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Politique Publié le mardi 10 mai 2011 | Reuters

La Côte d`Ivoire compte ses morts et craint des représailles

Dans un bidonville de la périphérie d'Abidjan, des monticules de terre signalent l'emplacement de la fosse commune où reposent plusieurs dizaines de civils tués par des milices.
Selon les habitants du quartier de Yopougon, les corps de 68 membres de l'ethnie du président de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, ont été ensevelis là après avoir été tués par des miliciens loyaux au chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo, quelques heures après la capture de ce dernier le 11 avril.
"Il y a 29 personnes enterrées rien que dans celle-là", indique Ibrahim Bakayoko, un responsable local de 62 ans, sur cet ancien terrain de football transformé en fosse commune.
"Le lendemain de la chute de Gbagbo, les miliciens sont venus ici et sont allés de porte en porte, faisant sortir les Dioulas avant de les tuer", raconte-t-il.
Un mois après l'arrestation de Laurent Gbagbo, la Côte d'Ivoire n'en finit plus d'actualiser le bilan des violences électorales de ces derniers mois qui ont déjà fait au moins 3.000 morts et plus d'un million de déplacés.
"TOUT LE MONDE A PEUR"
La découverte de charniers va sans nul doute compliquer encore la tâche du président élu qui a promis d'oeuvrer en faveur de la réconciliation dans un pays divisé depuis plusieurs années et que le scrutin présidentiel de novembre dernier devait enfin permettre de réunir.
Le directeur adjoint chargé des droits de l'homme de l'Onu en Côte d'Ivoire, Guillaume Ngefa, a confirmé à Reuters que 68 corps avaient été découverts à Yopougon, sans préciser de quelle ethnie les victimes étaient issues.
Il a toutefois confirmé qu'elles avaient été tuées par des hommes armés de Kalachnikov à un moment où le quartier était encore sous contrôle des forces de Laurent Gbagbo.
Dans de nombreux quartiers de la banlieue, il est presque impossible de trouver un immeuble sans traces de balles.
Les combats ont, certes, cessé depuis la capture de Laurent Gbagbo mais, contrairement à la capitale économique où la vie a repris progressivement, Yopougon reste traumatisée.
Peu de personnes osent s'aventurer dans les rues détruites par les bombardements.
"Tout le monde a peur", résume Madou Bakari, guérisseur traditionnel. "On essaie d'oublier mais beaucoup sont partis d'ici et ne reviendront jamais. La vie est dure ici parce que nous avons tout perdu."
REPRÉSAILLES
La mission de maintien de la paix des Nations unies a ouvert une enquête sur les exactions présumées commises par les deux camps à Yopougon.
Certaines organisations caritatives redoutent que les forces d'Ouattara ne tentent de mener des attaques de représailles.
"C'est vraiment terminé ?", s'interrogeait lundi le quotidien Fraternité Matin sur son site internet.
Tout semble reposer désormais sur la capacité d'Alassane Ouattara à réconcilier les clans ennemis alors même que de nombreux Ivoiriens ont d'ores et déjà prévenu qu'ils n'étaient pas prêts à pardonner.
"Mon grand frère repose dans cette tombe", explique ainsi Aboubacar Meite, un commerçant de 25 ans. "Si je trouve ceux qui l'ont tué, je le vengerai, même si le président Ouattara nous demande de ne rien faire."
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