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Politique Publié le mardi 19 avril 2011 | L’Inter

Changement de régime / Des révélations sur la chute de Gbagbo - Les tractations secrètes avant son arrestation

© L’Inter Par DR
Crise post-électorale: arrestation de l`ancien président Laurent Gbagbo
Lundi 11 avril 2011. Abidjan. Hôtel du Golf
L’ancien président de la République, Laurent Gbagbo, a été arrêté le 11 avril dernier. Dans quelles conditions ? Les commentaires vont bon train depuis, la polémique aussi sur le rôle qu’ont joué dans cette affaire les forces françaises de l’Opération Licorne. Une semaine après la brutale chute de Gbagbo, on en sait un peu plus sur les contours de son arrestation. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce sont bien les forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) qui ont mis aux arrêts l’ex-chef de l’Etat. Mais la pâte a été, à l’évidence, mâchée par les soldats français. Du moins si l’on en croit les révélations du confrère Libération sur les derniers instants du règne du couple Gbagbo, dans son édition du 16 avril dernier. A en croire, le confrère, ce lundi 11 avril, suite à d’intenses bombardements de sa résidence par les hélicoptères de l’Onuci (Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire) et des Gazette de la Licorne, Laurent Gbagbo s’était résolu à se rendre. Ses moyens de défense ayant été totalement neutralisés et le dernier carré des combattants ayant pris la fuite. C’est le défunt secrétaire général de la présidence et ex-ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, qui va entamer les négociations. Il appelle l’ambassadeur de France, Jean-Marc Simon, pour lui faire savoir que Gbagbo veut se rendre aux soldats français auxquels il fait davantage confiance. Refus du diplomate français, soucieux d’éviter l’exploitation politique qui pourrait en être faite. « Vous devez vous rendre aux Frci», conseille-t-il. Il est autour de 10h. Entre-temps, un groupuscule sorti discrètement de la résidence, a tenté de s’échapper via la lagune. Le couple Gbagbo serait de ce groupe. Mais ils seront stoppés net par des tirs de sommation d’un hélicoptère. Aux environs de 13h, les tractations terminées, Gbagbo concède à se rendre aux forces républicaines. Désiré Tagro sort alors agiter le drapeau blanc. Que s’est-il passé par la suite ? On sait seulement qu’une fois sorti du bunker où il s’était retranché avec des membres de sa famille et des fidèles parmi les fidèles, l’ancien chef de l’Etat est cueilli par le chef de guerre Hervé Touré dit Vetcho, qui lui porte un gilet pare-balles et lui met un casque. Lui et son épouse Simone sont ensuite traînés jusqu’à un 4x4 à bord duquel ils prennent place. Direction : l’hôtel du Golf. Pour en arriver là, il a fallu une forte implication des forces impartiales.

LE COUP DE POUCE DECISIF DE PARIS

Les forces françaises notamment ont porté le coup de grâce au dernier carré des fidèles de Gbagbo. Le lundi matin, juste avant l’arrestation du locataire de la résidence présidentielle, elles ont ceinturé les lieux par une colonne de blindés, officiellement pour sécuriser l’ambassade de France mitoyenne à la résidence présidentielle. Ils seraient plutôt là pour faire échec à tout soubresaut des derniers fidèles éventuellement planqués dans la résidence. Et cela après avoir ouvert des brèches dans le mur et fait voler en éclats le portail. Bien avant, les forces françaises et L’Onuci ont pilonné au moyen d’hélicoptère de guerre l’artillerie lourde de Gbagbo dès dimanche après-midi et dans la matinée du lundi 11 avril. Et cela sur la base de la résolution 1975 de l’Onu. « La résidence était un véritable arsenal, avec des munitions et des mortiers partout et trois canons bitubes. Nous avons rétabli l'équilibre des forces», justifie un militaire français cité par Libération. Une intervention perçue comme du pain béni par les forces pro-Ouattara qui peinaient à venir à bout des derniers résistants de Gbagbo. A preuve, révèle le confrère, cinq des sept premiers pick-up qui sont rentrés dans la résidence par la brèche ouverte, ont été détruits par les tirs de canons de 20mm postés à l’intérieur. Les forces impartiales ont donc cru devoir déverser le feu sur les dernières poches de résistance, surtout que le blocus instauré par Alassane Ouattara après d’infructueuses tentatives des Frci de prendre le contrôle de la résidence présidentielle n’a pu être établi. Sans compter que les hommes de l’ancien président semblaient avoir repris du poil de la bête au point de s’attaquer à la résidence de l’ambassadeur de France, au QG de l’Onuci de l’ex-hôtel Sebroko et à l’hôtel du Golf. Pour Nicolas Sarkozy, c’en était trop. Entre-temps, Ouattara a sollicité de son homologue français intervention appuyée de la Licorne. Mais avant de jeter ses troupes dans cette guerre ivoiro-ivoirienne, il a fallu obtenir le Ok des Nations Unies via une demande expresse adressée par Ban Ki- moon au président français. « Dans ce cas, il faut que l’Onu nous fasse une demande formelle, par écrit », avait en effet exigé Sarkozy, selon Jeune Afrique. La suite, on la connaît.
Assane NIADA
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