Les images d’un Laurent Gbagbo en maillot de corps, les traits tirés, le regard hagard dans une chambre du Golf hôtel ont fait le tour du monde. Elles ont ému beaucoup de personnes qui ont, avouons-le, éprouvé de la pitié pour l’ex-chef d’Etat. Celui qu’on avait fini par appeler « Le boulanger d’Abidjan » pour sa déconcertante propension à rouler ses adversaires politiques dans la farine, était ainsi réduit à sa plus simple impression. Celle d’un citoyen ordinaire.
Ces premières images de l’arrestation de Laurent Gbagbo ont choqué bon nombre Ivoiriens, qui les trouvent humiliantes pour un ancien Chef d’Etat. En témoignent les réactions, parfois vives, sur la toile. Certains, sans doute, les plus émotifs, ont même failli couler des larmes. Du coup, le bourreau d’hier est subitement devenu une victime. Arrêtons de nous méprendre. Si Laurent Gbagbo en est là aujourd’hui, c’est qu’il l’a voulu. Et surtout mérité. La Bible ne dit-elle pas que « l’orgueil précède la chute » ?
Disons le tout net. C’est son orgueil démesuré qui a fait perdre Laurent Gbagbo. Depuis quatre mois, le monde entier n’a cessé de lui dire de se soumettre au verdict des urnes et de quitter pacifiquement le pourvoir. La Cedeao a dépêché trois chefs d’Etat le Béninois Yayi Boni, le Cap-verdien Pedro Pirès, et Sierra-Leonais Ernest Bai Koroma, en Côte d’Ivoire. Sans succès. L’Union Africaine a pris le relais en mandant auprès de Laurent Gbagbo, un panel de cinq d’Etats à savoir le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le Sud-africain Jacob Zuma, le Tanzanien Jikaya Kikwete, le Tchadien Idriss Déby Itno et le Burkinabé Blaise Compaoré, bien qu’il n’ait pas effectué le déplacement d’Abidjan suite aux manœuvres des proches de Gbagbo. Là encore, sans succès. Les présidents Sarkozy et Obama ont aussi appelé à la raison le chef des frontistes. Toujours sans succès. Barack Obama est même allé plus loin en proposant un exil doré à Laurent Gbagbo aux Etats-Unis, avec en toile de fond, un poste d’enseignant. L’Union Européenne, l’ONU et même le Vatican ont exhorté l’ancien président à céder le pouvoir au président légitimement élu, Alassane Ouattara. Rien n’y fit. Laurent Gbagbo est resté étrangement sourd à tous ces appels. Convaincu qu’il était de sa force militaire et aussi de ses pouvoirs mystiques, pour ne pas dire fétiches. L’homme a donc fait le dos rond, voulant coûte que coûte s’accrocher à un fauteuil présidentiel qu’il ne méritait pourtant plus.
Après quatre mois d’imposture, Laurent Gbagbo a fini par quitter le pouvoir, hélas par la fenêtre. Avec au bout, une grosse humiliation. Mais, la chute plus moins prévisible d’un dictateur en pleine dérive est anecdotique à côté du calvaire qu’il a fait subir à la Côte d’Ivoire et son peuple, dont le seul péché est d’avoir porté son choix sur Alassane Ouattara. De toute évidence, ces cinq mois de crise postélectorale ont été un gros gâchis pour la Côte d’Ivoire. Au moins 1000 vies ont été arrachées. Sans raison. Des hommes et des femmes ont été froidement exécutés. Des jeunes promis à un bel avenir ont été tués. Des femmes ont été souillées dans leur corps et bafouées dans leur dignité. Dans beaucoup de cas, ce n’était que des innocents. A ces pertes en vie humaine, s’ajoutent le vandalisme, les pillages et autres agressions. Des commerces entiers ont été dévastés. Des magasins, dévalisés. Des domiciles, entièrement pillés. Des sociétés complètement ruinées. Bref, la liste des dégâts est non exhaustive. On pourrait passer toute une journée à les égrener, sans faire le tour d’horizon.
La bataille d’Abidjan, ultime acte de cette sordide crise postélectorale imposée par Laurent Gbagbo, a été un vrai désastre pour les habitants de la capitale économique. Pris en deux feux, ils sont restés cloîtrés chez eux pendant douze jours, sans eau ni électricité pour certains, sans vivres pour d’autres. Redoutant certes les balles ou autres impacts d’obus, mais surtout la visite des pilleurs, ces bandes crapuleuses lourdement armées qui écument encore les domiciles.
La ville était quasiment au bord du chaos humanitaire. Jamais, de mémoire d’Ivoiriens, Abidjan n’avait vécu pareil calvaire. Et les Abidjanais ne sont pas près d’oublier ces moments terribles. Une souffrance inutile dont on se serait volontiers passé, si Laurent Gbagbo avait simplement reconnu sa défaite électorale. Finalement, on a le sentiment d’avoir perdu cinq mois pour rien. Quel gâchis !
Y. Sangaré
Ces premières images de l’arrestation de Laurent Gbagbo ont choqué bon nombre Ivoiriens, qui les trouvent humiliantes pour un ancien Chef d’Etat. En témoignent les réactions, parfois vives, sur la toile. Certains, sans doute, les plus émotifs, ont même failli couler des larmes. Du coup, le bourreau d’hier est subitement devenu une victime. Arrêtons de nous méprendre. Si Laurent Gbagbo en est là aujourd’hui, c’est qu’il l’a voulu. Et surtout mérité. La Bible ne dit-elle pas que « l’orgueil précède la chute » ?
Disons le tout net. C’est son orgueil démesuré qui a fait perdre Laurent Gbagbo. Depuis quatre mois, le monde entier n’a cessé de lui dire de se soumettre au verdict des urnes et de quitter pacifiquement le pourvoir. La Cedeao a dépêché trois chefs d’Etat le Béninois Yayi Boni, le Cap-verdien Pedro Pirès, et Sierra-Leonais Ernest Bai Koroma, en Côte d’Ivoire. Sans succès. L’Union Africaine a pris le relais en mandant auprès de Laurent Gbagbo, un panel de cinq d’Etats à savoir le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le Sud-africain Jacob Zuma, le Tanzanien Jikaya Kikwete, le Tchadien Idriss Déby Itno et le Burkinabé Blaise Compaoré, bien qu’il n’ait pas effectué le déplacement d’Abidjan suite aux manœuvres des proches de Gbagbo. Là encore, sans succès. Les présidents Sarkozy et Obama ont aussi appelé à la raison le chef des frontistes. Toujours sans succès. Barack Obama est même allé plus loin en proposant un exil doré à Laurent Gbagbo aux Etats-Unis, avec en toile de fond, un poste d’enseignant. L’Union Européenne, l’ONU et même le Vatican ont exhorté l’ancien président à céder le pouvoir au président légitimement élu, Alassane Ouattara. Rien n’y fit. Laurent Gbagbo est resté étrangement sourd à tous ces appels. Convaincu qu’il était de sa force militaire et aussi de ses pouvoirs mystiques, pour ne pas dire fétiches. L’homme a donc fait le dos rond, voulant coûte que coûte s’accrocher à un fauteuil présidentiel qu’il ne méritait pourtant plus.
Après quatre mois d’imposture, Laurent Gbagbo a fini par quitter le pouvoir, hélas par la fenêtre. Avec au bout, une grosse humiliation. Mais, la chute plus moins prévisible d’un dictateur en pleine dérive est anecdotique à côté du calvaire qu’il a fait subir à la Côte d’Ivoire et son peuple, dont le seul péché est d’avoir porté son choix sur Alassane Ouattara. De toute évidence, ces cinq mois de crise postélectorale ont été un gros gâchis pour la Côte d’Ivoire. Au moins 1000 vies ont été arrachées. Sans raison. Des hommes et des femmes ont été froidement exécutés. Des jeunes promis à un bel avenir ont été tués. Des femmes ont été souillées dans leur corps et bafouées dans leur dignité. Dans beaucoup de cas, ce n’était que des innocents. A ces pertes en vie humaine, s’ajoutent le vandalisme, les pillages et autres agressions. Des commerces entiers ont été dévastés. Des magasins, dévalisés. Des domiciles, entièrement pillés. Des sociétés complètement ruinées. Bref, la liste des dégâts est non exhaustive. On pourrait passer toute une journée à les égrener, sans faire le tour d’horizon.
La bataille d’Abidjan, ultime acte de cette sordide crise postélectorale imposée par Laurent Gbagbo, a été un vrai désastre pour les habitants de la capitale économique. Pris en deux feux, ils sont restés cloîtrés chez eux pendant douze jours, sans eau ni électricité pour certains, sans vivres pour d’autres. Redoutant certes les balles ou autres impacts d’obus, mais surtout la visite des pilleurs, ces bandes crapuleuses lourdement armées qui écument encore les domiciles.
La ville était quasiment au bord du chaos humanitaire. Jamais, de mémoire d’Ivoiriens, Abidjan n’avait vécu pareil calvaire. Et les Abidjanais ne sont pas près d’oublier ces moments terribles. Une souffrance inutile dont on se serait volontiers passé, si Laurent Gbagbo avait simplement reconnu sa défaite électorale. Finalement, on a le sentiment d’avoir perdu cinq mois pour rien. Quel gâchis !
Y. Sangaré