ABIDJAN - Le président ivoirien internationalement reconnu Alassane Ouattara était vendredi confronté au défi majeur du rétablissement de la sécurité en Côte d`Ivoire, particulièrement à Abidjan où le sortant Laurent Gbagbo restait reclus dans la résidence présidentielle.
Dans l`ouest du pays désormais aux mains des forces fidèles à Ouattara, des
enquêteurs de l`ONU ont découvert plus de 100 corps ces dernières 24 heures.
"Plus de cent corps ont été trouvés ces dernières 24 heures dans trois
endroits dans l`ouest", Duékoué, Bloléquin et Guiglo, a déclaré à Genève un
porte-parole du Haut commissariat aux droits de l`homme, précisant que ces
meurtres semblaient avoir eu des mobiles "ethniques".
"Il y a eu une escalade ces deux dernières semaines", a relevé Rupert
Colville, avertissant qu`il fallait être "prudent au moment d`assigner des
responsabilités".
Dans sa première allocution télévisée depuis l`aggravation de la crise
post-électorale des dernières semaines Alassane Ouattara a promis jeudi soir
que "la lumière sera faite sur tous les massacres" et que leurs auteurs
"seront sanctionnés".
A Abidjan, la situation était calme vendredi matin autour du palais
présidentiel et près de la résidence présidentielle. "On entend seulement de
temps en temps quelques rafales d`armes individuelles mais rien qui ressemble
à des combats", a rapporté un habitant de Cocody (nord) où se trouve la
résidence présidentielle.
Alassane Ouattara a annoncé jeudi qu`un blocus avait été établi autour du
périmètre de la résidence où Laurent Gbagbo est retranché "avec armes lourdes
et mercenaires".
Vendredi matin, une habitante résidant près du palais présidentiel, dans le
quartier du Plateau, dans le centre d`Abidjan, a dit ne pas avoir entendu de
tirs. "C`est calme, mais le problème d`eau persiste. J`ai envoyé mes filles
chercher de l`eau dans un bâtiment encore approvisionné, ça devient de jour en
jour de plus en plus compliqué", a déclaré cette femme.
Après l`impasse politique née de l`élection présidentielle du 28 novembre
et l`enlisement militaire, Abidjan, livrée aux pillards, est confrontée à
l`urgence humanitaire: le système de santé s`est effondré, l`eau et
l`électricité sont souvent coupées et les réserves de nourriture s`amenuisent.
Alassane Ouattara a demandé aux responsables de ses forces "de prendre
toutes les dispositions pour assurer le maintien de l`ordre et la sécurité des
biens", ainsi que la liberté de mouvement dans le pays.
Annonçant un prochain allègement du couvre-feu en vue de permettre un
"retour progressif à la normalité", il a aussi appelé son peuple à l`unité
afin de relancer la reconstruction du pays et à la "reprise de l`activité
économique".
"J`ai demandé que les sanctions de l`Union européenne sur le port d`Abidjan
et San Pedro et sur certaines entités publiques du fait du régime illégitime
de Laurent Gbagbo soient levées", a-t-il dit.
L`Union européenne impose un embargo sur les deux ports pour faire pression
sur Laurent Gbagbo. Celui de San Pedro (sud-ouest) est le premier port
d`exportation de cacao au monde.
"Nous avons reçu une demande du président Ouattara visant à retirer
certaines entités de la liste des sanctions" de l`UE, a indiqué vendredi à
l`AFP le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton,
Michael Mann. "Nous espérons être bientôt en mesure de commencer à assouplir
les sanctions", a-t-il ajouté.
Selon une source diplomatique, les pays européens travaillent aussi à la
levée de sanctions pesant sur des entreprises impliquées dans l`exportation de
cacao. Une décision pourrait être prise mardi à l`occasion d`une réunion des
ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg.
Les agences de l`ONU ont demandé l`ouverture de couloirs humanitaires dans
le pays pour venir en aide aux victimes qui fuient les violences.
Elles ont aussi indiqué avoir distribué des vivres pour six jours à Duékoué
où des milliers de personnes sont notamment réfugiées dans une mission
catholique. Quelque 30.000 personnes, restées parfois des jours sans manger,
s`y entassaient, fuyant les violences dans cette ville, prise le 29 mars par
les forces d`Alassane Ouattara.
"Nous n`avons pas mangé depuis deux jours. Mes enfants sont de plus en plus
faibles", a témoigné Anaï Alphonsine, 50 ans, sous un abri en toile plastique
dans une chaleur suffocante, près d`enfants aux ventres ballonnés et aux yeux
creusés.
Par Thomas MORFIN
Dans l`ouest du pays désormais aux mains des forces fidèles à Ouattara, des
enquêteurs de l`ONU ont découvert plus de 100 corps ces dernières 24 heures.
"Plus de cent corps ont été trouvés ces dernières 24 heures dans trois
endroits dans l`ouest", Duékoué, Bloléquin et Guiglo, a déclaré à Genève un
porte-parole du Haut commissariat aux droits de l`homme, précisant que ces
meurtres semblaient avoir eu des mobiles "ethniques".
"Il y a eu une escalade ces deux dernières semaines", a relevé Rupert
Colville, avertissant qu`il fallait être "prudent au moment d`assigner des
responsabilités".
Dans sa première allocution télévisée depuis l`aggravation de la crise
post-électorale des dernières semaines Alassane Ouattara a promis jeudi soir
que "la lumière sera faite sur tous les massacres" et que leurs auteurs
"seront sanctionnés".
A Abidjan, la situation était calme vendredi matin autour du palais
présidentiel et près de la résidence présidentielle. "On entend seulement de
temps en temps quelques rafales d`armes individuelles mais rien qui ressemble
à des combats", a rapporté un habitant de Cocody (nord) où se trouve la
résidence présidentielle.
Alassane Ouattara a annoncé jeudi qu`un blocus avait été établi autour du
périmètre de la résidence où Laurent Gbagbo est retranché "avec armes lourdes
et mercenaires".
Vendredi matin, une habitante résidant près du palais présidentiel, dans le
quartier du Plateau, dans le centre d`Abidjan, a dit ne pas avoir entendu de
tirs. "C`est calme, mais le problème d`eau persiste. J`ai envoyé mes filles
chercher de l`eau dans un bâtiment encore approvisionné, ça devient de jour en
jour de plus en plus compliqué", a déclaré cette femme.
Après l`impasse politique née de l`élection présidentielle du 28 novembre
et l`enlisement militaire, Abidjan, livrée aux pillards, est confrontée à
l`urgence humanitaire: le système de santé s`est effondré, l`eau et
l`électricité sont souvent coupées et les réserves de nourriture s`amenuisent.
Alassane Ouattara a demandé aux responsables de ses forces "de prendre
toutes les dispositions pour assurer le maintien de l`ordre et la sécurité des
biens", ainsi que la liberté de mouvement dans le pays.
Annonçant un prochain allègement du couvre-feu en vue de permettre un
"retour progressif à la normalité", il a aussi appelé son peuple à l`unité
afin de relancer la reconstruction du pays et à la "reprise de l`activité
économique".
"J`ai demandé que les sanctions de l`Union européenne sur le port d`Abidjan
et San Pedro et sur certaines entités publiques du fait du régime illégitime
de Laurent Gbagbo soient levées", a-t-il dit.
L`Union européenne impose un embargo sur les deux ports pour faire pression
sur Laurent Gbagbo. Celui de San Pedro (sud-ouest) est le premier port
d`exportation de cacao au monde.
"Nous avons reçu une demande du président Ouattara visant à retirer
certaines entités de la liste des sanctions" de l`UE, a indiqué vendredi à
l`AFP le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton,
Michael Mann. "Nous espérons être bientôt en mesure de commencer à assouplir
les sanctions", a-t-il ajouté.
Selon une source diplomatique, les pays européens travaillent aussi à la
levée de sanctions pesant sur des entreprises impliquées dans l`exportation de
cacao. Une décision pourrait être prise mardi à l`occasion d`une réunion des
ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg.
Les agences de l`ONU ont demandé l`ouverture de couloirs humanitaires dans
le pays pour venir en aide aux victimes qui fuient les violences.
Elles ont aussi indiqué avoir distribué des vivres pour six jours à Duékoué
où des milliers de personnes sont notamment réfugiées dans une mission
catholique. Quelque 30.000 personnes, restées parfois des jours sans manger,
s`y entassaient, fuyant les violences dans cette ville, prise le 29 mars par
les forces d`Alassane Ouattara.
"Nous n`avons pas mangé depuis deux jours. Mes enfants sont de plus en plus
faibles", a témoigné Anaï Alphonsine, 50 ans, sous un abri en toile plastique
dans une chaleur suffocante, près d`enfants aux ventres ballonnés et aux yeux
creusés.
Par Thomas MORFIN