Il a ravalé hier ses propres vomissures. Le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao-N’Dré, a rendu l’arrêt qui proclame le candidat du RHDP Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire. Pour rappel c’est ce même Yao-N’Dré qui avait, en parfaite violation des résultats annoncés par la Commission électorale (CEI), proclamé la victoire du candidat de LMP, Laurent Gbagbo. A l‘issue de second tour de la présidentielle. Or donc, c’est ADO qui a remporté les élections. Etait-ce si difficile à dire ou à reconnaitre? Question d’autant plus essentielle quand on sait que la crise postélectorale est née en grande partie des résultats tronqués proclamés par le Conseil constitutionnel avec à sa tête Yao-N’Dré. Une crise qui a duré presqu’un semestre et qui a fait d’énormes dégâts matériels et de nombreuses pertes en vies humaines sur toute l’étendue du territoire. Les chiffres officiels font état de 3000 morts durant cette période. Des Ivoiriens sont refugiés dans leur propre pays, d’autres ont passé les jours dans la brousse pour fuir les violences et les représailles des partisans du candidat déclaré vainqueur par Yao-N’Dré. Les stigmates de cette crise sont encore visibles. Les Ivoiriens se sont haïs, détestés par la complaisance d’un homme qui a refusé de dire le droit au moment il le fallait et qui, on ne sait trop pour quelles raisons, revient pour dire ce qu’il a refusé de dire, il y a juste quelques mois. Certes Yao-N’Dré a proclamé la victoire d’ADO, mais quel gâchis? Fallait-il tous ces morts, tous ces dégâts, tous ces vols, tous ces pillages, pour que le Conseil constitutionnel dise le droit? «Le pays demeure et les citoyens passent,» a osé déclarer le président du Constitutionnel à sa sortie d’audience avec le président de la République, hier. Les Ivoiriens sont étonnés que ce soit le numéro un du Conseil constitutionnel qui dise cela. Lui qui avait pensé certainement que la Côte d’Ivoire s’arrêtait à Laurent Gbagbo et son clan. Sinon, si le Professeur agrégé de droit qu’il est, était vraiment convaincu que les hommes passent et que le pays demeure, il aurait su que la Côte d’Ivoire s’est doté d’un nouveau président de la République après des élections de novembre 2010 que la communauté internationale a qualifié d’un des scrutins les plus démocratiques et ouverts qui soit. Et il suffisait que Yao-N’Dré dise le droit et rien que le droit pour que la symphonie soit parfaitement achevée. Hélas.
Yves-M. Abiet
Yves-M. Abiet