Les autorités sanitaires peinent à orienter les Ivoiriens quant à la maladie mystérieuse qui sévit à Abobo. Un silence pénible pour la population.
Chapeau au Dr Kéita Mamadou ! Grâce à ce médecin courageux, la population peut se faire, depuis hier, une idée de la maladie dite mystérieuse qui sévit à Abobo. Son interview, publiée par nos confrères de Le Patriote et de Fraternité Matin, est la première d’une voix officielle qui oriente, et même apaise les Abidjanais apeurés depuis la révélation de l’épidémie dimanche soir par un reportage de Télé Côte d’Ivoire(Tci). Ces jours de frayeurs, on aurait pu les éviter à des populations qui sortent de longs mois de traumatisme. Jusque-là, les responsables interrogés, même au plus haut sommet, s’étaient contentés de répondre que « les investigations sont en cours.» Pour sa part, Dr Kéita a expliqué que le mal qui a déjà fait quelques morts s’apparente à une pathologie courante : « Il s’agit de maladies de malnutrition. On a l’habitude de les rencontrer lorsque les populations ont des difficultés à certains moments de s’alimenter correctement. Ce qu’il faut retenir, c’est que nous avons diagnostiqué ces malades, du point de vue clinique ils ressemblent fort bien au béribéri. Les traitements que nous avons conduits à ce jour sont très favorables. C’est le lieu de rassurer nos concitoyens que, certes, il y a eu un reportage sur la maladie diffusé sur les antennes de la télévision ivoirienne, mais il serait trop tôt de dire que cette maladie aurait des rapports avec les déchets toxiques, etc. » (Cf : Le Patriote N°3443 du mercredi 11 mai, page 11). Tous les toubibs d’Abobo qui ont reçu certains de ces malades, y compris ceux que nous avons interrogés lundi à l’hôpital général de la commune, ont eu la même réaction. Autrement dit, nos médecins savent depuis les premiers cas que l’affection qui a atteint plusieurs Abobolais est d’ordre nutritionnel et pourrait difficilement avoir un lien avec des déchets toxiques ou les obus tombés dans leurs quartiers. A défaut de dire avec exactitude s’il s’agit du béribéri ou non, ils ont eu depuis lors la possibilité de dire ce que la maladie n’est pas.
Dix jours pour une analyse
Le béribéri qu’il évoque est une pathologie connue de tout bon médecin, et même de bien de profanes, et dont le traitement commence avant tout par le rééquilibre de l’alimentation du malade manquant de vitamine B1. Si de telles orientations avaient été données à l’équipe de TCI, cela aurait sans doute atténué la psychose provoquée par leur reportage. Mais certainement par craintes de réprésailles, les praticiens qui ont reçu nos confrères n’ont voulu rien dire de précis. Ils se sont limités à indiquer que des prélèvements ont été effectués et que des analyses sont en cours pour identifier la maladie. Une prudence justifiée quand on sait le zèle et les mesquineries qui caractérisent l’administration ivoirienne. On peut en faire les frais même quand on est directeur départemental de la santé comme Kéita Mamadou. Malheureusement, cela a souvent eu pour conséquence de faire souffrir davantage la population qui, privée d’orientation, reste désemparée. Le plus grave, c’est que tout en empêchant les subalternes de communiquer des informations utiles, les autorités ivoiriennes ont pris la fâcheuse habitude de ne jamais prendre l’initiative de l’information, quel que soit le domaine. Généralement, quand un problème se pose, s’ils ne sont pas attentistes, les premiers responsables gouvernementaux préfèrent entretenir le mystère. Ils ont tendance à retenir par irresponsabilité, ou encore par zèle, les informations les plus élémentaires. Ces attitudes qui ont marqué d’autres affaires comme celles des déchets toxiques, de la grippe aviaire et autres, semblent ne pas avoir encore disparu malgré l’avènement d’une nouvelle ère. Sinon, comment comprendre que depuis une dizaine de jours, on ne sache toujours rien des résultats d’ analyses de prélèvements effectués sur les malades d’Abobo et étudiés en laboratoire, ici à Abidjan même ? Avec plus de célérité, on aurait déjà mis fin aux équivoques et par voie de fait aux nombreuses rumeurs qui, elles aussi peuvent provoquer d’autres maladies psychologiques. Mais en lieu et place ce sont les mêmes lourdeurs pendant que les Ivoiriens souffrent. Hélas.
Cissé Sindou
Chapeau au Dr Kéita Mamadou ! Grâce à ce médecin courageux, la population peut se faire, depuis hier, une idée de la maladie dite mystérieuse qui sévit à Abobo. Son interview, publiée par nos confrères de Le Patriote et de Fraternité Matin, est la première d’une voix officielle qui oriente, et même apaise les Abidjanais apeurés depuis la révélation de l’épidémie dimanche soir par un reportage de Télé Côte d’Ivoire(Tci). Ces jours de frayeurs, on aurait pu les éviter à des populations qui sortent de longs mois de traumatisme. Jusque-là, les responsables interrogés, même au plus haut sommet, s’étaient contentés de répondre que « les investigations sont en cours.» Pour sa part, Dr Kéita a expliqué que le mal qui a déjà fait quelques morts s’apparente à une pathologie courante : « Il s’agit de maladies de malnutrition. On a l’habitude de les rencontrer lorsque les populations ont des difficultés à certains moments de s’alimenter correctement. Ce qu’il faut retenir, c’est que nous avons diagnostiqué ces malades, du point de vue clinique ils ressemblent fort bien au béribéri. Les traitements que nous avons conduits à ce jour sont très favorables. C’est le lieu de rassurer nos concitoyens que, certes, il y a eu un reportage sur la maladie diffusé sur les antennes de la télévision ivoirienne, mais il serait trop tôt de dire que cette maladie aurait des rapports avec les déchets toxiques, etc. » (Cf : Le Patriote N°3443 du mercredi 11 mai, page 11). Tous les toubibs d’Abobo qui ont reçu certains de ces malades, y compris ceux que nous avons interrogés lundi à l’hôpital général de la commune, ont eu la même réaction. Autrement dit, nos médecins savent depuis les premiers cas que l’affection qui a atteint plusieurs Abobolais est d’ordre nutritionnel et pourrait difficilement avoir un lien avec des déchets toxiques ou les obus tombés dans leurs quartiers. A défaut de dire avec exactitude s’il s’agit du béribéri ou non, ils ont eu depuis lors la possibilité de dire ce que la maladie n’est pas.
Dix jours pour une analyse
Le béribéri qu’il évoque est une pathologie connue de tout bon médecin, et même de bien de profanes, et dont le traitement commence avant tout par le rééquilibre de l’alimentation du malade manquant de vitamine B1. Si de telles orientations avaient été données à l’équipe de TCI, cela aurait sans doute atténué la psychose provoquée par leur reportage. Mais certainement par craintes de réprésailles, les praticiens qui ont reçu nos confrères n’ont voulu rien dire de précis. Ils se sont limités à indiquer que des prélèvements ont été effectués et que des analyses sont en cours pour identifier la maladie. Une prudence justifiée quand on sait le zèle et les mesquineries qui caractérisent l’administration ivoirienne. On peut en faire les frais même quand on est directeur départemental de la santé comme Kéita Mamadou. Malheureusement, cela a souvent eu pour conséquence de faire souffrir davantage la population qui, privée d’orientation, reste désemparée. Le plus grave, c’est que tout en empêchant les subalternes de communiquer des informations utiles, les autorités ivoiriennes ont pris la fâcheuse habitude de ne jamais prendre l’initiative de l’information, quel que soit le domaine. Généralement, quand un problème se pose, s’ils ne sont pas attentistes, les premiers responsables gouvernementaux préfèrent entretenir le mystère. Ils ont tendance à retenir par irresponsabilité, ou encore par zèle, les informations les plus élémentaires. Ces attitudes qui ont marqué d’autres affaires comme celles des déchets toxiques, de la grippe aviaire et autres, semblent ne pas avoir encore disparu malgré l’avènement d’une nouvelle ère. Sinon, comment comprendre que depuis une dizaine de jours, on ne sache toujours rien des résultats d’ analyses de prélèvements effectués sur les malades d’Abobo et étudiés en laboratoire, ici à Abidjan même ? Avec plus de célérité, on aurait déjà mis fin aux équivoques et par voie de fait aux nombreuses rumeurs qui, elles aussi peuvent provoquer d’autres maladies psychologiques. Mais en lieu et place ce sont les mêmes lourdeurs pendant que les Ivoiriens souffrent. Hélas.
Cissé Sindou