Nos différentes sources dans le dossier l’ont dénoncé avec intelligence. Il s’agit du peu d’intérêt et d’engagement des vrais leaders d’opinion dans le dénouement de la crise. Au cœur de cette position, l’on relève entre autres la cupidité, le clientélisme et l’équilibrisme. Contrairement à Alpha Blondy, Kolo et Tiken Dja, des leaders d’opinion de poigne ont refusé de s’inviter dans le débat de la diarchie au sommet de l’Etat ivoirien depuis décembre 2010. Ils sont nombreux ceux qui ont refusé de jouer leur rôle devant l’histoire, de prendre leurs responsabilités et donner de la voix afin que la justice triomphe de l’injustice, que la vérité s’impose au mensonge, que le vaincu cède le pouvoir au vainqueur et que la démocratie prévale sur la dictature. Aujourd’hui, les masses populaires, idoles de ces leaders d’opinion couards ou équilibristes, notent avec indignation que ceux qui véritablement ont la voix au chapitre ont démissionné devant l’histoire pour sauver des vies dans leurs rangs. Et ce tout simplement pour avoir voulu protéger des intérêts personnels, pour avoir voulu plaire à Ouattara sans déplaire à Gbagbo, pour avoir voulu une chose et son contraire. « Nous avons des leaders de charisme ici. Si ceux-ci s’étaient véritablement investis dans la cause du respect du verdict des urnes, nous n’aurions pas connu autant de morts que nous pleurons aujourd’hui. Mais, ils sont restés là à tâtonner, à ne pas s’impliquer et l’option militaire s’est imposée. Si les Rois, de manière unanime, avaient donné de la voix, s’ils étaient allés chercher Alassane Ouattara au Golf et donner de vrais gages à Laurent Gbagbo d’une sortie honorable du pouvoir, nous ne serions pas allés si loin. Si un leader comme Didier Drogba qui draine du monde, avait demandé aux jeunes désœuvrés et fanatisés de ne pas se laisser manipuler pour une cause injuste, les milices n’auraient pas pullulé. La position de l’ex-gouverneur Dacoury Tabley, n’a pas amené Gbagbo à quitter le pouvoir perdu dans les urnes. Si tous les dignitaires musulmans et chrétiens avaient eu une voix commune en faveur de la vérité, de la démocratie, l’ex-président Gbagbo ne les aurait pas éconduits. Mais, ces vrais leaders dont la voix compte ont malheureusement démissionné. Il y a une faillite morale dans la société ivoirienne qui s’apprécie nettement à travers le mutisme, voire la démission de ses vrais leaders d’opinions avaient été courageux, on aurait évité des morts; de ses vrais leaders d’opinion », souligne la sociologue Ténin Touré. Si donc nos vrais leaders d’opinion avaient été courageux, on aurait évité des morts. Si, si, si...? Il est vrai qu’on ne peut refaire le monde avec des si. Mais, le meilleur moyen d’éviter de reproduire les erreurs et fautes d’hier, c’est de tirer des leçons du passé. Les si peuvent et doivent aider à cela.
M.T.T
M.T.T