La grave crise post-électorale a été sans pitié pour tout le monde. Les footballeurs locaux, eux, sans salaires ni primes de matches, se débrouillent comme ils peuvent..
Les joueurs de la Ligue 1 traversent une période noire depuis le déclenchement de la crise post-électorale. Sans argent, sans entraînements, sans le parfum de la compétition, sans motivation, sans visibilité nette sur leur avenir immédiat, ils survivent tout de même. Comme ils peuvent. « Les banques sont ouvertes. Les fonctionnaires ont commencé à recevoir leurs salaires. Et nous ? », continue de demander un joueur de l’USC Bassam à son coéquipier qui ne sait pas trop quoi lui répondre. Il faut dire que la situation est vraiment difficile. Présidents de clubs et dirigeants sont devenus invisibles. Surtout ceux proches de la défunte majorité présidentielle. A l’Asec mimosas, une fois n’est pas coutume. Plusieurs joueurs jurent accuser des arriérés de salaires. « On nous paie au compte-goutte », souffle l’un d’entre eux qui insiste pour garder l’anonymat. « C’était très compliqué. Moi-même, j’ai été rapatrié en France le 7 avril via Dakar car la situation devenait trop dangereuse. J’ai eu des nouvelles des joueurs presque quotidiennement. Ils vont bien même si certains d’entre eux ont été obligés de rester chez eux pendant plusieurs jours, sans quasiment rien manger.
Des joueurs sont devenus
gérants de cabines
téléphoniques…
Ceux qui habitaient près de notre centre d’entraînement de Sol béni y sont allés pour trouver du riz. Mais mentalement, ils sont tous affectés, car ils ont vu des choses difficilement soutenables », raconte l’entraîneur Sébastien Desabre sur le site de Jeune Afrique. Et l’ex-coach de Cannet-Rocheville, modeste club de CFA 2 français, d’ajouter : « Dans mon effectif, il y a des pro-Ouattara, des pro-Gbagbo, des neutres, des musulmans et des chrétiens. Chacun respecte le point de vue de l’autre». Côté Africa Sports, on a eu l’ingénieuse idée de regrouper l’ensemble du groupe au complexe sportif de la Sotra à Port-Bouët. Aujourd’hui, il en reste une dizaine. C’est donc là-bas que N’Gouan Konan Ruffin, Kouamé Koffi Christian, Kouamé Magloire et autres Deroux Rouxel qui a fui Yopougon, dorment dans leur dortoir climatisé et mangent. Hier, le président-délégué, Eric Tiacoh, sensible à leur cas, est passé leur remettre un peu d’argent pour qu’ils tiennent jusqu’au dimanche. Il leur a même promis de régler leurs salaires dans les prochains jours. Au complexe sportif de la Sotra, toujours, le cœur n’est plus au jeu après l’arrestation du président Kuyo Téa Narcisse mais aussi depuis le départ en Serbie du coach Doko Kokovic et de son adjoint Thomas Vazov. Les joueurs maintiennent, toutefois, la forme en faisant de la musculation dans une salle. A la JCAT, les joueurs n’ont aucune information. Le milieu Kuyo Gbelia Oscar a carrément fui Yopougon pour Abobo. L’ASC Ouragahio continue de rechercher son car « volé » au siège du Conseil économique et social au Plateau. Dans la grisaille, l’Asec mimosas, toujours en course en Ligue des champions, ne chôme pas. C’est ce qu’indique son coach français : « Le coup d’envoi du championnat, prévu le 5 mars dernier, a été reporté. On a donc disputé quelques matchs amicaux. Ce n’était pas toujours simple d’arriver jusqu’à Sol béni, à cause des barrages. Mais on y arrivait parce que les joueurs étaient reconnus et que le staff technique circule dans des voitures avec le logo de l’Asec, un club très populaire en Côte d’Ivoire ».
Pour survivre, certains joueurs sont devenus de petits commerçants. Un attaquant de l’ASC Ouragahio, vivant dans le quartier d’Angré à Cocody, parvient à vivoter en se transformant en gérant de cabines téléphonique. Sans salaire depuis trois mois, il a du mal à payer son loyer qui s’élève à 70.000 francs Cfa mais grâce à la compréhension du propriétaire de la maison, il peut voir venir. Ce milieu de terrain du Stade d’Abidjan, lui, raconte : « sans le petit commerce de ma fiancée, je ne sais pas comment j’allais m’en sortir. Elle vend de l’alloco et c’est cela qui nous permet de subsister… ». Les frères Voli Bi (Hyacinthe et Landry) restent loin de la commune où ils ont toujours vécu, Yopougon. Le nouveau défenseur du Stade d’Abidjan et le jeune ailier de l’ES Bingerville ont pu trouver refuge dans la localité de Jacqueville. Quant aux joueurs de l’ASI d’Abengourou, ils ont eu la chance d’avoir été surpris par la crise au moment où ils étaient encore en stage dans l’Indénié. Mais leur entraîneur Gba Bernadin, à Abidjan, a dû se réfugier chez son ami Zèrè Patrice à Faya. Il y a aussi l’histoire de ce jeune défenseur d’Issia Wazy, vivant à Adjamé, qui pour tenir le coup, se contentait de ses recettes. Ayant eu l’ingénieuse idée de s’offrir cinq brouettes qu’il confie à des jeunes débrouillards de sa cité, en effet, il reçoit quotidiennement 10.000 francs soit 2.000 francs par brouettes. Comme on le voit, la situation est très difficile pour nos athlètes. Malgré la situation socio-politique et quelques approches de clubs du golfe Persique, l’entraîneur de l’Asec, Sébastien Desabre prépare le délicat voyage au Maroc contre le Raja le 7 mai. « On aimerait partir quelques jours plus tôt afin d’effectuer un stage au Maroc, dans des conditions plus sereines », explique-t-il. « Mais l’argent manque. Pour aller jouer au Maroc, il faut d’abord que nous trouvions les fonds nécessaires ». A Hiré FC, les joueurs sont dévastés. Avec la fuite de leur président au Ghana, ils ne se font plus d’illusions quant au règlement de leurs arriérés de salaires.
Un joueur touché par balle
Continuant de payer un lourd tribut de la crise post-électorale, tous les footballeurs n’ont pas eu la chance d’éviter les balles meurtrières des deux camps. Le pauvre attaquant de l’ASC Ouragahio (ex-Stade d’Abidjan), Toh Lecadou Gauthier, a été touché à l’épaule à Yopougon par une balle. Dieu merci, celle-ci a pu être retirée dans un hôpital de la place. Mais le joueur reste marqué. Très marqué.
Guy-Florentin Yaméogo
Les joueurs de la Ligue 1 traversent une période noire depuis le déclenchement de la crise post-électorale. Sans argent, sans entraînements, sans le parfum de la compétition, sans motivation, sans visibilité nette sur leur avenir immédiat, ils survivent tout de même. Comme ils peuvent. « Les banques sont ouvertes. Les fonctionnaires ont commencé à recevoir leurs salaires. Et nous ? », continue de demander un joueur de l’USC Bassam à son coéquipier qui ne sait pas trop quoi lui répondre. Il faut dire que la situation est vraiment difficile. Présidents de clubs et dirigeants sont devenus invisibles. Surtout ceux proches de la défunte majorité présidentielle. A l’Asec mimosas, une fois n’est pas coutume. Plusieurs joueurs jurent accuser des arriérés de salaires. « On nous paie au compte-goutte », souffle l’un d’entre eux qui insiste pour garder l’anonymat. « C’était très compliqué. Moi-même, j’ai été rapatrié en France le 7 avril via Dakar car la situation devenait trop dangereuse. J’ai eu des nouvelles des joueurs presque quotidiennement. Ils vont bien même si certains d’entre eux ont été obligés de rester chez eux pendant plusieurs jours, sans quasiment rien manger.
Des joueurs sont devenus
gérants de cabines
téléphoniques…
Ceux qui habitaient près de notre centre d’entraînement de Sol béni y sont allés pour trouver du riz. Mais mentalement, ils sont tous affectés, car ils ont vu des choses difficilement soutenables », raconte l’entraîneur Sébastien Desabre sur le site de Jeune Afrique. Et l’ex-coach de Cannet-Rocheville, modeste club de CFA 2 français, d’ajouter : « Dans mon effectif, il y a des pro-Ouattara, des pro-Gbagbo, des neutres, des musulmans et des chrétiens. Chacun respecte le point de vue de l’autre». Côté Africa Sports, on a eu l’ingénieuse idée de regrouper l’ensemble du groupe au complexe sportif de la Sotra à Port-Bouët. Aujourd’hui, il en reste une dizaine. C’est donc là-bas que N’Gouan Konan Ruffin, Kouamé Koffi Christian, Kouamé Magloire et autres Deroux Rouxel qui a fui Yopougon, dorment dans leur dortoir climatisé et mangent. Hier, le président-délégué, Eric Tiacoh, sensible à leur cas, est passé leur remettre un peu d’argent pour qu’ils tiennent jusqu’au dimanche. Il leur a même promis de régler leurs salaires dans les prochains jours. Au complexe sportif de la Sotra, toujours, le cœur n’est plus au jeu après l’arrestation du président Kuyo Téa Narcisse mais aussi depuis le départ en Serbie du coach Doko Kokovic et de son adjoint Thomas Vazov. Les joueurs maintiennent, toutefois, la forme en faisant de la musculation dans une salle. A la JCAT, les joueurs n’ont aucune information. Le milieu Kuyo Gbelia Oscar a carrément fui Yopougon pour Abobo. L’ASC Ouragahio continue de rechercher son car « volé » au siège du Conseil économique et social au Plateau. Dans la grisaille, l’Asec mimosas, toujours en course en Ligue des champions, ne chôme pas. C’est ce qu’indique son coach français : « Le coup d’envoi du championnat, prévu le 5 mars dernier, a été reporté. On a donc disputé quelques matchs amicaux. Ce n’était pas toujours simple d’arriver jusqu’à Sol béni, à cause des barrages. Mais on y arrivait parce que les joueurs étaient reconnus et que le staff technique circule dans des voitures avec le logo de l’Asec, un club très populaire en Côte d’Ivoire ».
Pour survivre, certains joueurs sont devenus de petits commerçants. Un attaquant de l’ASC Ouragahio, vivant dans le quartier d’Angré à Cocody, parvient à vivoter en se transformant en gérant de cabines téléphonique. Sans salaire depuis trois mois, il a du mal à payer son loyer qui s’élève à 70.000 francs Cfa mais grâce à la compréhension du propriétaire de la maison, il peut voir venir. Ce milieu de terrain du Stade d’Abidjan, lui, raconte : « sans le petit commerce de ma fiancée, je ne sais pas comment j’allais m’en sortir. Elle vend de l’alloco et c’est cela qui nous permet de subsister… ». Les frères Voli Bi (Hyacinthe et Landry) restent loin de la commune où ils ont toujours vécu, Yopougon. Le nouveau défenseur du Stade d’Abidjan et le jeune ailier de l’ES Bingerville ont pu trouver refuge dans la localité de Jacqueville. Quant aux joueurs de l’ASI d’Abengourou, ils ont eu la chance d’avoir été surpris par la crise au moment où ils étaient encore en stage dans l’Indénié. Mais leur entraîneur Gba Bernadin, à Abidjan, a dû se réfugier chez son ami Zèrè Patrice à Faya. Il y a aussi l’histoire de ce jeune défenseur d’Issia Wazy, vivant à Adjamé, qui pour tenir le coup, se contentait de ses recettes. Ayant eu l’ingénieuse idée de s’offrir cinq brouettes qu’il confie à des jeunes débrouillards de sa cité, en effet, il reçoit quotidiennement 10.000 francs soit 2.000 francs par brouettes. Comme on le voit, la situation est très difficile pour nos athlètes. Malgré la situation socio-politique et quelques approches de clubs du golfe Persique, l’entraîneur de l’Asec, Sébastien Desabre prépare le délicat voyage au Maroc contre le Raja le 7 mai. « On aimerait partir quelques jours plus tôt afin d’effectuer un stage au Maroc, dans des conditions plus sereines », explique-t-il. « Mais l’argent manque. Pour aller jouer au Maroc, il faut d’abord que nous trouvions les fonds nécessaires ». A Hiré FC, les joueurs sont dévastés. Avec la fuite de leur président au Ghana, ils ne se font plus d’illusions quant au règlement de leurs arriérés de salaires.
Un joueur touché par balle
Continuant de payer un lourd tribut de la crise post-électorale, tous les footballeurs n’ont pas eu la chance d’éviter les balles meurtrières des deux camps. Le pauvre attaquant de l’ASC Ouragahio (ex-Stade d’Abidjan), Toh Lecadou Gauthier, a été touché à l’épaule à Yopougon par une balle. Dieu merci, celle-ci a pu être retirée dans un hôpital de la place. Mais le joueur reste marqué. Très marqué.
Guy-Florentin Yaméogo