Je suis toujours autant amusé quand je vois le torse de Blé Goudé prendre ce volume immodéré – comme la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf – au sortir de chaque appel à la mobilisation de ses jeunes patriotes. « Mobilisation extraordinaire », « démonstration de force », « marrée humaine », etc. sont les superlatifs qui barrent invariablement les manchettes des journaux bleus au lendemain de chaque meeting du célèbre émeutier. Cela pour traduire une certaine primauté sociologique des partisans de Laurent Gbagbo sur celle de son adversaire, le président élu Alassane Ouattara.
Mais la question que je me pose presque toujours, c’est bien celle de savoir contre qui – ou au bénéfice de qui, c’est selon – se fait cette mobilisation. Surtout au moment où les élections sont finies et que le verdict définitif des urnes est connu de la planète entière. Quel est l’intérêt pour Gbagbo de cette « démonstration de force » quand elle ne peut plus influencer le verdict des urnes » ?
Mais il y a mieux. Est-ce que cette mobilisation est l’apanage de Blé Goudé et ses jeunes patriotes ? Est-ce qu’il leur arrive de se poser la question de savoir si les partisans de Ouattara sont capables de mobiliser autant sinon plus qu’eux, pour peu qu’ils soient dans les mêmes conditions d’encadrement ? Autrement dit, Blé Goudé réfléchit-il un petit peu sur ce que serait ses appels à la mobilisation si des escouades de forces de l’ordre (avec Kalaches, blindés, lance-roquettes, obus de mortier), au lieu de les encadrer, s’abattaient sur les jeunes patriotes avant même qu’ils ne sortent de leurs maisons ? Est-ce que la place de la République serait ce qu’elle a été ce week-end, c’est-à-dire noire de monde avec tous les apparatchiks de LMP, qui ont même dormi à la belle étoile au Plateau, si des crépitements de roquette déchiraient l’air dans le quartier des affaires de notre capitale économique ?
La mobilisation, on le voit donc, a deux visages : celui du poussin choyé, protégé, couvé par la mère poule, ici la force publique, et le visage du cafard et autre bestiole qu’il faut coute que coute écraser dès qu’il sort la tête. Mobiliser dans un cocon doré et le faire dans une cage aux serpents, vous en convenez, ce n’est pas la même chose.
Quand une population civile, donc aux mains nues, est quotidiennement attaquée à l’arme de guerre dans son quartier (Abobo) et qu’elle s’organise, se mobilise, pour faire mordre la poussière à toute une armée nationale, n’est-ce pas cela la vraie mobilisation ?
Ameuter une horde de jeunes désœuvrés, les entasser à la place de la république, les faire danser, chanter aux sons de décibels, leur promettre des kalaches là où ils réclament un petit boulot, voire même un morceau de pain, cela s’appelle de l’esclavage. Ce n’est pas de la mobilisation
Koré Emmanuel
Mais la question que je me pose presque toujours, c’est bien celle de savoir contre qui – ou au bénéfice de qui, c’est selon – se fait cette mobilisation. Surtout au moment où les élections sont finies et que le verdict définitif des urnes est connu de la planète entière. Quel est l’intérêt pour Gbagbo de cette « démonstration de force » quand elle ne peut plus influencer le verdict des urnes » ?
Mais il y a mieux. Est-ce que cette mobilisation est l’apanage de Blé Goudé et ses jeunes patriotes ? Est-ce qu’il leur arrive de se poser la question de savoir si les partisans de Ouattara sont capables de mobiliser autant sinon plus qu’eux, pour peu qu’ils soient dans les mêmes conditions d’encadrement ? Autrement dit, Blé Goudé réfléchit-il un petit peu sur ce que serait ses appels à la mobilisation si des escouades de forces de l’ordre (avec Kalaches, blindés, lance-roquettes, obus de mortier), au lieu de les encadrer, s’abattaient sur les jeunes patriotes avant même qu’ils ne sortent de leurs maisons ? Est-ce que la place de la République serait ce qu’elle a été ce week-end, c’est-à-dire noire de monde avec tous les apparatchiks de LMP, qui ont même dormi à la belle étoile au Plateau, si des crépitements de roquette déchiraient l’air dans le quartier des affaires de notre capitale économique ?
La mobilisation, on le voit donc, a deux visages : celui du poussin choyé, protégé, couvé par la mère poule, ici la force publique, et le visage du cafard et autre bestiole qu’il faut coute que coute écraser dès qu’il sort la tête. Mobiliser dans un cocon doré et le faire dans une cage aux serpents, vous en convenez, ce n’est pas la même chose.
Quand une population civile, donc aux mains nues, est quotidiennement attaquée à l’arme de guerre dans son quartier (Abobo) et qu’elle s’organise, se mobilise, pour faire mordre la poussière à toute une armée nationale, n’est-ce pas cela la vraie mobilisation ?
Ameuter une horde de jeunes désœuvrés, les entasser à la place de la république, les faire danser, chanter aux sons de décibels, leur promettre des kalaches là où ils réclament un petit boulot, voire même un morceau de pain, cela s’appelle de l’esclavage. Ce n’est pas de la mobilisation
Koré Emmanuel
