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Politique Publié le jeudi 21 avril 2011 | Le Nouveau Réveil

Jean Michel Moulod (président du groupe parlementaire du Pdci) : “Ce n`est pas la guerre qui légitime le président Ouattara, ce sont les élections qu`il a gagnées” “Simone Gbagbo n`est pas indispensable à l`Assemblée nationale”

Au sortir de la réunion des présidents de conseils et de groupes parlementaires, hier, à l'Assemblée nationale, le député de Grand Bassam, président du Groupe parlementaire Pdci-Rda, Jean Michel Moulod, s'est prêté à nos questions. En sa qualité de maire de la commune de Grand Bassam, il a également parlé de la situation sécuritaire et de la réconciliation dans la première capitale de Côte d'Ivoire.
M le président, vous avez eu ce matin, une rencontre de la conférence des présidents. Peut-on savoir de quoi il a été question ?
Vous savez que nous étions en vacances parlementaires, nous avions même eu une session extraordinaire qui avait avorté en ce qui nous concerne. Et puis statutairement, le dernier mercredi du mois d'avril, on ouvre la première session ordinaire et cela est précédé toujours par ce qu'on appelle la conférence des présidents. C'est à cette conférence des présidents que nous a conviés le président de notre institution, le président Mamadou Koulibaly que nous avons eu plaisir à retrouver. A cette rencontre, nous avons décidé qu'il était bon qu'il y ait cette rentrée solennelle parce que c'est constitutionnel. Quand on sera réuni, on verra ce qu'il faut faire. On a demandé une plus grande sécurisation car tous nos bureaux ont été pillés. Les coffres-forts de l'Assemblée ont été emportés. Les bureaux des présidents de conseil, des présidents de groupes parlementaires dont le mien ont été tous pillés. Nous avons souhaité également qu'on permette à notre institution de jouer pleinement son rôle, ce qui n'a pas été tout à fait le cas dans les dernières années de notre mandat.

Est-ce que les présidents de tous les groupes parlementaires étaient présents ?
On peut dire globalement que tous les groupes parlementaires étaient représentés. Parfois à un niveau très faible, comme le groupe Fpi. Mais il faut convenir que nous avons été convoqués lundi. Certains sont dans leur circonscription, d'autres sont en déplacement à l'extérieur. Il faut espérer que pour la rentrée solennelle, on sera presqu'au grand complet.

Quelle était l'ambiance à cette réunion ?
L'ambiance était amicale. Je pense que le président Mamadou Koulibaly qui a également retrouvé sa résidence pillée est venu très décontracté. Nous avons échangé. Vous savez que quand on se retrouve ainsi, ça va toujours très bien. C'est après qu'il y a des sujets qui fâchent.

Concrètement, quels sont les élus Fpi qui ont pris part à cette réunion, hormis le président Koulibaly ?
Il y avait le vice-président du groupe parlementaire Fpi, Brissi Takaléa Claude. Je crois qu'il était en déplacement ces derniers temps, mais je crois qu'il était revenu pour la réunion. Du côté du groupe parlementaire Loyauté, ils étaient représentés. Le président du groupe parlementaire Solidarité, Koné Ousmane était là. Du côté du Pdci, moi-même j'étais présent. Dié Mamadou était là pour l'Udpci. Beaucoup sont arrivés d'ailleurs après. Au vu des députés que nous avons vus, je crois que le groupe parlementaire Pdci était largement représenté.

On est curieux de savoir si vous avez des nouvelles de certaines figures de proue de l'Assemblée nationale comme la vice-présidente Ago Marthe ?
Non, personnellement, je n'ai pas de nouvelles d'elle. Mais je pense que à la rentrée solennelle, on en saura plus et on verra apparaitre, je l'espère, les grande figures de l'Assemblée.

Les participants à la réunion pour le compte du Fpi vous ont-ils laissé croire à un retour massif de leurs collègues incessamment ?
Nous n'en avons parlé. Je crois qu'ils se sont retrouvés un peu esseulés. Mais j'espère que les autres seront là pour la rentrée.

Cette rencontre amorce un peu la reprise des activités au niveau de l'Etat, comment voyez-vous la suite de cette reprise ?
Le président du groupe parlementaire que je suis, espère que l'Institution se mette à la disposition du président. Un groupe parlementaire que je ne cite pas a préféré faire allégeance au président de la République. Dès le début, l'ensemble de la Mouvance parlementaire, l'ensemble des élus du Rhdp, ont apporté leur soutien total au président de la République. J'ai parlé au nom des élus. Ce que je peux espérer, c'est que c'est l'Institution qui aille se mettre à la disposition du président de la République. Tout en demandant que tous les moyens soient donnés pour que notre Institution joue son rôle. Maintenant, il peut avoir des problèmes juridiques qui se posent. Tout cela mis sur la table, nous discuterons de la façon dont on fonctionnera. L'essentiel, c'est que l'Institution demeure, qu'on marque ce qui est constitutionnel. C'est pourquoi, on a tenu que la rentrée solennelle ait lieu et puis que nous donnions un contenu. Et cela va se faire avec l'exécutif parce que si le président ne nous envoie aucune loi, il nous sera difficile de délibérer comme il se doit. Et puis, ça répond également à cet appel du président de la République à la reprise de travail dans tous les secteurs.

Pensez-vous que contrairement à l'ancien régime, l'Assemblée nationale pourra se démarquer de l'exécutif en observant scrupuleusement le principe de la séparation des pouvoirs ?
Je ne dis pas que l'Institution aille faire allégeance dans le cadre de la séparation des pouvoirs. Mais elle doit se mettre dans le schéma. Parce que si vous n'êtes pas dans le schéma du chef de l'exécutif, je ne vois pas trop comment vous allez fonctionner. Il le faut en attendant qu'on fixe les conditions pour un retour devant les urnes des députés et pour qu'une nouvelle Assemblée soit mise en place. Mais en attendant, nous sommes là, il faut bien travailler dans des schémas qui nous sont tracés.

Combien de temps encore, cette Assemblée peut rester en exercice ?
Jusqu'au renouvellement. Elle peut tenir en place jusqu'à ce qu'on fixe la période des élections. Si on fixe les élections dans trois mois, trois mois après, il y aura une nouvelle Assemblée. Si c'est dans six mois, six mois après, il y aura une nouvelle Assemblée et vous verrez des visages nouveaux.

Mme Simone Gbagbo, député d'Abobo, présidente du groupe parlementaire Fpi, n'est plus dans le groupe. Est-ce qu'en pareille circonstance, l'Assemblée nationale à une disposition particulière à prendre ?
Elle a un vice-président qui est le député Brissi Takaléa Claude qui souvent la remplace quand elle a d'autres occupations. Je pense donc que le groupe fonctionne. C'est comme si je n'étais pas là, il y a un vice-président du groupe. Nul n'est indispensable ou irremplaçable dans ce cas là, fusse-t-elle l'ex-première dame.

Le président de la République met un accent particulier sur la réconciliation et la reconstruction du pays. Est-ce qu'au niveau de l'Assemblée nationale, il y a une place prépondérante que vous comptez occuper au niveau de ce volet ?
Je crois qu'individuellement, chaque député dans sa localité, est invité à s'insérer dans la politique de réconciliation. Il y a l'institution certes, mais chacun d'entre nous est l'élu du peuple. Il œuvre sur le plan national, mais il peut également œuvrer dans sa circonscription. A Grand-Bassam chez moi, une fois que le président a lancé les grandes lignes de son action, il me revient de les traduire auprès de ceux qui m'ont fait confiance. Chacun s'accorde à dire que cette réconciliation est indispensable. Il faut sécuriser le pays. Il faut que le pays se remette au travail. Il faut que la Côte d'Ivoire revive. L'économie de la Côte d'Ivoire s'est arrêtée depuis le braquage de la Bceao, le départ des grandes banques, l'assèchement financier. Aujourd'hui, on doit tout faire pour sécuriser le pays, faire tout pour que le travail reprenne, que les opérateurs reprennent du service et chacun d'entre nous œuvre à la réconciliation. Je n'ai pas de crainte personnelle à ce niveau. Mais déjà, il y a un élément qui me parait important à souligner. J'ai écouté les déclarations de certains responsables qui m'ont laissé perplexe. Ils vont parfois se rallier, mais quand on les interroge, ils ne disent pas président élu. Il y en a qui disent que le Rhdp a gagné la guerre, donc ils prennent acte. Non ! Il y a eu des élections, et il y a eu un président qui a été élu. La réconciliation va dépendre de la capacité de nous les leaders, à faire chacun son mea-culpa et être dans la vérité. Si aujourd'hui, quelqu'un part de la guerre en feignant ignorer qu'il y a eu des élections que le président Alassane Ouattara a gagnées, la réconciliation va connaitre des difficultés. Moi, j'ai foi en notre capacité d'Ivoiriens d'aller à la réconciliation vraie. Ce peuple est extraordinaire quand il veut l'être. Une fois que le chef a donné sa vision, on va mettre les conditions, et chacun œuvrant à son niveau, on va réussir la réconciliation. C'est cela mon souhait. On devra étonner le monde avec la rapidité avec laquelle on va recoudre le tissu social qui est totalement déchiré.

Selon vous, ce n'est donc pas la guerre qui a porté le président Ouattara au pouvoir, mais plutôt la voie des urnes.
C'est cela la vérité. Il y a eu des élections proprement préparées, bien menées avec le soutien de la communauté internationale qui nous soutient de toutes ses forces depuis longtemps. Quand elle nous donne de l'argent, on est content de le prendre, et puis après, on la vilipende, on la traite de tous les noms. Le second tour de l'élection présidentielle s'est très bien passé. Le résultat était connu de chacun d'entre nous dès le lendemain du scrutin. Tout le monde sait que celui qui a gagné est bel et bien Alassane Ouattara. La Cei l'a bien proclamé. Le super arbitre que nous nous sommes donné nous-mêmes qu'est l'Onu, a certifié cette élection. On entend aujourd'hui des personnes bien pensantes, même des leaders dire qu'on a oublié la certification, que quand Yao-N'dré a parlé, c'est fini. Ils oublient qu'il a commis une forfaiture. Il faut rendre hommage au président Ouattara. On a grogné par moments parce qu'on estimait qu'il prenait trop de temps. Il a été très patient, il a laissé toutes les voies de négociation s'exercer. Qu'est-ce que nous n'avons tous dit quand l'Ua a pris en main le dossier et a demandé un mois et en plus 15 jours pour faire appliquer ses décisions dites contraignantes ? On était nombreux à grogner, mais il est resté serein parce qu'il voulait donner la chance à la Côte d'Ivoire de sortir de la crise pacifiquement. Vous imaginez la Côte d'Ivoire aujourd'hui, si le 04 décembre, l'ancien président Laurent Gbagbo avait passé la main à son successeur, avec son soutien et sa bénédiction, on était à zéro certes, on est passé au 5e sous sol avec la crise, mais sûrement qu'aujourd'hui, on serait au 5e étage. Ça a été un gâchis inestimable. On se rend compte que la Côte d'Ivoire a plongé par l'entêtement d'une personne, et d'un clan qui a refusé le verdict des urnes. Le Rhdp a préparé les élections et les a gagnées. C'est quand toutes les voies de recours ont été utilisées sans succès, et celui qui était installé refusait de partir, que l'option de l'enlever a été mise sur la table.
Donc l'objectif de la guerre qui a eu lieu, c'était de l'enlever de son fauteuil. Ce n'est pas la guerre qui légitime le président Ouattara, ce sont les élections qu'il a gagnées.

Vous êtes aussi le maire de la commune de Grand Bassam, comment se passe la cohabitation de votre localité ?
Bassam est l'Afrique et la Côte d'Ivoire en miniature. Dès le 14 mars, vous avez vu comment Bassam était au front des manifestations. Les jeunes ont manifesté, les leaders étaient à la tâche, et puis après, les femmes sont rentrées en mouvement. Vous connaissez la marche des femmes. Quand les femmes ont décidé de rentrer dans la danse et qu'elles ont fait quatre manifestations extraordinaires, dès le 14 mars après le panel, j'ai réuni l'ensemble des populations. La salle que j'ai choisie était beaucoup trop petite. Il y avait autant de monde à l'intérieur qu'à l'extérieur. J'ai passé un message simple. J'ai dit : " Maintenant, on a épuisé toutes les voies de dialogue, le verdict est tombé. Tournons la page et allons à la réconciliation. Il y a eu beaucoup de haine, et Bassam n'a pas échappé à ce fait. Certains voulaient me découper à la machette dans mon propre village s'ils m'avaient attrapé. Mais je leur ai dit qu'il n'y avait aucune raison pour que la haine s'empare des uns et des autres. Je leur ai dit, tournons la page politique, allons à la réconciliation. " Je crois que le message a beaucoup apaisé. Et j'ai fait beaucoup d'appels à la radio locale, j'ai eu le retour d'un leader du Lmp qui m'a dit, vos appels sont très apaisants, il faut continuer, ça nous rassure. Mais il faut tout de même dire que tout n'est pas facile. Le 31 mars, nous avons assisté à un phénomène, 157 prisonniers sont sortis de la prison. Le même jour, des rumeurs annonçaient les Frci à Aboisso, la police a disparu, la brigade de gendarmerie s'est vidée. La même nuit, ceux qui sont sortis de la prison ont commencé à piller des magasins à partir de minuit. Ils ont commencé par le commissariat. Mais je rends hommage aux jeunes du Rhdp. Nous les avons mobilisés cette nuit-là, ils sont descendus à 2 heures du matin, ils ont fait écran pour stopper les pillages. Je leur rends hommage. Dès le lendemain, j'ai demandé aux jeunes de me proposer une organisation pour arrêter les pillages puisque nous n'avions plus de policiers ni de gendarmes pour assurer la sécurité. Les jeunes nous ont proposé une organisation, les mains nues, par leur présence dans la ville, ont réussi à dissuader les pillards. Nous avons fait coiffer cette organisation par une structure de sécurité qui avait des voitures, des maîtres chiens. On a eu de très bons résultats. Après, nous avons reçu beaucoup de déplacés dont tous n'étaient pas de bonne moralité. Bassam est la première localité de repli de tous les Fescistes et autres. Et puis, il y a eu aussi beaucoup de distributions d'armes. Avec ces armes, nous avons connu deux jours de pillages, une recrudescence des vols. Nous avons resserré notre système et avons vu la nécessité de faire revenir les forces de sécurité. Avec le Préfet, nous avons fait appel aux policiers restés sur place. Nous avons aussi dit aux gendarmes de sortir, de reprendre le travail. La mairie s'est engagée à remettre en état le commissariat qui a été pillé. Tous les efforts conjugués ont permis de calmer la situation, et puis les Frci sont arrivées samedi dernier. Un détachement est présent à Bassam, la sérénité est revenue au niveau des opérateurs économiques.

La résidence de Mme Gbagbo a été pillée, que s'est il passé ?
La réalité est que malheureusement, des jeunes gens qu'elle a elle-même fait former au maniement des armes, moins de trois heures après la chute du couple, sont partis piller la villa de l'ex-première dame. Beaucoup de ses effets se sont retrouvés dans les rues de Moossou, notre village à tous deux, dès le lendemain. On pourrait demander des comptes à son chargé de sécurité qui est de Bonoua, bien connu de tous, le moment venu. Il y a eu beaucoup d'armes qui ont été distribuées, je le dis. Le roi de Moossou a lancé l'appel aux jeunes de ramener les armes avant l'arrivée des Frci. Certains ont commencé à s'exécuter, mais les Frci ont donné un délai très court de trois jours pour que l'ensemble des armes soient remises. Nous allons tous dans ce sens. Nous avons passé des appels auprès de tous pour demander aux jeunes de déposer les armes. Les Forces républicaines sont claires : tous ceux qu'ils prendront avec des armes alors même qu'ils n'ont pas le droit de porter cette arme, seront traités comme un ennemi. Qu'ils déposent donc les armes dans la plus grande discrétion s'ils le veulent. Et je voudrais remercier tous ceux qui nous aident à sortir de la crise. Je remercie la communauté internationale qui nous a permis d'éviter le pire. La réconciliation ne va pas se décréter, ce ne sera pas un mot, ça sera l'effort permanent de chacun d'aller vers l'autre pour passer l'éponge et se retrouver autour de l'essentiel.

Interview réalisée par Paul Koffi et Diarrasouba Sory
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