Les déplacés horrifiés retrouvent leurs maisons pillées
Ce matin, il découvre, la mort dans l’âme, sa maison. Revenu de Tiassalé où il s’était refugié, Kouakou Cédric n’en croit pas ses yeux. Des individus en armes déguisés en éléments des forces républicaines de Côte d’Ivoire ont dévasté, il y a quelques semaines, son domicile au quartier «les quatre villas » à Williamsville non loin du camp de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs 1). Des meubles aux appareils électroménagers en passant par les vêtements et ustensiles de cuisine, rien n’a été épargné. «Tout est parti. Après avoir fracturé le portail et la porte principale, ils ont pillé toute la demeure. Il n’y a même pas une aiguille », se lamente Cédric sorti en catastrophe avec toute sa famille aux premières heures des combats entre les éléments de la Crs 1 et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire(Frci). Selon lui, il s’est mis à l’abri des obus et des roquettes lancés par les soldats de l’ancien président sur Williamsville. Il explique qu’il s’est enfui de son domicile de quatre trois pièces pour des raisons de sécurité. Nous étions quotidiennement menacés par les éléments de la Crs et les étudiants de la cité universitaire, précise l’enseignant en indiquant qu’une semaine avant l’offensive des Frci, la boutique du coin appartenant à un ressortissant de la Mauritanie a été cassée et pillée par les étudiants transformés en miliciens. «On était constamment en danger. Si nous avons eu la vie sauve il n’en demeure pas moins que nous avons tout perdu. Il va falloir recommencer à zéro », fulmine notre interlocuteur ahuri par l’ampleur du pillage de sa concession où des documents traînent encore sur le sol. Selon lui, le préjudice s’élève à plus d’un million Fcfa.
Autre lieu même scène de pillage. Les deux immeubles jumelés en face du groupe scolaire Lobat à Macaci ont été dépouillés les 29 et 30 mars. Diaby Moustapha a fait les frais du commando de pilleurs. Son appartement et ceux de ces co-locataires ont été copieusement mis à sac. « Il ne reste que nos vêtements. Les meubles et surtout les appareils électroménagers tels que les postes téléviseurs à écran plasma, les réfrigérateurs, les splits ont été emportés. Nous sommes abasourdis par ce spectacle. On ne connaît pas l’identité des pilleurs. Cependant, la situation de chaos a bien profité à certaines personnes. Elles se sont constituées un butin de guerre. Ce n’est pas normal », se désole l’agent comptable. Comme si cela ne suffisait pas, son véhicule de type 4X4 immatriculé 4512 EF est encore introuvable. Comme Cédric et Moustapha, ce sont des centaines de personnes dont les maisons ont été pillées. Ces actes ont été commis, souligne un observateur, avant, pendant et après les combats pour le contrôle de la Crs 1.
Des biens et des véhicules retrouvés
Les affrontements ont opposé les éléments des forces républicaines de Côte d’Ivoire et les derniers soldats de l’ancien chef de l’Etat appuyés par les étudiants transformés en miliciens sans oublier les mercenaires angolais logés à la cité universitaire de Williamsville. Le préjudice des pillages de domiciles est incalculable, à en croire M. Diaby. Il dépose une plainte tout comme Cédric au commissariat de police du 11ème arrondissement partiellement incendié le 2 avril. «On ne sait jamais. Nous avons l’état des dégâts. Le président de la République a promis dédommager les personnes victimes de pillages. Il a aussi indiqué que les éléments des Frci identifiés comme des pilleurs seront radiés. Nous faisons confiance au chef de l’Etat », indique Moustapha. Le commissaire de police intérimaire, Doumbia Ahmed connu sous le pseudonyme Kafarou entouré de ses collaborateurs Diabaté Zana et Koné Lacoum nous confie qu’un plan de sécurisation et de ratissage a été mis en route pour soit retrouver les biens volés soit empêcher les casses de domiciles par des bandits de tout acabit déguisés en élements Frci. « Nous avons quadrillé le quartier. Des patrouilles motorisées sont permanentes. Nous enregistrons les plaintes appuyées par les photos des maisons pillées. L’objectif est d’avoir des traces écrites afin que les agents de police puissent continuer le moment opportun les procédures. Cependant, nous avons pu mettre la main sur des pilleurs et les victimes ont retrouvé une partie de leurs biens », souligne-t-il entouré de son équipe de 46 éléments. D’ailleurs, une patrouille effectuée par ceux-ci, le week-end dernier, au quartier «Vietnam» a permis de récupérer une dizaine de voitures braquées et un camion remorque appartenant à la société Pepsi dont les plaques d’immatriculation ont été élevées.
Ouattara Moussa