Les Ivoiriens l’ont vu, comme à ses habitudes, à travers les écrans de télévision, débonnaire, souriant et visiblement détendu. Laurent Gbagbo, c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas failli à cette réputation qu’on lui connaît quand le groupe de sages est allé le voir dans sa résidence surveillée de Korhogo. Comme par enchantement, le déchu du 11 avril 2011, a fait à ses visiteurs des confidences qui sont révélatrices de son état d’âme de l’heure. Lesquelles confidences tranchent avec ses actes de défiance qui ont abouti à la grave crise postélectorale et qui l’ont conduit à sa perte. Récemment, dans les colonnes d’un confrère, le Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU a révélé que l’ancien chef de l’Etat n’était pas lui-même quand il le rencontrait pour échanger sur la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Ce n’est pas un Gbagbo aux regards hébétés, aux gestes incorrects, au langage belliqueux, totalement déconnecté des réalités qu’il nous a été donné de voir. Mais plutôt un Gbagbo plus conciliant, revenu à la raison seulement trois semaines après son arrestation. Même si l’homme a habitué ses compatriotes à des revirements aussi spectaculaires qu’inextricables, il faut le dire tout net, Gbagbo semble redevenu plus lucide. Il semble définitivement sorti de sa boule mystico-religieuse constituée de prestidigitateurs qui ont perdu lui et sa Refondation. Avec un peu de circonspection, il revient à la réalité des faits qu’il n’aurait jamais dû nier ou botter en touche. D’abord, Gbagbo a reconnu, aux dires des sages, la victoire du Dr. Alassane Dramane Ouattara à l’élection présidentielle de novembre 2010. On se demande alors pourquoi un tel entêtement, qui a fait couler tant de sang. Quel gâchis ! Ensuite, le président déchu a exprimé ses vœux de voir la Côte d’Ivoire panser ses plaies. Et pourtant, il aurait dû éviter au pays ce grand désastre qui a causé beaucoup d’amertumes et de blessures indélébiles à la Nation ivoirienne. Et ce, pourvu qu’il ait le sens de la responsabilité et de l’histoire. Le temps des regrets voire des remords a certainement sonné pour celui qui se prenait, il y a juste un mois, pour l’homme fort et indéboulonnable d’Eburnie. Enfin, Gbagbo, dans le cadre de l’apaisement du climat social, entend s’adresser à ses affidés qui continuent de défier les Forces républicaines. Un signe de lucidité qui démontre que l’homme a pris conscience de ce qu’il a véritablement perdu le pouvoir. Signe d’un temps nouveau. Il faut l’espérer.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté