Depuis une semaine, Gbagbo Laurent se conjugue au passé. L’ancien président qui avait décidé de s’accrocher au pouvoir par la force des armes, a finalement été vaincu par l’armée de celui que les Ivoiriens ont élu le 28 novembre dans les urnes. Après plusieurs centaines de morts, de blessés, de déplacés et sinistrés, le dictateur des lagunes a fini par être vaincu. Après seulement 12 journées d’affrontement avec les Forces républicaines, Gbagbo a perdu sa guerre. Pourtant, il avait mis tout ce qu’il avait en lui pour penser, concevoir, préparer et financer cette guerre qu’il a appelée de tous ses vœux. Déjà sous feu le Général Guei Robert, Gbagbo avait commencé à organiser une armée parallèle sous la grande muette. Obnubilé par le pouvoir, le général Robert Guei n’avait rien vu venir jusqu’au 24 octobre 2000 où Gbagbo s’est appuyé sur une partie de l’armée pour le chasser. Ce dernier, au terme d’une élection arrangée avait refusé de reconnaitre la victoire de Gbagbo. Depuis ce jour, Gbagbo a commencé à asseoir un régime dur. Et quand la crise militaro-civile éclate en septembre 2002, le pouvoir de Gbagbo est finalement contrarié par une rébellion qui divise le pays en deux. Après le cessez- le-feu, la Côte d’Ivoire se précipite dans une course aux accords pour un retour à la normale. Mais au moment où le monde entier se mobilisait pour un retour à la paix, Gbagbo Laurent lui, préparait la guerre. Il ne s’en cachait d’ailleurs pas. « Après moi c’est le chaos… C’est la guerre civile », se plaisait-il à dire à qui voulait l’entendre. Pour atteindre son but, Gbagbo a monté un cabinet clandestin dirigé par Kadet Bertin qui préparait la fameuse guerre. En 2004, il pense qu’il est prêt. Au moment où le chef d’Etat-major de l’époque, Doué Mathias est en de bon terme avec les Forces nouvelles, les hommes de main de Gbagbo ont acheté assez d’armes, formé de nombreux miliciens et recruté des mercenaires un peu partout. En novembre 2004, ils surprennent tout le monde, y compris le général Doué Mathias, et lancent l’opération « Dignité », sa guerre rêvée. Malheureusement pour eux, le bombardement de la base militaire française de Bouaké, amène la Licorne à stopper net l’armée de Gbagbo. Ses aéronefs sont détruits et son armée défaite est obligée de ranger les armes. La Côte d’Ivoire renoue avec les négociations pour trouver une issue pacifique à la crise. Mais Gbagbo tient toujours à son funeste projet. Il tient à sa guerre et se donne les hommes et les moyens pour l’atteindre. Gbagbo grille Doué Mathias et confie la grande muette à Philippe Mangou promu général quatre étoiles. Mais en réalité, l’armée à un commandement parallèle. Les généraux Mangou, Kassaraté et Brindou sont quasiment des faire-valoir. Les vraies décisions sont prises par les généraux Dogbo Blé, Vagba Faussignaux et Guiai Bi Poin. Ces derniers, aidés par des proches de Gbagbo constituent avec lui et son épouse, l’aile dure. Les va-t-en-guerre qui veulent coute que coute broyer tous ceux qui lorgneraient vers le pouvoir de Gbagbo. L’ennemi juré étant Alassane Ouattara. Cette équipe travaille à préparer la grande déflagration. L’argent du contribuable est détourné des recettes publiques pour acheter des armes, former des miliciens et recruter des mercenaires. Pendant ce temps, au grand jour, Gbagbo donne l’illusion de vouloir aller à la paix et aux élections. Il signe l’accord de Ouagadougou et nomme Soro Guillaume comme premier ministre en 2007. Ce dernier doit conduire le processus jusqu’au bout et offrir à la Côte d’Ivoire un nouveau président pour définitivement mettre fin à la crise. Tout va bien et les Ivoiriens et la communauté internationale se mettent à rêver. C’était la paix des braves, pourrait-on écrire. Que nenni ! Dans l’antichambre du clan Gbagbo, les nouvelles sont inquiétantes. Les grandes oreilles révèlent que ce dernier continue d’acheter armes sur armes. Pis, Gbagbo s’appuie sur les réseaux angolais, libériens et biélorusses pour s’offrir des chiens de guerre. Des mercenaires hyper entrainés et des instructeurs de haut niveau. L’Angola avait donné 92 éléments de l`Unité de la Garde Présidentielle à la présidence ivoirienne sous le commandement du colonel Vitor Manena. Au moment où on doit passer à l’élection présidentielle, l’armée de tueurs de Gbagbo est opérationnelle. Dans le dernier rapport que le Secrétaire général de l’ONU transmet au Conseil de sécurité de l’ONU, il fait état de 4500 mercenaires recrutés par Gbagbo Laurent. C’est fort de cet arsenal de guerre, de ces hommes et de tout l’argent amassé que l’ancien maître d’Abidjan a refusé le verdict des urnes et est entré dans la belligérance. Fermé à tout dialogue, Gbagbo a emprunté le chemin de la défiance et de la délinquance. N’offrant à Alassane Ouattara et au monde entier que l’usage de la force. Il était prêt pour sa guerre qu’il a si longtemps préparée. Mais personne n’imaginait la puissance de feu que Gbagbo cachait. Il donne un avant gout à l’ouest où ses hommes abandonnent un BM 21 à la frontière libérienne. Le premier ministre Soro n’était qu’au début de ses surprises. Dans la capitale politique, les forces d’Alassane Ouattara comprennent que Gbagbo est tout sauf un enfant de cœur. Les armes découvertes dans la résidence présidentielle laissent sans voix. Mais c’est à Abidjan que le monde entier découvre que Gbagbo avait minutieusement préparé sa sale guerre. Au camp de gendarmerie d’Agban, au Palais présidentiel du Plateau, à la garde Républicaine, à la base navale de Locodjro et surtout à la Résidence de Cocody, Gbagbo a réalisé de véritables poudrières des plus équipées. La suite on la connait. L’ONU a dû prendre une Résolution pour donner mandat à l’Onuci et à la force Licorne pour détruire les armes lourdes des forces de Gbagbo. Finalement, les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire réussiront à neutraliser Gbagbo et ses mercenaires pour mettre ainsi fin à une guerre qu’il aura mis 10 ans, à préparer.
Koné Lassiné
Koné Lassiné