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Politique Publié le jeudi 31 mars 2011 | Reuters

Le Nord ivoirien veut croire à un retrait de Gbagbo

Dans les villes du nord de la Côte d'Ivoire acquises à Alassane Ouattara, on suit la progression de ses forces militaires avec un mélange de jubilation et d'incrédulité.

"Ils nous ont promis que (Laurent) Gbagbo serait parti à la fin de la semaine", déclare Viviane Soro, serveuse de bar âgée de 25 ans, au sujet du président ivoirien sortant. Un poste de télévision diffuse en permanence la chaîne pro-Ouattara TCI.

"Gbagbo a demandé un cessez-le-feu. Mais franchement, à quoi bon accepter cela maintenant ?", fait valoir Soro, qui travaille à Ferkessédougou, ville-marché située à 40 km de la frontière nord du pays, en citant les succès militaires des pro-Ouattara.

Quatre mois après un scrutin présidentiel dont l'issue a placé la Côte d'Ivoire au bord d'une nouvelle guerre civile, les forces du Nord soutenant Ouattara ont engagé lundi une offensive tous azimuts contre le Sud contrôlé par le camp Gbagbo.

Depuis, les villes tombent une par une aux mains des Forces républicaines (FRCI) de Ouattara, tandis que l'armée régulière appuyant Gbagbo prend la fuite ou se rallie à leurs côtés.

Les FRCI, dont les moyens militaires ne sont pas connus avec précision, contrôlent à présent Yamoussoukro, la capitale administrative, San Pedro, le port d'exportation du cacao, et cernent Abidjan où siège le gouvernement de Gbagbo.

En votant pour Ouattara, les habitants du Nord comme Viviane Soro pensaient pouvoir mettre fin à des années de domination exercée sur le pays par une élite basée dans le Sud, qui a longtemps mis en doute leur nationalité en leur refusant une citoyenneté à part entière.

Quand les résultats électoraux validés par l'Onu ont fait apparaître Ouattara en vainqueur, ils ont cru leur moment venu. Mais quelques jours après, un Conseil constitutionnel présidé par un proche de Gbagbo donnait la victoire à ce dernier après avoir dénoncé des fraudes et invalidé des centaines de milliers de bulletins de vote.

RÉCONCILIATION DIFFICILE

"Je ne sais pas si ce sera mieux avec Ouattara. Mais après dix ans de Gbagbo, nous devons au moins lui donner une chance", déclare Assita Sanoga, marchande ambulante de 31 ans qui s'était installée dans le quartier abidjanais d'Abobo, favorable à Ouattara, mais l'a quitté lundi pour le Nord en raison de la montée de la violence dans la capitale économique ivoirienne.

Ouattara a affirmé jeudi que ses partisans étaient "aux portes" d'Abidjan et il a engagé les derniers partisans de Gbagbo à se rallier à lui pour éviter de nouvelles effusions de sang. La veille, son camp avait mis Gbagbo en demeure de céder le pouvoir rapidement et pacifiquement.

Un tel dénouement pourrait ouvrir la voie au type de solution que propose l'Union africaine, à savoir la mise en place d'un gouvernement d'union dirigé par les alliés de Ouattara mais comprenant quelques proches de Gbagbo.

Toutefois, l'amertume exprimée à Ferkessédougou par Assita Sanoga et d'autres personnes fait penser qu'il leur sera difficile d'accepter le degré de réconciliation politique nécessaire pour une telle coalition ou pour une paix durable, estiment la plupart des analystes.

Sanoga raconte qu'une membre de sa famille a été tuée par des éléments pro-Gbagbo armés lors d'une manifestation pacifique organisée par des femmes début mars, attaque démentie par le camp Gbagbo.

Puis elle montre un téléphone mobile avec l'image d'un homme mort, la gorge tranchée et le corps couvert de coups de machette. Ces images ont été prises à Abidjan il y a quelques jours et montrent un homme du Nord lynché dans la rue pour s'être rallié au camp Gbagbo, dit-elle.

D'autres font valoir, en se référant à des crimes censés avoir été commis par les autorités, que les choses sont allées trop loin pour que Gbagbo ait droit à une offre d'amnistie comme celle qu'envisage l'UA. "On ne peut pas laisser (Gbagbo) s'en aller comme ça", estime un marchand ambulant du nom de Raoul.
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