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Politique Publié le lundi 18 avril 2011 | Le Patriote

Chute du dictateur d’Abidjan: Gbagbo, la fin du cauchemar

© Le Patriote
Côte d`Ivoire: Gbagbo et son épouse, arrêtés, amenés au QG de Ouattara
Qu’elle ait été noire, ou si vous préférez rouge sang, la page Gbagbo est tournée. Elle est bel et bien tournée. Personne, ni en Côte d’Ivoire, ni ailleurs dans le monde n’ose plus en douter. Pas même les plus irréductibles des pro-Gbagbo, ces fanatisés à l’extrême, pénétrés jusqu’à la moelle des dogmes de la redoutable machine idéologique que la refondation, telle une secte maléfique, a pu, en une décennie, maintenir dans un état second, loin, très loin de la raison humaine.

Lundi dernier, beaucoup de nos compatriotes qui ont toujours vu en l’ancien chef de l’Etat ce surhomme, cette sorte de Zarathoustra des Lagunes que rien ne pouvait vaincre, se sont brusquement trouvés nez à nez avec la réalité, si dure fut-elle : Laurent Gbagbo, pour avoir été une décennie durant le garant moral de la nation ivoirienne, le dépositaire attitré de son destin, l’expropriateur irréductible de son présent et avenir n’en était pas moins un simple mortel, un individu comme tout le monde, fait de chair et d’os, respirant le même air que tous les êtres qui l’entourent, dans les veines de qui il coule le même sang qu’eux, donc en un mot comme en mille, susceptible d’être vaincu. Et Dieu seul sait qu’il a été vaincu.

L’image de l’homme que les télévisions du monde entier ont montrée le jour de sa captivité en dit long sur la finitude de celui qui a cru qu’il pouvait avoir raison de la planète entière. Un Gbagbo au regard hagard, apeuré, ravagé par deux semaines d’épreuve physique et psychologique et dont les traits avaient presque balafré le faciès. Un Gbagbo qui se laissait docilement porter un gilet pare-balle et un casque de protection, après avoir été sommé de sortir, tel un gibier pris au piège, du bunker dans lequel il s’était muré deux semaines durant refusant tout appel à la raison. Un Gbagbo que ses « chasseurs » tenaient par les deux bras le conduisant au pas de course vers le véhicule qui devait le mener à l’hôtel du Golf. Un Gbagbo le torse quasi nu épongeant la sueur qui n’en finissait pas de lui inonder le corps une fois parvenu dans la chambre du réceptif hôtelier qui devait abriter sa première nuit de réclusion de fait. Un Gbagbo qui, enfin, se faisait enfiler une chemise de circonstance aux boutons pour le moins rebelles que des bras magnanimes ont dû mettre pour lui. « Je souhaite que les combats cessent », lâchera alors d’une voix éraillée, sous le regard éteint de Simone, son épouse, un homme anéanti par ce qui devait sans conteste être la plus grande humiliation de sa vie. Vanité des vanités, tout est vanité… Le grand Gbagbo, le woudy (l’homme fort) de notre espace politique, l’homme qui depuis près de dix ans défiait le monde entier, se faisait filmer comme un vulgaire objet de curiosité.
Pourquoi Gbagbo a-t-il choisi délibérément cette sortie mortifiante pour lui de la scène politique de son pays ? Qu’est-ce qui peut expliquer que l’ancien opposant ait opté pour l’auto-flagellation, l’autodestruction de sa propre histoire ? Une histoire qu’il aurait pu écrire autrement, pour peu que le démocrate qu’il avait rêvé lorsqu’il arpentait naguère les dédales de l’opposition politique, ait daigné se résoudre une fois au pouvoir, à traduire ce rêve en réalité. Pourquoi Laurent Gbagbo a-t-il pour ainsi dire, trahi son propre destin en s’échinant à sortir de l’arène politique par une si petite porte, se faisant huer et honnir comme un voyou, manquant de peu de se faire lyncher ? Personne sans doute, hormis lui-même, ne pourra répondre à cette lancinante question. Dans sa retraite actuelle aux confins du pays, face à lui-même, il lui sera loisible, à 66 ans révolus, de regarder dans le rétroviseur de sa vie d’homme politique et d’en tirer toutes les conséquences pour lui-même et pour le peuple qu’il a prétendu gouverner ces dernières années.
Pour l’heure, la seule chose qui s’offre comme réponse aux dernières générations d’Ivoiriens qui ont suivi le parcours de cet homme, c’est l’héritage de l’exercice du pouvoir d’Etat qu’il leur a légué ces dix dernières années.
Un héritage qui n’est que ruine dans une Côte d’Ivoire quasi apocalyptique, en proie à une misère sans nom, ravagée par une guerre dont Gbagbo lui seul est le responsable. Il aurait aimé faire disparaître ce beau pays de la carte de l’Afrique qu’il ne s’y serait pas pris autrement.
Car à l’épreuve du pouvoir, ce socialiste à l’ivoirienne qui a littéralement fui les valeurs de générosité, de partage, d’humanisme prôné par cette doctrine politique, a rué dans les brancards de la dévastation de son propre pays en prenant bien soin de réduire son peuple à la mendicité.
En dix ans, Gbagbo s’est en effet révélé totalement inopérant pour ses concitoyens. Il ne leur a strictement rien laissé comme « ingrédient existentiel » à se mettre sous la dent. Il n’a pas apporté le moindre morceau de pain à leur quotidien, la misère sociale s’étant accru comme jamais dans ce pays. Il n’a pas donné l’instruction aux jeunes générations, en témoigne l’école et l’université, véritable pègre où a régné une Fesci criminalisée. Pas plus qu’il n’a imprimé une allure infrastructurelle au pays, aucun bâtiment, route, château d’eau, puits villageois, n’ayant été offert aux populations, qui se trouvent dans un incroyable dénuement et face à un sous-développement, voire un non-développement sans commune mesure. Aucune couverture sociale, aucun projet sérieux de développement… Rien n’a été fait sous Gbagbo.
En revanche, son pouvoir s’est montré extrêmement généreux à l’égard de la coterie qui l’entoure, laquelle sous son regard bienveillant s’est spécialisé dans les vols, détournements de deniers publics, enrichissements illicites, fuites de capitaux, etc.
La refondation s’est surtout illustrée par sa férocité à l’encontre d’un peuple pourtant déjà affamé. Car ce sont des torrents de sang d’Ivoiriens (et de non Ivoiriens) qui ont coulé sous le règne d’un homme qui a réussi le tour de force de déclencher deux guerres – qu’il a du reste lamentablement perdues – en dix ans, mais dont le bilan macabre est très lourd pour le peuple ivoirien.
Laurent Gbagbo est parti dans la honte et la Côte d’Ivoire s’est brusquement remise à rêver d’un avenir meilleur. « Le cauchemar est fini », s’exclamait à juste titre Guillaume Soro. « Dans quelques mois, vous verrez une Côte d’Ivoire transformée, sans discrimination et où il fait bon vivre », renchérissait pour sa part le chef de l’Etat, Alassane Ouattara.
La carrure exceptionnelle du dernier cité, sa force de caractère qui en a fait un véritable roc face aux multiples inimitiés de la vie, sa foi inébranlable en une Côte d’Ivoire retrouvée, avec les valeurs inculquées aux Ivoiriens par le père de la Nation sont autant de motifs d’espoir d’un pays qui aura tant souffert des vilénies de Gbagbo.

KORE EMMANUEL
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