Attaques contre les résidences des ambassadeurs du Japon et de France. Assauts simultanés contre les QG de l’ONUCI et du Golf Hôtel, siège provisoire du gouvernement de la République de Côte d’Ivoire. Bien évidemment, en s’enfermant dans le sous-sol de la résidence de Cocody, Laurent Gbagbo savait qu’il s’était mis dans une véritable impasse. En quelques heures, il avait signé une déclaration de guerre contre les Forces impartiales chargées de veiller aussi bien à l’intégrité du chef de l’Etat et de ses collaborateurs qu’à la sécurité des fonctionnaires des Nations Unies. Les mercenaires à la solde de Laurent Gbagbo, qui ne répondaient plus, depuis des jours déjà, à aucun commandement, exposaient leur employeur aux frappes des Forces impartiales pour « neutraliser » les armes lourdes encore en leur possession.
Tout a commencé dans l’après-midi du dimanche 10 avril. Aux environs de 16h15, les hélicoptères Mi-24 de l'Onuci, pilotés par des Ukrainiens, appuyés des hélicoptères français, Puma et Gazelle, appartenant au 1er régiment d'hélicoptères de combat, décollent simultanément du 43ème BIMA et de l’ex-hôtel Sebroko. Les Gazelles ont tiré plusieurs dizaines de missiles antichars HOT, contre les armes lourdes des défenseurs de Laurent Gbagbo. Plusieurs de ces missiles ont frappé les abords de la résidence. Jusqu’au petit matin du dimanche, le ciel d’Abidjan est soumis aux bruissements des moteurs des cinq engins sous mandat onusien, qui pilonnent des armes lourdes dissimulées au Palais présidentiel, à la base navale de Locodjro et dans les environs de la résidence de Laurent Gbagbo. Après plusieurs ballets aériens successifs, les tirs d’artillerie au sol, en riposte aux bombardements des hélicoptères, ont diminué au petit matin pour cesser définitivement, un peu plus tard. Le système de défense de Laurent Gbagbo venait d’être, totalement anéanti, du moins sérieusement amoché. De loin, ce lundi matin, sur les hauteurs d’Abidjan, une épaisse fumée était visible venant des environs de la résidence au sein de laquelle se trouvaient Laurent Gbagbo, entouré de son clan familial élargi (neveux et nièces, petits-enfants, cousins…), de son médecin personnel, mais aussi et surtout du modeste personnel de la résidence: cuisiniers, employés chargés de l’entretien. Et même un moniteur de sports, ou encore une étudiante en journalisme. Toute la nuit, Simone Gbagbo, l’épouse de Laurent a, selon des sources crédibles, soumis la maisonnée à d’intenses séances de prière. Car, un illuminé pasteur se nommant Malachie Koné, nouvel oracle de la galaxie patriotique avait prophétisé la victoire du couple Gbagbo, « les envoyés de Dieu » pour délivrer la Côte d’Ivoire de l’emprise néocoloniale. « La Licorne sera vaincue, l’ONUCI aussi », avait-il prédit. Pour Simone Gbagbo, il y a encore une lueur d’espoir. Dans le sous-sol de la résidence, chacun avait sa Bible. Et l’on priait à haute voix à chaque détonation du dehors. Cependant, le carré de fidèles composé de 120 personnes ne se faisait pas d’illusion sur ses espoirs.
En fait, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire qui avaient saisi l’opportunité, face à un adversaire très affaibli, n’ont pas voulu rater la belle occasion qui se présentait à eux, d’engager une troisième offensive d’envergure sur la résidence. Le ministre de la Défense, Guillaume Soro, absent d’Abidjan, a tout de même donné l’ordre à ses éléments de se mettre en marche pour que ce lundi 11 avril 2011, soit mis fin au « cauchemar des Ivoiriens ». L’opération est donc lancée vers les premières heures du matin.
Indépendamment, les Forces françaises et celles de l’ONUCI, pour éviter une contagion de toute la zone de Cocody, ont déployé d’impressionnants moyens composés de véhicules de l’avant-blindé, tout le long du boulevard de France menant du carrefour Sainte-Marie au carrefour du Campus universitaire de Cocody. Deux sous-groupements tactiques interarmes (SGTIA) formés de cavaliers du 12ème régiment de cuirassiers se trouvaient à bord des ERC-90 Sagaie. Des fantassins du 16ème bataillon de chasseurs à bord véhicules blindés légers sont en soutien.
Ce dispositif spécial a été déployé en position avancée dans les environs de la résidence de France, mitoyenne à celle du chef de l’Etat ivoirien, principal théâtre des opérations. Une dizaine de colonnes des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire composée d’au moins 350 hommes, s’est mise en marche pour se mettre en position d’attaque. Il est un peu plus de onze heures. La chaleur est lourde. Dans le sous-sol de la résidence, les conditions de vie deviennent difficiles. Dehors, le système d’aération de la résidence est endommagé. L’électricité est coupée. Les groupes électrogènes ont pris feu depuis des heures. Une partie du bâtiment s’est effondrée. Laurent Gbagbo dont on sait qu’il est, souvent, victime de troubles nerveux, a besoin de beaucoup d’oxygène. La nervosité se lit sur les visages. Mais, pour Simone, la délivrance de Malachie est encore possible. Il faut donc prier, encore prier et toujours prier. Soudain, les mercenaires qui ont pris possession dans les jardins de la résidence, ouvrent le feu et tirent des rafales en direction du dispositif des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, venant du côté du campus universitaire. La riposte ne se fait pas attendre. Après quelques secondes d’échange, le silence se fait. De deux choses l’une : ou les mercenaires n’ont plus le courage de mener la résistance. Ou ils sont à cours de munition, analysent les officiers des FRCI. Dans le jardin de la résidence, plusieurs dizaines de mercenaires se rendent aux soldats de la Forces Licorne positionnées devant la résidence de l’ambassadeur de France, pour avoir leur protection. Avec un char, un bitube et quelques canons de 20 mm, il était suicidaire de se battre. Les soldats des Forces républicaines, avaient à leur tête le Colonel Karim Ouattara, commandant adjoint du CCI. Avec lui, plusieurs officiers des ex-FAFN dont les plus célèbres sont les ex-com’zones, Koné Zakaria, Chérif Ousmane, Hervé Touré, Morou Ouattara, Jah Gao et Wattao, entre autres. Chacun a amené ses hommes pour jouer cette « finale ». « On n’a pas parcouru toute cette distance depuis nos positions jusqu’à Abidjan pour manquer ce moment historique », entend-on. Beaucoup ont même l’occasion de sortir leurs appareils téléphoniques pour filmer ces instants. En face, les tirs semblent avoir cessé. Une première équipe conduite par les éléments de la « Brigade mystique » du Commandant Touré Hervé « Vétcho » pénètrent dans la cour de la résidence. Elle manque de peu de se faire mitrailler par une arme automatique placée au premier portail. Elle est vite neutralisée. D’autres balles proviennent dans les environs de la résidence. Les FRCI comptent un blessé par balle. L’auteur de cette riposte devrait être certainement « fou ». Après les échanges très peu nourris, il y a eu un temps d’observation puis quelques mercenaires, restés jusqu’auboutistes, ont tiré à nouveau. Dans le sous-sol, Laurent Gbagbo a de la peine à résister. Alors, il lance un coup de fil en direction du Golf Hôtel et trouve une oreille attentive. Gbagbo dit vouloir se rendre. Ordre est donné à nouveau, aux hommes sur le théâtre des opérations, de ne pas attenter à sa vie ni à celle des membres de sa famille et de tous ses collaborateurs civils et militaires qui se trouvent avec lui. Aussitôt, il demande à l’ancien ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro de sortir agiter le drapeau blanc, signe de reddition et de fin des hostilités. Maladroit, Tagro sort pendant les échanges de tirs. Il semble avoir pris une balle dans la tête. Qui a tiré ? Un élément du commando qui attaque ou une balle traître venue d’un des gardes du corps du chef qui n’a pas accepté le principe de la reddition ? Difficile de répondre. Chérif Ousmane, Koné Zakaria et Vétcho se dirigent alors vers l’entrée principale de la résidence. Il n’y a aucun tir ennemi. Vetcho et ses hommes foncent tout droit dans le salon du rez-de-chaussée et ne trouvent personne. Une première porte est défoncée par deux coups de kalachnikov. Toujours personne. Le couloir suivant, mène au sous-sol. Il est 13h 08mn. Laurent Gbagbo, en tête, sort. Il est suivi de Simone. « Ne tirez pas. Ne me tuez pas. Je me rends », dit-il aux soldats qu’il a en face de lui. Gbagbo, l’air mi apeuré mi serein, reconnaît les officiers qu’il a en face de lui. Dans la demi-pénombre, des visages lui sont familiers. Il doit certainement reconnaître la barbe du Commandant qui l’a reçu lors de sa visite d’Etat à Katiola, en octobre 2008. Touré Hervé l’intercepte: « J’ai ordre de vous mettre aux arrêts, Monsieur le Président ». Gbagbo n’oppose aucune difficulté. Pour assurer sa sécurité, l’officier ôte le gilet pare-balle d’un de ses éléments qu’il enfile à Laurent Gbagbo. Sur sa tête, il pose un casque et demande aux hommes de se tenir à carreau. Vetcho a juste le temps d’immortaliser l’instant avec une caméra. Puis, il arpente le couloir. L’ancien chef de l’Etat voit enfin la lumière du jour et les centaines de Kalachnikov braqués sur lui. Il est protégé par les officiers avec son épouse et son fils Michel. Ils sont mis dans un véhicule 4x4 en direction du Golf Hôtel.
L’opération n’aura pris que trois quarts d’heure. Le Chef des lieux parti, la fouille qui a duré deux heures de temps après, a permis de mettre la main sur un peu plus d’une centaine de personnes parmi lesquelles des vieillards, des enfants. Ce beau monde avait été pris comme bouclier humain.
Plusieurs ministres ou ex-ministres étaient là, ainsi que l’ancien gouverneur de la Bceao, Philippe Henri Dacoury Tabley. Parmi les caciques de l’ancien régime capturés et transférés au Golf, l’ex-ministre des Sports, Geneviève Bro Grébé, l’ancienne ministre de la Santé, Christine Adjobi, Sangaré Abou Drahamane, Diabaté Beh et Jean Jacques Béchio, transfuge de l’ANCI et nouvelle recrue.
Tous, ont été conduits à l’hôtel du Golf et mis en sécurité. Plus tard dans la soirée, la résidence a été pillée. Les jardins présidentiels essaimés de mines anti-personnelles, attendent d’être déminés. La résidence, après les bombardements et les combats, donne l’image d’un champ de ruines. Ainsi en a décidé Laurent Gbagbo, adepte des films westerns. « The end ». C’est la fin.
Charles sanga
(Ndlr : Ce texte est une réédition)
Tout a commencé dans l’après-midi du dimanche 10 avril. Aux environs de 16h15, les hélicoptères Mi-24 de l'Onuci, pilotés par des Ukrainiens, appuyés des hélicoptères français, Puma et Gazelle, appartenant au 1er régiment d'hélicoptères de combat, décollent simultanément du 43ème BIMA et de l’ex-hôtel Sebroko. Les Gazelles ont tiré plusieurs dizaines de missiles antichars HOT, contre les armes lourdes des défenseurs de Laurent Gbagbo. Plusieurs de ces missiles ont frappé les abords de la résidence. Jusqu’au petit matin du dimanche, le ciel d’Abidjan est soumis aux bruissements des moteurs des cinq engins sous mandat onusien, qui pilonnent des armes lourdes dissimulées au Palais présidentiel, à la base navale de Locodjro et dans les environs de la résidence de Laurent Gbagbo. Après plusieurs ballets aériens successifs, les tirs d’artillerie au sol, en riposte aux bombardements des hélicoptères, ont diminué au petit matin pour cesser définitivement, un peu plus tard. Le système de défense de Laurent Gbagbo venait d’être, totalement anéanti, du moins sérieusement amoché. De loin, ce lundi matin, sur les hauteurs d’Abidjan, une épaisse fumée était visible venant des environs de la résidence au sein de laquelle se trouvaient Laurent Gbagbo, entouré de son clan familial élargi (neveux et nièces, petits-enfants, cousins…), de son médecin personnel, mais aussi et surtout du modeste personnel de la résidence: cuisiniers, employés chargés de l’entretien. Et même un moniteur de sports, ou encore une étudiante en journalisme. Toute la nuit, Simone Gbagbo, l’épouse de Laurent a, selon des sources crédibles, soumis la maisonnée à d’intenses séances de prière. Car, un illuminé pasteur se nommant Malachie Koné, nouvel oracle de la galaxie patriotique avait prophétisé la victoire du couple Gbagbo, « les envoyés de Dieu » pour délivrer la Côte d’Ivoire de l’emprise néocoloniale. « La Licorne sera vaincue, l’ONUCI aussi », avait-il prédit. Pour Simone Gbagbo, il y a encore une lueur d’espoir. Dans le sous-sol de la résidence, chacun avait sa Bible. Et l’on priait à haute voix à chaque détonation du dehors. Cependant, le carré de fidèles composé de 120 personnes ne se faisait pas d’illusion sur ses espoirs.
En fait, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire qui avaient saisi l’opportunité, face à un adversaire très affaibli, n’ont pas voulu rater la belle occasion qui se présentait à eux, d’engager une troisième offensive d’envergure sur la résidence. Le ministre de la Défense, Guillaume Soro, absent d’Abidjan, a tout de même donné l’ordre à ses éléments de se mettre en marche pour que ce lundi 11 avril 2011, soit mis fin au « cauchemar des Ivoiriens ». L’opération est donc lancée vers les premières heures du matin.
Indépendamment, les Forces françaises et celles de l’ONUCI, pour éviter une contagion de toute la zone de Cocody, ont déployé d’impressionnants moyens composés de véhicules de l’avant-blindé, tout le long du boulevard de France menant du carrefour Sainte-Marie au carrefour du Campus universitaire de Cocody. Deux sous-groupements tactiques interarmes (SGTIA) formés de cavaliers du 12ème régiment de cuirassiers se trouvaient à bord des ERC-90 Sagaie. Des fantassins du 16ème bataillon de chasseurs à bord véhicules blindés légers sont en soutien.
Ce dispositif spécial a été déployé en position avancée dans les environs de la résidence de France, mitoyenne à celle du chef de l’Etat ivoirien, principal théâtre des opérations. Une dizaine de colonnes des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire composée d’au moins 350 hommes, s’est mise en marche pour se mettre en position d’attaque. Il est un peu plus de onze heures. La chaleur est lourde. Dans le sous-sol de la résidence, les conditions de vie deviennent difficiles. Dehors, le système d’aération de la résidence est endommagé. L’électricité est coupée. Les groupes électrogènes ont pris feu depuis des heures. Une partie du bâtiment s’est effondrée. Laurent Gbagbo dont on sait qu’il est, souvent, victime de troubles nerveux, a besoin de beaucoup d’oxygène. La nervosité se lit sur les visages. Mais, pour Simone, la délivrance de Malachie est encore possible. Il faut donc prier, encore prier et toujours prier. Soudain, les mercenaires qui ont pris possession dans les jardins de la résidence, ouvrent le feu et tirent des rafales en direction du dispositif des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, venant du côté du campus universitaire. La riposte ne se fait pas attendre. Après quelques secondes d’échange, le silence se fait. De deux choses l’une : ou les mercenaires n’ont plus le courage de mener la résistance. Ou ils sont à cours de munition, analysent les officiers des FRCI. Dans le jardin de la résidence, plusieurs dizaines de mercenaires se rendent aux soldats de la Forces Licorne positionnées devant la résidence de l’ambassadeur de France, pour avoir leur protection. Avec un char, un bitube et quelques canons de 20 mm, il était suicidaire de se battre. Les soldats des Forces républicaines, avaient à leur tête le Colonel Karim Ouattara, commandant adjoint du CCI. Avec lui, plusieurs officiers des ex-FAFN dont les plus célèbres sont les ex-com’zones, Koné Zakaria, Chérif Ousmane, Hervé Touré, Morou Ouattara, Jah Gao et Wattao, entre autres. Chacun a amené ses hommes pour jouer cette « finale ». « On n’a pas parcouru toute cette distance depuis nos positions jusqu’à Abidjan pour manquer ce moment historique », entend-on. Beaucoup ont même l’occasion de sortir leurs appareils téléphoniques pour filmer ces instants. En face, les tirs semblent avoir cessé. Une première équipe conduite par les éléments de la « Brigade mystique » du Commandant Touré Hervé « Vétcho » pénètrent dans la cour de la résidence. Elle manque de peu de se faire mitrailler par une arme automatique placée au premier portail. Elle est vite neutralisée. D’autres balles proviennent dans les environs de la résidence. Les FRCI comptent un blessé par balle. L’auteur de cette riposte devrait être certainement « fou ». Après les échanges très peu nourris, il y a eu un temps d’observation puis quelques mercenaires, restés jusqu’auboutistes, ont tiré à nouveau. Dans le sous-sol, Laurent Gbagbo a de la peine à résister. Alors, il lance un coup de fil en direction du Golf Hôtel et trouve une oreille attentive. Gbagbo dit vouloir se rendre. Ordre est donné à nouveau, aux hommes sur le théâtre des opérations, de ne pas attenter à sa vie ni à celle des membres de sa famille et de tous ses collaborateurs civils et militaires qui se trouvent avec lui. Aussitôt, il demande à l’ancien ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro de sortir agiter le drapeau blanc, signe de reddition et de fin des hostilités. Maladroit, Tagro sort pendant les échanges de tirs. Il semble avoir pris une balle dans la tête. Qui a tiré ? Un élément du commando qui attaque ou une balle traître venue d’un des gardes du corps du chef qui n’a pas accepté le principe de la reddition ? Difficile de répondre. Chérif Ousmane, Koné Zakaria et Vétcho se dirigent alors vers l’entrée principale de la résidence. Il n’y a aucun tir ennemi. Vetcho et ses hommes foncent tout droit dans le salon du rez-de-chaussée et ne trouvent personne. Une première porte est défoncée par deux coups de kalachnikov. Toujours personne. Le couloir suivant, mène au sous-sol. Il est 13h 08mn. Laurent Gbagbo, en tête, sort. Il est suivi de Simone. « Ne tirez pas. Ne me tuez pas. Je me rends », dit-il aux soldats qu’il a en face de lui. Gbagbo, l’air mi apeuré mi serein, reconnaît les officiers qu’il a en face de lui. Dans la demi-pénombre, des visages lui sont familiers. Il doit certainement reconnaître la barbe du Commandant qui l’a reçu lors de sa visite d’Etat à Katiola, en octobre 2008. Touré Hervé l’intercepte: « J’ai ordre de vous mettre aux arrêts, Monsieur le Président ». Gbagbo n’oppose aucune difficulté. Pour assurer sa sécurité, l’officier ôte le gilet pare-balle d’un de ses éléments qu’il enfile à Laurent Gbagbo. Sur sa tête, il pose un casque et demande aux hommes de se tenir à carreau. Vetcho a juste le temps d’immortaliser l’instant avec une caméra. Puis, il arpente le couloir. L’ancien chef de l’Etat voit enfin la lumière du jour et les centaines de Kalachnikov braqués sur lui. Il est protégé par les officiers avec son épouse et son fils Michel. Ils sont mis dans un véhicule 4x4 en direction du Golf Hôtel.
L’opération n’aura pris que trois quarts d’heure. Le Chef des lieux parti, la fouille qui a duré deux heures de temps après, a permis de mettre la main sur un peu plus d’une centaine de personnes parmi lesquelles des vieillards, des enfants. Ce beau monde avait été pris comme bouclier humain.
Plusieurs ministres ou ex-ministres étaient là, ainsi que l’ancien gouverneur de la Bceao, Philippe Henri Dacoury Tabley. Parmi les caciques de l’ancien régime capturés et transférés au Golf, l’ex-ministre des Sports, Geneviève Bro Grébé, l’ancienne ministre de la Santé, Christine Adjobi, Sangaré Abou Drahamane, Diabaté Beh et Jean Jacques Béchio, transfuge de l’ANCI et nouvelle recrue.
Tous, ont été conduits à l’hôtel du Golf et mis en sécurité. Plus tard dans la soirée, la résidence a été pillée. Les jardins présidentiels essaimés de mines anti-personnelles, attendent d’être déminés. La résidence, après les bombardements et les combats, donne l’image d’un champ de ruines. Ainsi en a décidé Laurent Gbagbo, adepte des films westerns. « The end ». C’est la fin.
Charles sanga
(Ndlr : Ce texte est une réédition)