Laurent Gbagbo est donc tombé. Il a été arrêté il y a une semaine (lundi 11 avril dernier), après un baroud d’honneur qui aura duré dix jours. Dix jours d’enfer pour les populations abidjanaises. C’est un sexagénaire hagard, au visage défraîchi que les Ivoiriens ont découvert sur les antennes de la télévision. Dans la suite n°468 de l’Hôtel du Golf où il était tenu prisonnier, l’ancien chef de l’’Etat avait l’air hébété, comme s’il ne semblait pas être revenu de sa chute brutale. L’image de l’homme fort de l’ancien régime, en maillot de corps et s’épongeant le visage avec une serviette, achève de camper une fin de règne mélodramatique. Un décor apocalyptique que vient corser le spectacle d’une Simone Gbagbo (son épouse) hirsute, prostrée, le visage tétanisé. Assurément, ces images du couple présidentiel déchu ont été diffusées aux fins de montrer à la face du monde un Laurent Gbagbo ravalé au rang de simple mortel. Tel l’Albatros sur le navire, devenu « veule et gauche », lui pourtant roi du ciel. Cette image de prince déchu vient pour nous rappeler que tout dirigeant politique est un mortel comme tout le monde et devrait donc se garder de succomber aux sirènes de laudateurs tendant à le défier. Redouté et vénéré tout à la fois tant qu’il était sur le trône, Laurent Gbagbo est apparu plus que vulnérable sans ses apparats présidentiels. Preuve s’il en est qu’aucun dirigeant n’est jamais assez fort pour être toujours le plus fort. C’est sans doute là l’un des enseignements à tirer de cette chute de Laurent Gbagbo. Adossé à une garde prétorienne et une armée qui passaient pour être de solides remparts contre toute attaque de son régime, il a appris à ses dépens que ses affidés et autres thuriféraires n’avaient d’yeux, en réalité, que pour ses largesses. Lui dont on disait le régime verrouillé par des soldats prêts à mourir pour défendre son fauteuil présidentiel, a curieusement perdu le pouvoir.
ABANDONNE PAR SES GENERAUX
Ses supposés fidèles généraux se sont ensuite retrouvés à l’Hôtel du Golf pour faire allégeance au nouvel homme fort du moment ; l’assurant de la même loyauté qu’ils ont jurée à Laurent Gbagbo. Rien que duperie et flagornerie de généraux, ces coups de gueule et propos enflammés servis à l’ex-chef de l’Etat et ses partisans durant ces quatre mois de crise post-électorale ! Alassane Ouattara est donc averti. Et par delà lui, tout dirigeant politique qui aura la naïveté de croire que l’armée est une assurance tous risques pour la survie de son régime. Peut-être Laurent Gbagbo n’aurait-il pas connu cette fin humiliante qui écorne gravement son image, s’il ne s’était enfermé dans un jusqu’au-boutisme inexplicable. Seul contre tous, son entêtement à défier le monde en s’accrochant au pouvoir, a fini par le perdre. Comme Charles Taylor, Slobodan Milosevic, Saddam Hussein, il a payé cash le bras de fer engagé avec l’intraitable et impitoyable communauté internationale. Il a péché par orgueil et a ainsi été lâché par les dieux. Voilà encore un enseignement pour bien des chefs d’Etat. Ironie du sort, le couple Gbagbo, qui se croyait investi d’une mission divine, a attendu en vain qu’une armée d’anges vienne sauver le régime en perdition. Comme l’aurait prédit l’un de ces illuminés qui écumaient le palais présidentiel, un certain pasteur Koné Malachie. Avec lui, d’autres religieux comme Zahiri Ziki, ont réussi à persuader le couple Gbagbo et leurs partisans qu’une armée providentielle surgirait du néant pour renverser la situation en leur faveur en cas de guerre. En vain. Un espoir messianique auquel se sont accrochés jusqu’aux derniers instants les millénaristes du camp Gbagbo. Finalement, il n’y eut point d’armée céleste pour sauver le « soldat » Gbagbo. Moralité : Laissons Dieu loin de nos querelles pour la conservation ou la conquête du pouvoir. Si d’aventure, il devrait s’en mêler, il combattra toujours aux côtés de ceux qui sont dans la vérité. Last but not least : la chute de Gbagbo sonne comme un signal fort à l’endroit de tout dirigeant qui serait tenté, à l’avenir, de s’accrocher vaille que vaille au pouvoir. « Nous avons envoyé avec l`Onu un message symbolique extrêmement fort à tous les dictateurs. Nous leur avons indiqué que la légalité, la démocratie devaient être respectées et qu`il y avait des risques pour ceux qui ne le faisaient pas », a en effet déclaré devant l`Assemblée nationale le Premier ministre français, François Fillon, au lendemain de l’arrestation de Laurent Gbagbo. Le cas Gbagbo interpelle donc Alassane Ouattara et au-delà, tous les dirigeants africains.
Assane NIADA
ABANDONNE PAR SES GENERAUX
Ses supposés fidèles généraux se sont ensuite retrouvés à l’Hôtel du Golf pour faire allégeance au nouvel homme fort du moment ; l’assurant de la même loyauté qu’ils ont jurée à Laurent Gbagbo. Rien que duperie et flagornerie de généraux, ces coups de gueule et propos enflammés servis à l’ex-chef de l’Etat et ses partisans durant ces quatre mois de crise post-électorale ! Alassane Ouattara est donc averti. Et par delà lui, tout dirigeant politique qui aura la naïveté de croire que l’armée est une assurance tous risques pour la survie de son régime. Peut-être Laurent Gbagbo n’aurait-il pas connu cette fin humiliante qui écorne gravement son image, s’il ne s’était enfermé dans un jusqu’au-boutisme inexplicable. Seul contre tous, son entêtement à défier le monde en s’accrochant au pouvoir, a fini par le perdre. Comme Charles Taylor, Slobodan Milosevic, Saddam Hussein, il a payé cash le bras de fer engagé avec l’intraitable et impitoyable communauté internationale. Il a péché par orgueil et a ainsi été lâché par les dieux. Voilà encore un enseignement pour bien des chefs d’Etat. Ironie du sort, le couple Gbagbo, qui se croyait investi d’une mission divine, a attendu en vain qu’une armée d’anges vienne sauver le régime en perdition. Comme l’aurait prédit l’un de ces illuminés qui écumaient le palais présidentiel, un certain pasteur Koné Malachie. Avec lui, d’autres religieux comme Zahiri Ziki, ont réussi à persuader le couple Gbagbo et leurs partisans qu’une armée providentielle surgirait du néant pour renverser la situation en leur faveur en cas de guerre. En vain. Un espoir messianique auquel se sont accrochés jusqu’aux derniers instants les millénaristes du camp Gbagbo. Finalement, il n’y eut point d’armée céleste pour sauver le « soldat » Gbagbo. Moralité : Laissons Dieu loin de nos querelles pour la conservation ou la conquête du pouvoir. Si d’aventure, il devrait s’en mêler, il combattra toujours aux côtés de ceux qui sont dans la vérité. Last but not least : la chute de Gbagbo sonne comme un signal fort à l’endroit de tout dirigeant qui serait tenté, à l’avenir, de s’accrocher vaille que vaille au pouvoir. « Nous avons envoyé avec l`Onu un message symbolique extrêmement fort à tous les dictateurs. Nous leur avons indiqué que la légalité, la démocratie devaient être respectées et qu`il y avait des risques pour ceux qui ne le faisaient pas », a en effet déclaré devant l`Assemblée nationale le Premier ministre français, François Fillon, au lendemain de l’arrestation de Laurent Gbagbo. Le cas Gbagbo interpelle donc Alassane Ouattara et au-delà, tous les dirigeants africains.
Assane NIADA