dit-on, aux frais d’ouverture de nouveaux comptes. Si les gros salariés peuvent s’en sortir avec le résiduel versé, ce n’est pas le cas pour les moyens ou les petits. Or, ceux-là sont les plus nombreux à habiter les quartiers lourdement touchés par les affrontements militaires de ces dernières semaines. Beaucoup ont dû trouver de nouveaux gîtes à leurs familles. Ce sont des dépenses. En outre, qu’on soit resté sur place ou qu’on ait changé de quartier, il faut faire face à la cherté de la vie devenue intenable pour les bourses moyennes. Tous les prix ont encore grimpé. Le litre d’huile de table est passé de 800 Fcfa à 1.400 F. Le kilogramme de sucre dépasse les 1.000 F dans certaines boutiques, et celui de la viande coûte en moyenne 2.000 F. Cette tendance haussière touche aussi les tarifs du transport inter-urbain. En somme, la conjoncture est de nature à ruiner les chefs de familles les plus rigoureux. Surtout quand l’on a dû accueillir des parents déplacés.
Les fonctionnaires de l’intérieur du pays ne sont pas mieux lotis. Après avoir payé cher le déplacement pour percevoir des salaires ponctionnés, ils sont presque confrontés aux mêmes difficultés quotidiennes que ceux d’Abidjan. Pis, là-bas, quelques uns ont volé au secours de leurs collègues n’ayant pu remplir les formalités pour toucher leur salaire de février, ou n’ayant pu se déplacer pour des raisons de sécurité. Ce sont les mêmes salariés qui reçoivent en ce moment des déplacés arrivant d’Abidjan. Ce sont encore eux qui doivent trouver les ressources pour aller à la conquête du prochain salaire. Si et seulement si ...
Cissé Sindou
L’absentéisme de ces derniers jours au Plateau n’est pas dû qu’à la grande psychose de guerre civile qui plane sur la ville d’Abidjan. Selon plusieurs témoignages de fonctionnaires, nombre de leurs collègues ne viennent plus au service parce qu’ils n’ont plus les moyens de se déplacer. D’ordinaire, pour diverses raisons, certains salariés n’ont plus le moindre centime à cette période du mois. Pour atteindre le prochain salaire, quelques-uns demandent des prêts à des proches. Certains ont recours à des découverts bancaires. D’autres se tournent vers les usuriers. Aujourd’hui, ces palliatifs n’existent presque plus. Les banques sont fermées. Peu d’usuriers sont enclins à faire crédit à un salarié de l’Etat. Le système bancaire fabriqué par le clan Gbagbo est trop volatile. D’ailleurs, les ‘’margouillats’’ sont plus préoccupés par le recouvrement de leurs anciennes dettes. Ils recherchent désespérément les débiteurs orientés vers de nouvelles banques. A cause de la pauvreté généralisée, il est difficile d’obtenir un prêt dans son entourage. Même quand on a encore un peu d’argent, la tendance est désormais à la prudence à la parcimonie. Voilà comment certains salariés ne peuvent plus emprunter leur taxi (wôrô-wôrô) ou leur mini-car (Gbaka) habituel pour se rendre au travail. Quel que soit le quartier, l’aller-retour quotidien revient à au moins 1.000 Fcfa. C’est beaucoup dans le contexte actuel. Dans la majorité des cas, les salaires ont été réduits par les ponctions destinées, dit-on, aux frais d’ouverture de nouveaux comptes. Si les gros salariés peuvent s’en sortir avec le résiduel versé, ce n’est pas le cas pour les moyens ou les petits. Or, ceux-là sont les plus nombreux à habiter les quartiers lourdement touchés par les affrontements militaires de ces dernières semaines. Beaucoup ont dû trouver de nouveaux gîtes à leurs familles. Ce sont des dépenses. En outre, qu’on soit resté sur place ou qu’on ait changé de quartier, il faut faire face à la cherté de la vie devenue intenable pour les bourses moyennes. Tous les prix ont encore grimpé. Le litre d’huile de table est passé de 800 Fcfa à 1.400 F. Le kilogramme de sucre dépasse les 1.000 F dans certaines boutiques, et celui de la viande coûte en moyenne 2.000 F. Cette tendance haussière touche aussi les tarifs du transport inter-urbain. En somme, la conjoncture est de nature à ruiner les chefs de familles les plus rigoureux. Surtout quand l’on a dû accueillir des parents déplacés.
Les fonctionnaires de l’intérieur du pays ne sont pas mieux lotis. Après avoir payé cher le déplacement pour percevoir des salaires ponctionnés, ils sont presque confrontés aux mêmes difficultés quotidiennes que ceux d’Abidjan. Pis, là-bas, quelques uns ont volé au secours de leurs collègues n’ayant pu remplir les formalités pour toucher leur salaire de février, ou n’ayant pu se déplacer pour des raisons de sécurité. Ce sont les mêmes salariés qui reçoivent en ce moment des déplacés arrivant d’Abidjan. Ce sont encore eux qui doivent trouver les ressources pour aller à la conquête du prochain salaire. Si et seulement si ...
Cissé Sindou