Arrêtés le 11 avril au bout d’un ultime assaut des Forces républicaines de Côte d’Ivoire(Frci), l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo et son épouse Simone Ehivet ont tout abandonné derrière eux. Reportage.
A partir du salon de la résidence présidentielle de Cocody, il faut emprunter un escalier pour atteindre les chambres du couple présidentiel sortant. Ceux qui connaissent mieux les lieux peuvent y aller plus vite en empruntant l’ascenseur qui s’ouvre dans un couloir du même salon. A l’étage, Laurent et Simone Gbagbo vivaient dans deux chambres qui se font face. En venant de l’escalier, celle de l’ex-chef de l’Etat se trouve à droite. La porte franchie, on découvre une grande pièce sens dessus-dessous. Quelques documents trainent encore sur cinq étagères placés çà et là. L’autre partie des documents, la plus importante, s’est retrouvée au sol. Ce sont des dizaines de livres, de revues, et de pochettes de cassettes-vidéo portant généralement l’effigie de Laurent Gbagbo. Ce sont des films documentaires ou des reportages sur les moments les plus marquants de son passage à la tête de l’Etat. Sous la pile de paperasse, deux matelas et des posters brisés de l’ex-président. Le décor en dit long sur la colère des premières personnes qui y sont passées après son arrestation le 11 avril dernier. Au fond de la chambre, il y a deux portes : l’une mène à la garde-robe et l’autre conduit vers la salle de bain située à gauche. La première découverte ici, ce sont des costumes et des pantalons froissés, des cravates et des maillots de corps trainant sur les restes d’un placard démonté. Juste derrière, c’est une baignoire marbrée dépouillée de ses robinets. A la droite du couloir principal de la salle de bain se trouvent des lavabos remplis de produits pharmaceutiques déjà utilisés. Essentiellement des médicaments contre l’hypertension et les allergies de la peau comme Triatec, Alepsal, Diprosone-pommade. En revenant vers la garde-robe, de loin, on aperçoit sur des cintres des costumes cette fois bien dressées. Dans un coin de la cellule était caché un coffre-fort. Visiblement éventré à l’aide de gros moyens, il a été vidé de son contenu.
Le ‘’bunker’’innondé
Dans la chambre de Simone
Gbagbo, c’est le même désordre qui accueille. A la différence qu’ici, les livres et les pochettes de Cd déversés au sol et sur des meubles portent beaucoup plus des mentions religieuses. Ce sont des documents de prières chrétiennes. Comme chez son époux, deux matelas sont visibles dans l’amas d’effets. Un imposant fauteuil noir attire également l’attention. Des bouteilles vides de champagne sont posées ici et là. Une photo du couple pend au mur. Dans sa garde-robe située au fond, à droite, de nombreux vêtements sont encore saignement rangés dans des placards. D’autres sont éparpillés dans un couloir.
La partie du complexe présidentiel présentée au monde entier comme un bunker est en réalité une pièce du sous-sol du bâtiment principal. Elle n’a plus exactement la même allure que celle découverte par les téléspectateurs au lendemain de l’arrestation de l’ex-chef de l’Etat. Aujourd’hui, ce petit local équipé d’un bureau et de fauteuils est envahi par de l’eau qui coule d’un tuyau cassé dans les toilettes de la pièce. Plusieurs documents abandonnés ici par Laurent Gbagbo sont immergés. L’endroit est calme, sauf le bruit de la fuite d’eau. En remontant le petit couloir, deux passerelles convergent vers une autre pièce du sous-sol. Nettement plus grande que le petit bureau de l’ex-président, celle-ci ressemble à une salle de réunion. Des chaises sont disposées autour d’une grande table. Mais les derniers occupants ne semblaient pas être en train de tenir une simple réunion. Des exemplaires de la bible oubliés sur la table ou sur des chaises montrent que l’on a beaucoup prié ici. Des sachets d’attiéké se trouvent encore devant certains sièges. Sous la table, quelques boîtes de sardine restent dans un carton. Dans cette ‘’salle de prière’’ en plus des bibles et de restes de nourritures, il y a aussi des munitions de mitrailleurs et un sac de grenades.
Attention aux mines anti-personnel
Retour au rez-de-chaussée. Les vitres des battants du salon principal sont brisées. Des balles d’armes lourdes sont passées par là. A l’intérieur, presque tous les fauteuils sont renversés. Les tapis sont complètement trempés. Une autre fuite d’eau. Au-dessus de nos têtes, toute une toiture noire. Sûrement les effets des bombardements. Ils ont entièrement détruit l’aile droite du grand bâtiment. Celle qui est proche de la lagune. De ces ruines, on peut contempler, à une cinquantaine de mètres de là, un aquarium continue d’être arrosée par une pompe. Pas question de s’en approcher. Elle se trouve dans le jardin. Tous les visiteurs venus ce lundi matin avec le Premier ministre Guillaume ont été strictement invités à éviter les pelouses. Des mines anti-personnel auraient été enterrées à plusieurs endroits, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la cour. Les traces de ces pièges sont bien visibles à l’extérieur.
Au moins 5 corps retrouvés
A la gauche de la guérite, on remarque des traces de pioches à travers le gazon, devant la façade. Des spécialistes ont été commis depuis quelques jours au déminage des lieux. Il n’est pas encore terminé. Sur l’espace cité, deux chars calcinés présentent eux-aussi l’impact des bombardements effectués par l’Onuci et la force Licorne pour détruire les armes lourdes de Laurent Gbagbo. Quelques mètres après la guérite, un barbelé de fer traverse le bitume. A droite, dans le petit camp de la garde républicaine, il ne reste plus que des murs sans toits. Juste derrière la clôture de la base militaire, un véhicule 4x4 de l’armée et une camionnette de transport de troupes portent des impacts d’armes lourdes. La véritable entrée de la résidence n’est pas loin de là. Un gros trou dans le mur témoignage de la violence des combats qui ont eu lieu ici. Le passage des piétons étant hermétiquement fermé, il faut entrer par celui des véhicules. Une odeur suffocante se dégage d’un corbillard stationné sur le chemin non loin de là. Le véhicule funèbre contient un des corps recueillis à la résidence par une équipe de la Croix-Rouge-Côte d’Ivoire. Elle est conduite par Franck Kodjo. «Notre opération a débuté vendredi. Depuis lors nous avons découvert 5 corps dont quatre militaires et un technicien de surface. Ces corps étaient déjà en état de putréfaction. Nous poursuivons nos recherches », a expliqué l’humanitaire.
Cissé Sindou
A partir du salon de la résidence présidentielle de Cocody, il faut emprunter un escalier pour atteindre les chambres du couple présidentiel sortant. Ceux qui connaissent mieux les lieux peuvent y aller plus vite en empruntant l’ascenseur qui s’ouvre dans un couloir du même salon. A l’étage, Laurent et Simone Gbagbo vivaient dans deux chambres qui se font face. En venant de l’escalier, celle de l’ex-chef de l’Etat se trouve à droite. La porte franchie, on découvre une grande pièce sens dessus-dessous. Quelques documents trainent encore sur cinq étagères placés çà et là. L’autre partie des documents, la plus importante, s’est retrouvée au sol. Ce sont des dizaines de livres, de revues, et de pochettes de cassettes-vidéo portant généralement l’effigie de Laurent Gbagbo. Ce sont des films documentaires ou des reportages sur les moments les plus marquants de son passage à la tête de l’Etat. Sous la pile de paperasse, deux matelas et des posters brisés de l’ex-président. Le décor en dit long sur la colère des premières personnes qui y sont passées après son arrestation le 11 avril dernier. Au fond de la chambre, il y a deux portes : l’une mène à la garde-robe et l’autre conduit vers la salle de bain située à gauche. La première découverte ici, ce sont des costumes et des pantalons froissés, des cravates et des maillots de corps trainant sur les restes d’un placard démonté. Juste derrière, c’est une baignoire marbrée dépouillée de ses robinets. A la droite du couloir principal de la salle de bain se trouvent des lavabos remplis de produits pharmaceutiques déjà utilisés. Essentiellement des médicaments contre l’hypertension et les allergies de la peau comme Triatec, Alepsal, Diprosone-pommade. En revenant vers la garde-robe, de loin, on aperçoit sur des cintres des costumes cette fois bien dressées. Dans un coin de la cellule était caché un coffre-fort. Visiblement éventré à l’aide de gros moyens, il a été vidé de son contenu.
Le ‘’bunker’’innondé
Dans la chambre de Simone
Gbagbo, c’est le même désordre qui accueille. A la différence qu’ici, les livres et les pochettes de Cd déversés au sol et sur des meubles portent beaucoup plus des mentions religieuses. Ce sont des documents de prières chrétiennes. Comme chez son époux, deux matelas sont visibles dans l’amas d’effets. Un imposant fauteuil noir attire également l’attention. Des bouteilles vides de champagne sont posées ici et là. Une photo du couple pend au mur. Dans sa garde-robe située au fond, à droite, de nombreux vêtements sont encore saignement rangés dans des placards. D’autres sont éparpillés dans un couloir.
La partie du complexe présidentiel présentée au monde entier comme un bunker est en réalité une pièce du sous-sol du bâtiment principal. Elle n’a plus exactement la même allure que celle découverte par les téléspectateurs au lendemain de l’arrestation de l’ex-chef de l’Etat. Aujourd’hui, ce petit local équipé d’un bureau et de fauteuils est envahi par de l’eau qui coule d’un tuyau cassé dans les toilettes de la pièce. Plusieurs documents abandonnés ici par Laurent Gbagbo sont immergés. L’endroit est calme, sauf le bruit de la fuite d’eau. En remontant le petit couloir, deux passerelles convergent vers une autre pièce du sous-sol. Nettement plus grande que le petit bureau de l’ex-président, celle-ci ressemble à une salle de réunion. Des chaises sont disposées autour d’une grande table. Mais les derniers occupants ne semblaient pas être en train de tenir une simple réunion. Des exemplaires de la bible oubliés sur la table ou sur des chaises montrent que l’on a beaucoup prié ici. Des sachets d’attiéké se trouvent encore devant certains sièges. Sous la table, quelques boîtes de sardine restent dans un carton. Dans cette ‘’salle de prière’’ en plus des bibles et de restes de nourritures, il y a aussi des munitions de mitrailleurs et un sac de grenades.
Attention aux mines anti-personnel
Retour au rez-de-chaussée. Les vitres des battants du salon principal sont brisées. Des balles d’armes lourdes sont passées par là. A l’intérieur, presque tous les fauteuils sont renversés. Les tapis sont complètement trempés. Une autre fuite d’eau. Au-dessus de nos têtes, toute une toiture noire. Sûrement les effets des bombardements. Ils ont entièrement détruit l’aile droite du grand bâtiment. Celle qui est proche de la lagune. De ces ruines, on peut contempler, à une cinquantaine de mètres de là, un aquarium continue d’être arrosée par une pompe. Pas question de s’en approcher. Elle se trouve dans le jardin. Tous les visiteurs venus ce lundi matin avec le Premier ministre Guillaume ont été strictement invités à éviter les pelouses. Des mines anti-personnel auraient été enterrées à plusieurs endroits, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la cour. Les traces de ces pièges sont bien visibles à l’extérieur.
Au moins 5 corps retrouvés
A la gauche de la guérite, on remarque des traces de pioches à travers le gazon, devant la façade. Des spécialistes ont été commis depuis quelques jours au déminage des lieux. Il n’est pas encore terminé. Sur l’espace cité, deux chars calcinés présentent eux-aussi l’impact des bombardements effectués par l’Onuci et la force Licorne pour détruire les armes lourdes de Laurent Gbagbo. Quelques mètres après la guérite, un barbelé de fer traverse le bitume. A droite, dans le petit camp de la garde républicaine, il ne reste plus que des murs sans toits. Juste derrière la clôture de la base militaire, un véhicule 4x4 de l’armée et une camionnette de transport de troupes portent des impacts d’armes lourdes. La véritable entrée de la résidence n’est pas loin de là. Un gros trou dans le mur témoignage de la violence des combats qui ont eu lieu ici. Le passage des piétons étant hermétiquement fermé, il faut entrer par celui des véhicules. Une odeur suffocante se dégage d’un corbillard stationné sur le chemin non loin de là. Le véhicule funèbre contient un des corps recueillis à la résidence par une équipe de la Croix-Rouge-Côte d’Ivoire. Elle est conduite par Franck Kodjo. «Notre opération a débuté vendredi. Depuis lors nous avons découvert 5 corps dont quatre militaires et un technicien de surface. Ces corps étaient déjà en état de putréfaction. Nous poursuivons nos recherches », a expliqué l’humanitaire.
Cissé Sindou