ZEAGLO (Côte d`Ivoire) - Dans le village de Zeaglo, les maisons ont presque toutes brûlé: les violences communautaires de la fin mars ont rappelé combien dans l`Ouest ivoirien riche en cacao, la question de la propriété de la terre reste explosive.
Dans cette zone proche de la frontière libérienne, les décombres sont les
signes des violences qui ont accompagné les combats entre partisans du
président déchu Laurent Gbagbo et forces du chef d`Etat Alassane Ouattara, au
commencement de leur offensive sur Abidjan.
Depuis de longues années, des conflits fonciers déchirent l`Ouest, où se
trouvent les plantations les plus fertiles du premier producteur mondial de
cacao.
Ils opposent autochtones guéré, réputés favorables à M. Gbagbo,
propriétaires des terres et catholiques, aux "allogènes" (Ivoiriens venus
d`autres régions) et étrangers - notamment du Burkina - qui y travaillent,
partisans de M. Ouattara et musulmans.
"Nos parents sont venus il y a 50 ans. Je suis né ici. Nous avons payé les
terres, planté, mis en valeur et maintenant les guéré veulent nous voler le
fruit de notre travail", dénonce Savadobo Mahama, 41 ans, un responsable de la
communauté burkinabé de Zeaglo.
Son voeu: "retourner comme au temps de Houphouët", clame-t-il en référence
au "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, qui fit venir de nombreux
migrants d`Afrique de l`Ouest pour développer l`économie.
Dans un pays où un quart de la population serait étrangère, les tensions
ont été avivées par la politique d`"ivoirité" inaugurée dans les années 1990
avant Laurent Gbagbo, et qui a conduit jusqu`à maintenant des autochtones à
revendiquer les terres cédées à des planteurs allogènes ou étrangers.
Or, savoir qui possède réellement la terre est difficile en l`absence de
titres formels de propriété.
"Lors de la campagne électorale, les partisans de Gbagbo promettaient que
s`il était réélu, les étrangers seraient contraints de quitter le pays",
affirme Fofana, un Burkinabè.
Allogènes et étrangers accusent les guéré d`avoir brûlé leurs maisons avant
même le début des combats.
"On travaillait aux champs quand les mercenaires libériens sont arrivés
avec les miliciens guéré, alors on s`est sauvés dans la brousse. Ma maison a
brûlé, je n`ai plus rien", explique Maxime Compaoré, 32 ans.
Mais les maisons des guéré ont aussi été incendiées. "On ne sait pas qui a
brûlé les leurs", assure-t-il.
Longtemps, le rapport de forces fut favorable aux guéré, moins nombreux
mais bénéficiant de l`appui des autorités. Aujourd`hui, tout a changé et les
guéré se disent victimes d`une épuration ethnique.
"On veut nous exterminer pour prendre nos terres, nos forêts, les
plantations de cacao et les donner aux étrangers. Ceux qui travaillaient dans
les plantations sont venus en ville tuer leurs +tuteurs+ (propriétaires) et
accaparer leurs terres", raconte un réfugié guéré, qui a peur de donner son
nom.
Sur le terrain, les Forces républicaines (FRCI) de M. Ouattara prêchent la
réconciliation entre communautés, enjeu politique et économique crucial.
"Le président a dit qu`il faut mettre tous les Ivoiriens ensemble. On est
là pour assurer la protection de tous", explique à Zeaglo le capitaine Eddy
devant une trentaine de guéré, sortis de la brousse et réunis à l`ombre d`un
manguier.
"Allez voir les Burkinabè et dites-leur de laisser les guéré en paix.
Dites-leur bien que la guerre est finie", répond le chef du village, Georges
Diéhi.
Quelques centaines de mètres plus loin, le capitaine s`adresse ensuite aux
Burkinabè.
"Nous ne sommes pas venus pour arracher aux guéré leurs forêts et vous les
donner. On a mis fin aux attaques qui vous visaient, mais vous devez vous
réconcilier avec vos tuteurs et les respecter".
Dans cette zone proche de la frontière libérienne, les décombres sont les
signes des violences qui ont accompagné les combats entre partisans du
président déchu Laurent Gbagbo et forces du chef d`Etat Alassane Ouattara, au
commencement de leur offensive sur Abidjan.
Depuis de longues années, des conflits fonciers déchirent l`Ouest, où se
trouvent les plantations les plus fertiles du premier producteur mondial de
cacao.
Ils opposent autochtones guéré, réputés favorables à M. Gbagbo,
propriétaires des terres et catholiques, aux "allogènes" (Ivoiriens venus
d`autres régions) et étrangers - notamment du Burkina - qui y travaillent,
partisans de M. Ouattara et musulmans.
"Nos parents sont venus il y a 50 ans. Je suis né ici. Nous avons payé les
terres, planté, mis en valeur et maintenant les guéré veulent nous voler le
fruit de notre travail", dénonce Savadobo Mahama, 41 ans, un responsable de la
communauté burkinabé de Zeaglo.
Son voeu: "retourner comme au temps de Houphouët", clame-t-il en référence
au "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, qui fit venir de nombreux
migrants d`Afrique de l`Ouest pour développer l`économie.
Dans un pays où un quart de la population serait étrangère, les tensions
ont été avivées par la politique d`"ivoirité" inaugurée dans les années 1990
avant Laurent Gbagbo, et qui a conduit jusqu`à maintenant des autochtones à
revendiquer les terres cédées à des planteurs allogènes ou étrangers.
Or, savoir qui possède réellement la terre est difficile en l`absence de
titres formels de propriété.
"Lors de la campagne électorale, les partisans de Gbagbo promettaient que
s`il était réélu, les étrangers seraient contraints de quitter le pays",
affirme Fofana, un Burkinabè.
Allogènes et étrangers accusent les guéré d`avoir brûlé leurs maisons avant
même le début des combats.
"On travaillait aux champs quand les mercenaires libériens sont arrivés
avec les miliciens guéré, alors on s`est sauvés dans la brousse. Ma maison a
brûlé, je n`ai plus rien", explique Maxime Compaoré, 32 ans.
Mais les maisons des guéré ont aussi été incendiées. "On ne sait pas qui a
brûlé les leurs", assure-t-il.
Longtemps, le rapport de forces fut favorable aux guéré, moins nombreux
mais bénéficiant de l`appui des autorités. Aujourd`hui, tout a changé et les
guéré se disent victimes d`une épuration ethnique.
"On veut nous exterminer pour prendre nos terres, nos forêts, les
plantations de cacao et les donner aux étrangers. Ceux qui travaillaient dans
les plantations sont venus en ville tuer leurs +tuteurs+ (propriétaires) et
accaparer leurs terres", raconte un réfugié guéré, qui a peur de donner son
nom.
Sur le terrain, les Forces républicaines (FRCI) de M. Ouattara prêchent la
réconciliation entre communautés, enjeu politique et économique crucial.
"Le président a dit qu`il faut mettre tous les Ivoiriens ensemble. On est
là pour assurer la protection de tous", explique à Zeaglo le capitaine Eddy
devant une trentaine de guéré, sortis de la brousse et réunis à l`ombre d`un
manguier.
"Allez voir les Burkinabè et dites-leur de laisser les guéré en paix.
Dites-leur bien que la guerre est finie", répond le chef du village, Georges
Diéhi.
Quelques centaines de mètres plus loin, le capitaine s`adresse ensuite aux
Burkinabè.
"Nous ne sommes pas venus pour arracher aux guéré leurs forêts et vous les
donner. On a mis fin aux attaques qui vous visaient, mais vous devez vous
réconcilier avec vos tuteurs et les respecter".