Au Golf Hôtel, l’entourage de l’ancien président, Laurent Gbagbo, mis aux arrêts le 11 avril dernier, est traité avec tous les égards. Bro Grébé, Béchio, Diabaté Beh, les plus célèbres, sont dans une prison climatisée.
Avez-vous déjà vu des prisonniers vivant dans un hôtel quatre étoiles ? Peu de monde auraient mis une pièce il y a un mois. Eh bien, c’est une réalité au Golf hôtel situé à la Riviera avec son cadre de rêve. Depuis la chute spectaculaire de l’ex-président, Laurent Gbagbo, le lundi 11 avril 2011 à 11 heures et son transfert dans cette enceinte, beaucoup de choses ont changé. Pour ceux qui connaissent l’endroit, ils n’auront aucun mal à répérer la fameuse prison dorée qu’on y trouve. A l’origine, Laurent Gbagbo et son épouse, Simone, ont été emmenés (de force) à l’hôtel du Golf accompagnés de 105 autres personnes. Après un rapide dispatching, les parents de l’ex-couple présidentiel ont eu droit aux chambres du 4è étage. Les membres de l’administration, les politiques, les militaires et les employés de maisons, eux, n’ont pas eu cette chance. C’est tout ce « troupeau » qui s’est retrouvé dans l’ancien bar « le Flamboyant ». Une fois dans le hall donc de l’hôtel, sur la droite, vous pouvez avoir la chance de voir les prisonniers enfermés derrière une porte peinte en noir et surveillée par une douzaine d’éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Notre demande d’aller faire un tour là-dedans est vite rejetée par A.L. « Ce n’est pas la peine d’insister. Nous avons des consignes fermes. Avec un peu de chance, vous verrez certains qui veulent aller aux toilettes, sortir. Que mangent-ils ? « Le président de la République a exigé qu’ils soient servis avant tout le monde. Ils ont donc le petit-déjeuner (8h-8h30), le repas de midi (17h30-14h) et le dîner (13h30-20h30). Au menu, riz-sauce, pâtes, poulet, etc. », raconte-t-il. Et de faire cette confidence : « Vous savez que l’ancienne ministre des sports et patronne des femmes patriotes, Bro Grébé Geneviève, se déplace avec des béquilles tellement elle a été bastonnée avant son arrivée ici ? Un jour au restaurant « Ebrié », elle attendait d’être servie et a demandé du poulet. Quelqu’un lui a lancé au visage qu’en tant que prisonnière, elle n’avait rien à exiger. Toujours aussi tenace, Bro Grébé s’est permis de rabrouer l’emmerdeur en lui criant : « Je ne suis pas n’importe qui. Je suis une ancienne ministre… Qu’est-ce qu’on en a à foutre ? A-t-elle reçu comme réponse. Ambiance. Selon plusieurs témoignages, l’impertinente Bro Grébé a échappé à un lynchage ». Pour le reste des prisonniers dont les plus célèbres ont été transférés ailleurs, on reconnaît Diabaté Beh, Jean-Jacques Béchio, la secrétaire particulière de Gbagbo, Bro Grébé et le phénomène de la RTI, Serge Boguhet. Réputé pour sa dévotion à Gbagbo, ce cameraman, agent de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) est écroué pour avoir profité de la situation de crise dans l’entreprise qui l’emploie pour « s’offrir » une dizaine de caméras. Pis, il aurait pris plusieurs kalachnikovs pour les distribuer à des étudiants. Lui-même flanqué de la sienne, jouait les chefs d’unités. C’est donc là-bas qu’il a été pris. Tiens, le voilà qui sort de la prison « dorée » en compagnie d’une dame et de Diabaté Beh. « Où vont-ils » ? « Accompagnés de membres de la sécurité, discrets mais identifiables par leurs brassards orange, ils se dirigent vers les toilettes « pour leurs besoins personnels », précise encore A.L. Habillé d’une culotte et d’un tricot, Serge Boguhet a une petite serviette à la main et toussote. Devant lui, dans le hall, se tiennent Baba Coul de la RTI et Brou Aka Pascal. Il range ses mains derrière, et s’incline. Poliment. « Je crois qu’il n’en reste plus qu’une douzaine car certains ont été déplacés. Personne n’a un téléphone portable pour communiquer avec l’extérieur. Et seule Bro Grébé dort sur un matelas à cause de son état de santé… », complète A.L. Nous apprenons que dans sa grande bonté, le ministre des Infrastructures économiques, Patrick Achi, a créé une chaîne de solidarité pour donner quelques vêtements aux prisonniers. « Jean-Jacques Béchio a été molesté et est arrivé au Golf Hôtel avec une chemise en lambeaux et un pantalon déchiré. Il avait aussi le visage ensanglanté. On leur a aussi acheté des tapettes de douche… ». Où se lavent-ils ? « Il y a des douches destinées au personnel de l’hôtel dans le sous-sol. C’est là-bas qu’ils se lavent… ». Voici des prisonniers qui sont enfermés dans une prison climatisée.
Guy-Florentin Yaméogo
Avez-vous déjà vu des prisonniers vivant dans un hôtel quatre étoiles ? Peu de monde auraient mis une pièce il y a un mois. Eh bien, c’est une réalité au Golf hôtel situé à la Riviera avec son cadre de rêve. Depuis la chute spectaculaire de l’ex-président, Laurent Gbagbo, le lundi 11 avril 2011 à 11 heures et son transfert dans cette enceinte, beaucoup de choses ont changé. Pour ceux qui connaissent l’endroit, ils n’auront aucun mal à répérer la fameuse prison dorée qu’on y trouve. A l’origine, Laurent Gbagbo et son épouse, Simone, ont été emmenés (de force) à l’hôtel du Golf accompagnés de 105 autres personnes. Après un rapide dispatching, les parents de l’ex-couple présidentiel ont eu droit aux chambres du 4è étage. Les membres de l’administration, les politiques, les militaires et les employés de maisons, eux, n’ont pas eu cette chance. C’est tout ce « troupeau » qui s’est retrouvé dans l’ancien bar « le Flamboyant ». Une fois dans le hall donc de l’hôtel, sur la droite, vous pouvez avoir la chance de voir les prisonniers enfermés derrière une porte peinte en noir et surveillée par une douzaine d’éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Notre demande d’aller faire un tour là-dedans est vite rejetée par A.L. « Ce n’est pas la peine d’insister. Nous avons des consignes fermes. Avec un peu de chance, vous verrez certains qui veulent aller aux toilettes, sortir. Que mangent-ils ? « Le président de la République a exigé qu’ils soient servis avant tout le monde. Ils ont donc le petit-déjeuner (8h-8h30), le repas de midi (17h30-14h) et le dîner (13h30-20h30). Au menu, riz-sauce, pâtes, poulet, etc. », raconte-t-il. Et de faire cette confidence : « Vous savez que l’ancienne ministre des sports et patronne des femmes patriotes, Bro Grébé Geneviève, se déplace avec des béquilles tellement elle a été bastonnée avant son arrivée ici ? Un jour au restaurant « Ebrié », elle attendait d’être servie et a demandé du poulet. Quelqu’un lui a lancé au visage qu’en tant que prisonnière, elle n’avait rien à exiger. Toujours aussi tenace, Bro Grébé s’est permis de rabrouer l’emmerdeur en lui criant : « Je ne suis pas n’importe qui. Je suis une ancienne ministre… Qu’est-ce qu’on en a à foutre ? A-t-elle reçu comme réponse. Ambiance. Selon plusieurs témoignages, l’impertinente Bro Grébé a échappé à un lynchage ». Pour le reste des prisonniers dont les plus célèbres ont été transférés ailleurs, on reconnaît Diabaté Beh, Jean-Jacques Béchio, la secrétaire particulière de Gbagbo, Bro Grébé et le phénomène de la RTI, Serge Boguhet. Réputé pour sa dévotion à Gbagbo, ce cameraman, agent de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) est écroué pour avoir profité de la situation de crise dans l’entreprise qui l’emploie pour « s’offrir » une dizaine de caméras. Pis, il aurait pris plusieurs kalachnikovs pour les distribuer à des étudiants. Lui-même flanqué de la sienne, jouait les chefs d’unités. C’est donc là-bas qu’il a été pris. Tiens, le voilà qui sort de la prison « dorée » en compagnie d’une dame et de Diabaté Beh. « Où vont-ils » ? « Accompagnés de membres de la sécurité, discrets mais identifiables par leurs brassards orange, ils se dirigent vers les toilettes « pour leurs besoins personnels », précise encore A.L. Habillé d’une culotte et d’un tricot, Serge Boguhet a une petite serviette à la main et toussote. Devant lui, dans le hall, se tiennent Baba Coul de la RTI et Brou Aka Pascal. Il range ses mains derrière, et s’incline. Poliment. « Je crois qu’il n’en reste plus qu’une douzaine car certains ont été déplacés. Personne n’a un téléphone portable pour communiquer avec l’extérieur. Et seule Bro Grébé dort sur un matelas à cause de son état de santé… », complète A.L. Nous apprenons que dans sa grande bonté, le ministre des Infrastructures économiques, Patrick Achi, a créé une chaîne de solidarité pour donner quelques vêtements aux prisonniers. « Jean-Jacques Béchio a été molesté et est arrivé au Golf Hôtel avec une chemise en lambeaux et un pantalon déchiré. Il avait aussi le visage ensanglanté. On leur a aussi acheté des tapettes de douche… ». Où se lavent-ils ? « Il y a des douches destinées au personnel de l’hôtel dans le sous-sol. C’est là-bas qu’ils se lavent… ». Voici des prisonniers qui sont enfermés dans une prison climatisée.
Guy-Florentin Yaméogo