Laurent Gbagbo a donc été vaincu. Enfin ! C’est l’épilogue de la « révolution Orange » ou « révolution des Lagunes », lancée par le Premier ministre, Guillaume Soro à la mi-février. Les Ivoiriens se sont mobilisés à l’image des Egyptiens ou des Tunisiens, croyant avoir affaire à un régime qui aurait eu la sagesse de mesurer la profondeur de leurs tourments et la pertinence des mises en garde de la communauté internationale. Au lieu de l’acceptation de sa défaite, Laurent Gbagbo a servi pendant vingt longues et harassantes semaines, la mort et la désolation. Ici, des véhicules blindés qui tiraient, à bout portant, sur des femmes manifestant pacifiquement, là un engin militaire qui catapultait des lance-roquettes sur des jeunes. Ailleurs, ce sont des centaines d’obus qui ont été lancés, à l’aveuglette, sur des domiciles ou des marchés. Abidjan, la capitale économique, déjà divisée du fait des assauts du « commando invisible » qui a pris le contrôle de la commune d’Abobo pour mettre fin à la démence de certains officiers de la gendarmerie, n’était pas loin de s’apparenter à Mogadiscio. La fulgurante percée des Forces républicaines de Côte d’Ivoire, sous le commandement du ministre de la Défense, des villes de l’intérieur vers la capitale économique, a buté, pendant des jours sur l’armement lourd composé de blindés et de chars, utilisés contre les populations civiles prises comme bouclier humain. Il fallait prendre des décisions pour mettre fin à cette surenchère. Gbagbo a donc été neutralisé par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Une partie de l’opinion nationale et internationale plus encline à s’occuper des conséquences que des causes, disserte, à présent, sur le sexe des anges. Préférant chercher sur le théâtre des opérations, les traces d’imaginaires « forces spéciales françaises », pendant que, par dizaines, les Ivoiriens meurent.
En lançant des débats à polémique qui, sans aucun doute, vont occuper la presse internationale pendant encore de longues semaines, les hommes du clan Gbagbo croient pouvoir détourner, ainsi, l’opinion nationale sur le rôle néfaste de leur champion en Côte d’Ivoire depuis une décennie. Les leçons devraient pouvoir être tirées des dix années de gestion de la Refondation pour construire l’avenir. Qui aurait parié, en effet, un sou sur une sortie aussi déshonorante pour cet Historien, syndicaliste, qui s’était imposé comme une figure centrale de l`opposition au Président Félix Houphouët-Boigny ?
Opposant historique, Laurent Gbagbo avait eu l’occasion d’entrer dans l’histoire. Hélas, il n’y est pas parvenu. Du moins, s’est-il laissé piquer par ce virus authentiquement africain, qui vicie les hommes politiques du continent, dès qu’ils sont investis de la mission de conduire leur peuple, après avoir lutté des années pour la liberté. Laurent Gbagbo s’est installé en octobre 2000 dans le sang. Comme une malédiction, le charnier de Yopougon que lui et ses collaborateurs ont qualifié de « songe » et de « mensonge », l’a hanté durant cette décennie. Car, l’ancien chef de l’Etat n’a fait que réprimer sauvagement toutes les manifestations démocratiques de son opposition. Le décompte macabre ne devrait pas donner moins de 3500 personnes tuées depuis l’installation du régime de la Refondation. Il avait averti en ces termes, qui ont dû choquer les esprits sensibles : « mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j’avance ». En effet, s’il a eu la triste réputation de ne pas respecter ses engagements, l’ancien chef de l’Etat, s’est cette fois, conformé à sa philosophie en « avançant », malgré les morts qui jonchaient son parcours. Avec lui, c’était le règne de l’impunité. Les crimes économiques se sont poursuivis à un rythme effréné, devenant la règle. L’honnêteté, pour ainsi dire, était devenue l’exception.
En effet, Laurent Gbagbo qui vient d’être exclu de l’Internationale socialiste dont il ne partage plus les valeurs d’amour, de solidarité agissante, de liberté, a fait de la démocratie une utopie.
Au nom du pouvoir, de tout le pouvoir, Gbagbo s’est engagé dans une folle guerre contre la majorité des Ivoiriens soutenus par l’ensemble de la communauté internationale.
Cheik Hamidou Kane, disait, à propos de Laurent Gbagbo que cet « opposant de la première heure au pouvoir personnel d’Houphouët-Boigny et un partisan de l’unité africaine », n’a pas su « éviter d’instrumentaliser les appartenances ethniques des électeurs, ni su échapper à la tentation de s’accrocher au pouvoir malgré le verdict des urnes. Les ivoiriens, poursuit l’écrivain, comme les Guinéens, sont allés aux urnes dans la discipline et la paix. Ils ont résisté aux démons de l’instrumentalisation à des fins politiques, de leur appartenance ethnique ou religieuse, et cela, après des décennies pendant lesquelles ils ont été privés de la possibilité d’exprimer leurs choix. »
C’est le sombre tableau qui dépeint les raisons de la sortie avilissante d’un vrai faux héros que ses hagiographes s’évertuent à dépeindre comme un héraut de l’Afrique contemporaine. Il se voulait Lumumba, Gbagbo rejoint, tristement, Bokassa ou Taylor sur la liste des dictateurs africains. Sa Refondation qui s’écroule avec sa chute n’aura été, en fin de compte, qu’une parenthèse honteuse dans la jeune histoire de notre pays
PAR CHARLES SANGA
En lançant des débats à polémique qui, sans aucun doute, vont occuper la presse internationale pendant encore de longues semaines, les hommes du clan Gbagbo croient pouvoir détourner, ainsi, l’opinion nationale sur le rôle néfaste de leur champion en Côte d’Ivoire depuis une décennie. Les leçons devraient pouvoir être tirées des dix années de gestion de la Refondation pour construire l’avenir. Qui aurait parié, en effet, un sou sur une sortie aussi déshonorante pour cet Historien, syndicaliste, qui s’était imposé comme une figure centrale de l`opposition au Président Félix Houphouët-Boigny ?
Opposant historique, Laurent Gbagbo avait eu l’occasion d’entrer dans l’histoire. Hélas, il n’y est pas parvenu. Du moins, s’est-il laissé piquer par ce virus authentiquement africain, qui vicie les hommes politiques du continent, dès qu’ils sont investis de la mission de conduire leur peuple, après avoir lutté des années pour la liberté. Laurent Gbagbo s’est installé en octobre 2000 dans le sang. Comme une malédiction, le charnier de Yopougon que lui et ses collaborateurs ont qualifié de « songe » et de « mensonge », l’a hanté durant cette décennie. Car, l’ancien chef de l’Etat n’a fait que réprimer sauvagement toutes les manifestations démocratiques de son opposition. Le décompte macabre ne devrait pas donner moins de 3500 personnes tuées depuis l’installation du régime de la Refondation. Il avait averti en ces termes, qui ont dû choquer les esprits sensibles : « mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j’avance ». En effet, s’il a eu la triste réputation de ne pas respecter ses engagements, l’ancien chef de l’Etat, s’est cette fois, conformé à sa philosophie en « avançant », malgré les morts qui jonchaient son parcours. Avec lui, c’était le règne de l’impunité. Les crimes économiques se sont poursuivis à un rythme effréné, devenant la règle. L’honnêteté, pour ainsi dire, était devenue l’exception.
En effet, Laurent Gbagbo qui vient d’être exclu de l’Internationale socialiste dont il ne partage plus les valeurs d’amour, de solidarité agissante, de liberté, a fait de la démocratie une utopie.
Au nom du pouvoir, de tout le pouvoir, Gbagbo s’est engagé dans une folle guerre contre la majorité des Ivoiriens soutenus par l’ensemble de la communauté internationale.
Cheik Hamidou Kane, disait, à propos de Laurent Gbagbo que cet « opposant de la première heure au pouvoir personnel d’Houphouët-Boigny et un partisan de l’unité africaine », n’a pas su « éviter d’instrumentaliser les appartenances ethniques des électeurs, ni su échapper à la tentation de s’accrocher au pouvoir malgré le verdict des urnes. Les ivoiriens, poursuit l’écrivain, comme les Guinéens, sont allés aux urnes dans la discipline et la paix. Ils ont résisté aux démons de l’instrumentalisation à des fins politiques, de leur appartenance ethnique ou religieuse, et cela, après des décennies pendant lesquelles ils ont été privés de la possibilité d’exprimer leurs choix. »
C’est le sombre tableau qui dépeint les raisons de la sortie avilissante d’un vrai faux héros que ses hagiographes s’évertuent à dépeindre comme un héraut de l’Afrique contemporaine. Il se voulait Lumumba, Gbagbo rejoint, tristement, Bokassa ou Taylor sur la liste des dictateurs africains. Sa Refondation qui s’écroule avec sa chute n’aura été, en fin de compte, qu’une parenthèse honteuse dans la jeune histoire de notre pays
PAR CHARLES SANGA