La folie humaine est passée par-là. La crise post-électorale qui a secoué la Côte d’Ivoire durant quatre mois, a atteint son point culminant avec les violences de tout genre notamment les destructions massives d’entreprises et de biens. Au moment où la reprise s’amorce, les chefs d’entreprise émettent leurs préoccupations.
Ce n’est pas une chimère, les activités économiques ont été sérieusement mises à mal durant les quatre mois de crise post-électorale imposée aveuglement par le clan de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo. La situation reste des plus ostensibles eu égard aux nombreux pillages et destructions d’entreprises. Les signes de cette folie humaine sont encore visibles sur le boulevard Valéry Giscard d’Estaing (Vge) de Marcory où certaines structures tardent encore à reprendre compte tenu des dégâts incalculables subis. A Sicomex, c’est la désolation d’autant plus que le bâtiment a été pillé et incendié. Une ruine inqualifiable. Malgré ce triste spectacle, des vigiles montent la garde et ne cessent de s’interroger sur la reprise réelle de ce grand magasin. D’Orca-tendance à Artis (spécialisé dans la distribution de meubles et autres objets décoratifs), via Côte d’Ivoire télécom (Cit) et Général informatique toujours sur le Vge, toutes ces structures ont fait les frais des pilleurs et autres destructeurs de biens privés. Un tableau alarmant qui a contribué à déstructurer les fondamentaux de l’économie du pays. Les derniers chiffres publiés par le Fonds monétaire international (Fmi) sur les conséquences de la crise post-électorale sont éloquents.
L’inqualifiable!
Selon l’institution de Bretton Woods, la Côte d’Ivoire a enregistré la plus forte récession économique au monde avec un taux de -7,5% de décroissance. Elle se place loin et très loin derrière son voisin, le Ghana avec un taux de 13,7%. Inimaginable pour ce pays à fort potentiel économique! En réalité, dans cette grisaille quasi-indescriptible, ce sont les Petites et moyennes entreprises (Pme) qui, plus touchées, tarderont à refaire surface contrairement aux grandes entreprises comme Cit. Très affectée par cette tendance à la décrépitude des activités économiques, Mme Ehui Marthe, présidente de la Fédération ivoirienne des petites et moyennes entreprises (Fipme) estime qu’il faut très rapidement un plan Marshall pour relancer véritablement les entreprises. «Nous pensons que plus de 60% des Pme ont été gravement affectées par cette crise. Si on veut réhabiliter nos entreprises ou si on veut préparer la reconstruction, il faut nécessairement mettre en œuvre un plan Marshall», soutient-elle, avant de dresser une liste non-exhaustive des différents secteurs qui ont payé un lourd tribut au conflit post-électoral qui a donné lieu à de violents combats armés à Abidjan. Il s’agit entre autres des sociétés de gardiennage qui sont dans un coma profond puisqu’elles ont été toutes disloquées. Les boulangeries ont connu aussi de réels problèmes à cause du manque d’énergies (électricité et gaz). Beaucoup d’entre elles qui avaient baissé pavillon, s’apprêtent tant bien que mal à reprendre progressivement. Idem pour les cliniques où la majorité avait fermé du fait de l’insécurité grandissante et du manque criard de médicaments. Le secteur des garages qui était dans une situation de précarité compte tenu de leur statut non encore clarifié (ils poussent dans des endroits non appropriés), s’est davantage détérioré et dégradé. Ce constat fait, la première responsable des Pme précise que ce nouveau plan de relance va consister à faire au premier chef, un état des lieux exhaustif : voir les entreprises qui sont réhabilitables, mettre en place de grands programmes qui vont donner naissance à des opportunités d’affaires, mettre en œuvre un système de financement adapté pour permettre aux Pme de pouvoir exercer leur métier.
Une agence de développement des Pme
«Il faudra mettre en place un cadre de soutien en matière de gestion et de management. Au niveau de la fiscalité, il faut élaborer un dispositif plus attrayant en la matière de sorte que les investisseurs puissent revenir et voir quelles sont les mesures fiscales à adopter pour permettre aux Pme d’avoir un moratoire», argumente Mme Ehui, ajoutant que les trésoreries des Pme sont pratiquement nulles du fait de l’intensification malheureuse de la crise. A ses yeux, le redécollage des entreprises ne peut se faire sans le soutien indéfectible des nouvelles autorités du pays, les maîtres d’œuvre de la reprise économique. «S’il est avéré que le secteur privé reste le moteur de la croissance et par ricochet, celui de la reconstruction, il n’y a pas de doute que le gouvernement ne s’investisse pas clairement à nos côtés. Et pour ce faire, nous suggérons qu’à défaut d’un ministère, il faudra que l’Etat puisse mettre en place une agence de développement des Pme qui bâtirait une stratégie cohérente pour le secteur», propose la chef d’entreprise qui annonce une rencontre imminente avec le ministre de tutelle. Dans le secteur des bâtiments, c’est également l’anéantissement total. Pour Soro Doté, président du bureau exécutif de la centrale syndicale des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics de Côte d’Ivoire (Synebaci), les opérateurs vivent difficilement puisqu’ils ont passé environ six mois sans véritable activité. Et même quand il y a des marchés, ces entreprises n’étaient pas payées du fait de l’opacité du système instauré par l’ancien régime. Conséquences, la gibecière des dettes intérieures s’est élargie drastiquement au point où de nombreux entrepreneurs ont préféré ne plus recourir à des marchés publics. Outre ces difficultés liées à l’aggravation de la crise, les Pme sont confrontées aux problèmes de financement. Parce que trop petites, trop fragiles, elles ne sont pas suivies par les banques qui sont obligées de pratiquer des taux élevés pour se prémunir du risque de défaillance de ces entreprises. Selon une étude de la Banque mondiale, 80 % des demandes de crédit formulées par les Pme (55 %) et les entreprises émergentes (25 %) sont rejetées par les institutions financières. Au dire de certains patrons, c’est le manque de lisibilité des Pme qui constitue un frein à l’accès au financement. Par conséquent, l’on doit envisager un encadrement de qualité qui intègre une formation en gestion et doit logiquement conduire à une meilleure appréciation du risque Pme.
Cissé Cheick Ely
Ce n’est pas une chimère, les activités économiques ont été sérieusement mises à mal durant les quatre mois de crise post-électorale imposée aveuglement par le clan de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo. La situation reste des plus ostensibles eu égard aux nombreux pillages et destructions d’entreprises. Les signes de cette folie humaine sont encore visibles sur le boulevard Valéry Giscard d’Estaing (Vge) de Marcory où certaines structures tardent encore à reprendre compte tenu des dégâts incalculables subis. A Sicomex, c’est la désolation d’autant plus que le bâtiment a été pillé et incendié. Une ruine inqualifiable. Malgré ce triste spectacle, des vigiles montent la garde et ne cessent de s’interroger sur la reprise réelle de ce grand magasin. D’Orca-tendance à Artis (spécialisé dans la distribution de meubles et autres objets décoratifs), via Côte d’Ivoire télécom (Cit) et Général informatique toujours sur le Vge, toutes ces structures ont fait les frais des pilleurs et autres destructeurs de biens privés. Un tableau alarmant qui a contribué à déstructurer les fondamentaux de l’économie du pays. Les derniers chiffres publiés par le Fonds monétaire international (Fmi) sur les conséquences de la crise post-électorale sont éloquents.
L’inqualifiable!
Selon l’institution de Bretton Woods, la Côte d’Ivoire a enregistré la plus forte récession économique au monde avec un taux de -7,5% de décroissance. Elle se place loin et très loin derrière son voisin, le Ghana avec un taux de 13,7%. Inimaginable pour ce pays à fort potentiel économique! En réalité, dans cette grisaille quasi-indescriptible, ce sont les Petites et moyennes entreprises (Pme) qui, plus touchées, tarderont à refaire surface contrairement aux grandes entreprises comme Cit. Très affectée par cette tendance à la décrépitude des activités économiques, Mme Ehui Marthe, présidente de la Fédération ivoirienne des petites et moyennes entreprises (Fipme) estime qu’il faut très rapidement un plan Marshall pour relancer véritablement les entreprises. «Nous pensons que plus de 60% des Pme ont été gravement affectées par cette crise. Si on veut réhabiliter nos entreprises ou si on veut préparer la reconstruction, il faut nécessairement mettre en œuvre un plan Marshall», soutient-elle, avant de dresser une liste non-exhaustive des différents secteurs qui ont payé un lourd tribut au conflit post-électoral qui a donné lieu à de violents combats armés à Abidjan. Il s’agit entre autres des sociétés de gardiennage qui sont dans un coma profond puisqu’elles ont été toutes disloquées. Les boulangeries ont connu aussi de réels problèmes à cause du manque d’énergies (électricité et gaz). Beaucoup d’entre elles qui avaient baissé pavillon, s’apprêtent tant bien que mal à reprendre progressivement. Idem pour les cliniques où la majorité avait fermé du fait de l’insécurité grandissante et du manque criard de médicaments. Le secteur des garages qui était dans une situation de précarité compte tenu de leur statut non encore clarifié (ils poussent dans des endroits non appropriés), s’est davantage détérioré et dégradé. Ce constat fait, la première responsable des Pme précise que ce nouveau plan de relance va consister à faire au premier chef, un état des lieux exhaustif : voir les entreprises qui sont réhabilitables, mettre en place de grands programmes qui vont donner naissance à des opportunités d’affaires, mettre en œuvre un système de financement adapté pour permettre aux Pme de pouvoir exercer leur métier.
Une agence de développement des Pme
«Il faudra mettre en place un cadre de soutien en matière de gestion et de management. Au niveau de la fiscalité, il faut élaborer un dispositif plus attrayant en la matière de sorte que les investisseurs puissent revenir et voir quelles sont les mesures fiscales à adopter pour permettre aux Pme d’avoir un moratoire», argumente Mme Ehui, ajoutant que les trésoreries des Pme sont pratiquement nulles du fait de l’intensification malheureuse de la crise. A ses yeux, le redécollage des entreprises ne peut se faire sans le soutien indéfectible des nouvelles autorités du pays, les maîtres d’œuvre de la reprise économique. «S’il est avéré que le secteur privé reste le moteur de la croissance et par ricochet, celui de la reconstruction, il n’y a pas de doute que le gouvernement ne s’investisse pas clairement à nos côtés. Et pour ce faire, nous suggérons qu’à défaut d’un ministère, il faudra que l’Etat puisse mettre en place une agence de développement des Pme qui bâtirait une stratégie cohérente pour le secteur», propose la chef d’entreprise qui annonce une rencontre imminente avec le ministre de tutelle. Dans le secteur des bâtiments, c’est également l’anéantissement total. Pour Soro Doté, président du bureau exécutif de la centrale syndicale des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics de Côte d’Ivoire (Synebaci), les opérateurs vivent difficilement puisqu’ils ont passé environ six mois sans véritable activité. Et même quand il y a des marchés, ces entreprises n’étaient pas payées du fait de l’opacité du système instauré par l’ancien régime. Conséquences, la gibecière des dettes intérieures s’est élargie drastiquement au point où de nombreux entrepreneurs ont préféré ne plus recourir à des marchés publics. Outre ces difficultés liées à l’aggravation de la crise, les Pme sont confrontées aux problèmes de financement. Parce que trop petites, trop fragiles, elles ne sont pas suivies par les banques qui sont obligées de pratiquer des taux élevés pour se prémunir du risque de défaillance de ces entreprises. Selon une étude de la Banque mondiale, 80 % des demandes de crédit formulées par les Pme (55 %) et les entreprises émergentes (25 %) sont rejetées par les institutions financières. Au dire de certains patrons, c’est le manque de lisibilité des Pme qui constitue un frein à l’accès au financement. Par conséquent, l’on doit envisager un encadrement de qualité qui intègre une formation en gestion et doit logiquement conduire à une meilleure appréciation du risque Pme.
Cissé Cheick Ely