Pour avoir mal parié sur Laurent Gbagbo au second tour de la présidentielle ou durant la crise post-électorale, plusieurs personnalités ivoiriennes voient leur carrière prendre un coup de grisou.
Pr Jacqueline Oble, la juriste mal inspirée
Pour le second tour, c’est sur Laurent Gbagbo qu’a choisi la seule femme, candidate à une élection présidentielle en Côte d’Ivoire, de faire reporter ses voix obtenues au premier tour. En guise de récompense, elle héritera d’un portefeuille de ministre dans le gouvernement illégitime de Laurent Gbagbo. Mieux, elle sera bombardée porte-parole du gouvernement. Mais, se rendant sans doute compte du mauvais choix, elle abandonne très rapidement le costume de porte-voix de l’équipe gouvernementale. Selon certaines indiscrétions, elle a même envisagé de rendre le tablier mais aurait été contrainte de rester aux côtés de l’ancien chef de l’Etat, par Simone Gbagbo. C’est au nom de cette solidarité gouvernementale que l’Union européenne qui a décrété une batterie de sanctions contre les proches de M. Gbagbo, a mis sur sa liste noire, le nom de l’ancienne doyenne de la faculté de droit de l’Université d’Abidjan, le 20 décembre 2010. Sur toute la ligne, le choix de Jacqueline Oble s’avère mauvais puisque de nombreux observateurs avaient parié qu’elle soutiendrait Alassane Ouattara puisqu’elle a déjà été ministre de la Justice de 1990 à 1993 dans le gouvernement que celui-ci a dirigé sous Félix Houphouet-Boigny. Son noble projet de constituer une alternative crédible face à une classe politique jugée responsable de la descente du pays aux enfers, tombe ainsi à l’eau. Car, son alliance avec Gbagbo, un des acteurs de la crise ivoirienne, est perçue par beaucoup, comme une compromission.
Philippe-Henri Dacoury-Tabley, la Bceao ou Gbagbo
Anciennement gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), Philippe-Henri Dacoury-Tabley a été contraint de quitter son fauteuil, pour se mettre entièrement au service de son “frère’’, Laurent Gbagbo. C’est, dans la crise post-électorale qui a éclatée autour des résultats du second tour de la présidentielle, qu’il avait pris fait et cause pour le candidat de La majorité présidentielle. Même lorsque le contrôle sur les finances de la Côte d’Ivoire a été accordé à Alassane Ouattara, au détriment de M. Gbagbo, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, par des tours de passe-passe, arrivait à sortir des fonds de la Bceao (200 milliards, selon plusieurs sources concordantes), pour financer le régime illégitime de son “frère’’. De retour, cet agent de la Bceao se mettra résolument à la disposition de Laurent Gbagbo, au point d’apparaître comme son super-ministre des Finances. Lors de la chute de l’ancien chef de l’Etat, on comptait Philippe-Henri Dacoury-Tabley, au nombre des personnes arrêtées dans la résidence présidentielle. Alors que ses avoirs ont été gelés par l’Union européenne (2 février 2011) et par la justice ivoirienne (11 mai 2011), M. Dacoury-Tabley doit donc faire face aux accusations d’atteinte à la sûreté de l’Etat qui pèse sur lui. Pour avoir parié faux, ce banquier voit sa carrière hypothéquée.
Patrick Zasso, le revirement spectaculaire
Alors qu’il avait réussi à gravir les échelons à une vitesse vertigineuse pour se retrouver au poste de porte-parole d’Alassane Ouattara, Patrick Zasso décide, dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, de retourner chez les ‘’jeunes patriotes’’. Au finish, son choix se révèle mauvais puisque Laurent Gbagbo sera battu au second tour, dans les urnes. Bien plus tard, il sera défait dans le bras de fer engagé avec Alassane Ouattara. Au-delà du mauvais choix opéré, c’est l’avenir politique de Patrick Zasso qui se dessine désormais en pointillée. Car, si Blé Goudé l’avait démarché à l’époque, à trois jours du second tour de la présidentielle, c’était beaucoup plus pour porter un coup à l’adversaire, Alassane Ouattara. Patrick Zasso ne pourra donc pas constituer une pièce-maîtresse au Front populaire ivoirien (Fpi). Retourner au Rassemblement des républicains serait tout aussi contre-productif. ‘’En global’’ est vraiment pris dans un étau.
Angèle Gnonsoa, bye-bye le Pit
Pour elle, la chute de Laurent Gbagbo est pire que d’avoir perdu toute sa fortune dans un casino. En pariant sur l’ex-chef d’Etat au second tour de la présidentielle, Angèle Gnonsoa s’est ‘’suicidée’’ politiquement. Ramenant à zéro plusieurs années d’engagement politique. Rappelons. Dans l’entre-deux tours, les candidats malheureux décident de soutenir l’un des qualifiés. Réuni en session extraordinaire le jeudi 11 novembre, le Parti ivoirien des travailleurs (Pit) opte pour Alassane Ouattara. Le lendemain, vendredi, son secrétaire général, Kouablan François, donne l’information au cours d’une conférence de presse au siège du parti. Angèle Gnonsoa qui ne l’entend pas de cette oreille donne une consigne différente. « De quelque bord politique que vous soyez, vous tous Ivoiriens, Ivoiriennes du sud, du centre, de l’est et de l’ouest, l’avenir de notre pays se trouve entre vos mains. (...) Nous vous appelons, en conséquence, à faire bloc autour de Laurent Gbagbo pour sauver notre pays. L’heure n’est plus aux calculs, ne regardons plus nos cartes de militants de tel ou tel parti politique », a-t-elle soutenu devant des journalistes, peu après le premier tour, à l’hôtel communal de Cocody. S’installe alors un bicéphalisme à la tête du Pit, Angèle Gnonsoa en revendiquant la présidence. Elle et ceux qui la suivent sont sanctionnés. « Réuni le dimanche 19 décembre 2010, le Comité Central, notant l'indiscipline caractérisée dont se sont rendus coupables, en particulier, les deux vice-présidents et la présidente de la FM-PIT, a décidé de prendre à leur encontre, une sanction consistant en la suspension de leurs titres, qualités et fonctions. Cette décision leur a été notifiée par courrier signé par le président Wodié en date du 22 décembre 2010 », informe Kouablan François le 17 février 2011. Qu’importe ! L’historienne fait campagne pour Laurent Gbagbo. Et, est récompensée avec le portefeuille du ministère de l’Enseignement technique dans le gouvernement illégal d’Aké N’Gbo. Cette page est tournée et Mme Gnonsoa constate certainement qu’elle a fait un très, très mauvais calcul. En sa qualité de première vice-présidente du Pit et de membre-fondateur dudit parti, la succession de Francis Wodié, le président, lui était quasi-acquise. Ce qui n’aurait pas tardé si la rumeur de nomination du professeur de droit au Conseil constitutionnel se réalisait. En sus, le parti doit tenir, prochainement, son congrès. Après cette ‘’rébellion’’, Angèle Gnonsoa a perdu tout crédit. Et, sur les plans intellectuel et politique, elle aura du mal à revenir.
Adama Dahico, le revers de la comédie politique
S’il y en a un qui se mord actuellement le doigt au point de le sectionner, c’est bien le père du Dôrômikan. Le comédien Dolo Adama alias Adama Dahico, après avoir provoqué l’ire de nombreux Ivoiriens par sa candidature-surprise arrangée par Laurent Gbagbo, a appelé à voter l’ex-chef d’Etat. Ce soutien en lui-même ne représentait pas grand-chose. L’humoriste a battu franchement campagne pour son candidat au second tour. Erreur politique monumentale, il lance des flèches contre Alassane Ouattara qu’il accuse d’être le père de la rébellion. Mais le 11 avril, l’humoriste se rend à l’évidence : le sketch est terminé. Et, pour les pro-Gbagbo, il n’est pas du tout drôle. Adama Dahico sait que, pour sa carrière d’artiste, ce choix politique aura des conséquences qui peuvent être fâcheuses. Il multiplie les sorties dans la presse pour justifier son acte sans oublier de demander « pardon » au nouveau président. L’ex-candidat à la présidentielle est visiblement inquiet. Il a raison de l’être.
Atsé-Atsé Jean-Claude, l’échec du militantisme du ventre
Atsé Atsé Jean-Claude a reçu la pire sanction qui pouvait arriver à un adepte de la politique du ventre. Influent au sein de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (JPdci), dont il était l’un des leaders, il a créé le Forum Pdci-Rda après avoir échoué à occuper la présidence de la JPdci. Alors que son parti, membre de la plate-forme des houphouétistes, appelle à voter Alassane Ouattara, Atsé Jean-Claude mène un combat contraire. Il appelle à soutenir le candidat Gbagbo. Et, initie même ce qu’il a appelé Les états généraux du Pdci qu’il considère comme un parti qui n’est plus adapté au temps. Selon des sources proches du Forum, la ‘’trahison’’ d’Atsé coûte 60 millions plus une villa. Ses camarades le présentent alors comme un individu qui a toujours placé l’argent au centre de ses calculs politiciens. Même à l’intérieur du parti. Un militantisme alimentaire que lui-même qualifie pourtant de « dangereux ». Mais pour cette fois, le dîner s’est mal passé, il a eu un goût rance. Conséquence : une indigestion bien méritée.
Marc Dossa & Bamba K. Inza
Pr Jacqueline Oble, la juriste mal inspirée
Pour le second tour, c’est sur Laurent Gbagbo qu’a choisi la seule femme, candidate à une élection présidentielle en Côte d’Ivoire, de faire reporter ses voix obtenues au premier tour. En guise de récompense, elle héritera d’un portefeuille de ministre dans le gouvernement illégitime de Laurent Gbagbo. Mieux, elle sera bombardée porte-parole du gouvernement. Mais, se rendant sans doute compte du mauvais choix, elle abandonne très rapidement le costume de porte-voix de l’équipe gouvernementale. Selon certaines indiscrétions, elle a même envisagé de rendre le tablier mais aurait été contrainte de rester aux côtés de l’ancien chef de l’Etat, par Simone Gbagbo. C’est au nom de cette solidarité gouvernementale que l’Union européenne qui a décrété une batterie de sanctions contre les proches de M. Gbagbo, a mis sur sa liste noire, le nom de l’ancienne doyenne de la faculté de droit de l’Université d’Abidjan, le 20 décembre 2010. Sur toute la ligne, le choix de Jacqueline Oble s’avère mauvais puisque de nombreux observateurs avaient parié qu’elle soutiendrait Alassane Ouattara puisqu’elle a déjà été ministre de la Justice de 1990 à 1993 dans le gouvernement que celui-ci a dirigé sous Félix Houphouet-Boigny. Son noble projet de constituer une alternative crédible face à une classe politique jugée responsable de la descente du pays aux enfers, tombe ainsi à l’eau. Car, son alliance avec Gbagbo, un des acteurs de la crise ivoirienne, est perçue par beaucoup, comme une compromission.
Philippe-Henri Dacoury-Tabley, la Bceao ou Gbagbo
Anciennement gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), Philippe-Henri Dacoury-Tabley a été contraint de quitter son fauteuil, pour se mettre entièrement au service de son “frère’’, Laurent Gbagbo. C’est, dans la crise post-électorale qui a éclatée autour des résultats du second tour de la présidentielle, qu’il avait pris fait et cause pour le candidat de La majorité présidentielle. Même lorsque le contrôle sur les finances de la Côte d’Ivoire a été accordé à Alassane Ouattara, au détriment de M. Gbagbo, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, par des tours de passe-passe, arrivait à sortir des fonds de la Bceao (200 milliards, selon plusieurs sources concordantes), pour financer le régime illégitime de son “frère’’. De retour, cet agent de la Bceao se mettra résolument à la disposition de Laurent Gbagbo, au point d’apparaître comme son super-ministre des Finances. Lors de la chute de l’ancien chef de l’Etat, on comptait Philippe-Henri Dacoury-Tabley, au nombre des personnes arrêtées dans la résidence présidentielle. Alors que ses avoirs ont été gelés par l’Union européenne (2 février 2011) et par la justice ivoirienne (11 mai 2011), M. Dacoury-Tabley doit donc faire face aux accusations d’atteinte à la sûreté de l’Etat qui pèse sur lui. Pour avoir parié faux, ce banquier voit sa carrière hypothéquée.
Patrick Zasso, le revirement spectaculaire
Alors qu’il avait réussi à gravir les échelons à une vitesse vertigineuse pour se retrouver au poste de porte-parole d’Alassane Ouattara, Patrick Zasso décide, dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, de retourner chez les ‘’jeunes patriotes’’. Au finish, son choix se révèle mauvais puisque Laurent Gbagbo sera battu au second tour, dans les urnes. Bien plus tard, il sera défait dans le bras de fer engagé avec Alassane Ouattara. Au-delà du mauvais choix opéré, c’est l’avenir politique de Patrick Zasso qui se dessine désormais en pointillée. Car, si Blé Goudé l’avait démarché à l’époque, à trois jours du second tour de la présidentielle, c’était beaucoup plus pour porter un coup à l’adversaire, Alassane Ouattara. Patrick Zasso ne pourra donc pas constituer une pièce-maîtresse au Front populaire ivoirien (Fpi). Retourner au Rassemblement des républicains serait tout aussi contre-productif. ‘’En global’’ est vraiment pris dans un étau.
Angèle Gnonsoa, bye-bye le Pit
Pour elle, la chute de Laurent Gbagbo est pire que d’avoir perdu toute sa fortune dans un casino. En pariant sur l’ex-chef d’Etat au second tour de la présidentielle, Angèle Gnonsoa s’est ‘’suicidée’’ politiquement. Ramenant à zéro plusieurs années d’engagement politique. Rappelons. Dans l’entre-deux tours, les candidats malheureux décident de soutenir l’un des qualifiés. Réuni en session extraordinaire le jeudi 11 novembre, le Parti ivoirien des travailleurs (Pit) opte pour Alassane Ouattara. Le lendemain, vendredi, son secrétaire général, Kouablan François, donne l’information au cours d’une conférence de presse au siège du parti. Angèle Gnonsoa qui ne l’entend pas de cette oreille donne une consigne différente. « De quelque bord politique que vous soyez, vous tous Ivoiriens, Ivoiriennes du sud, du centre, de l’est et de l’ouest, l’avenir de notre pays se trouve entre vos mains. (...) Nous vous appelons, en conséquence, à faire bloc autour de Laurent Gbagbo pour sauver notre pays. L’heure n’est plus aux calculs, ne regardons plus nos cartes de militants de tel ou tel parti politique », a-t-elle soutenu devant des journalistes, peu après le premier tour, à l’hôtel communal de Cocody. S’installe alors un bicéphalisme à la tête du Pit, Angèle Gnonsoa en revendiquant la présidence. Elle et ceux qui la suivent sont sanctionnés. « Réuni le dimanche 19 décembre 2010, le Comité Central, notant l'indiscipline caractérisée dont se sont rendus coupables, en particulier, les deux vice-présidents et la présidente de la FM-PIT, a décidé de prendre à leur encontre, une sanction consistant en la suspension de leurs titres, qualités et fonctions. Cette décision leur a été notifiée par courrier signé par le président Wodié en date du 22 décembre 2010 », informe Kouablan François le 17 février 2011. Qu’importe ! L’historienne fait campagne pour Laurent Gbagbo. Et, est récompensée avec le portefeuille du ministère de l’Enseignement technique dans le gouvernement illégal d’Aké N’Gbo. Cette page est tournée et Mme Gnonsoa constate certainement qu’elle a fait un très, très mauvais calcul. En sa qualité de première vice-présidente du Pit et de membre-fondateur dudit parti, la succession de Francis Wodié, le président, lui était quasi-acquise. Ce qui n’aurait pas tardé si la rumeur de nomination du professeur de droit au Conseil constitutionnel se réalisait. En sus, le parti doit tenir, prochainement, son congrès. Après cette ‘’rébellion’’, Angèle Gnonsoa a perdu tout crédit. Et, sur les plans intellectuel et politique, elle aura du mal à revenir.
Adama Dahico, le revers de la comédie politique
S’il y en a un qui se mord actuellement le doigt au point de le sectionner, c’est bien le père du Dôrômikan. Le comédien Dolo Adama alias Adama Dahico, après avoir provoqué l’ire de nombreux Ivoiriens par sa candidature-surprise arrangée par Laurent Gbagbo, a appelé à voter l’ex-chef d’Etat. Ce soutien en lui-même ne représentait pas grand-chose. L’humoriste a battu franchement campagne pour son candidat au second tour. Erreur politique monumentale, il lance des flèches contre Alassane Ouattara qu’il accuse d’être le père de la rébellion. Mais le 11 avril, l’humoriste se rend à l’évidence : le sketch est terminé. Et, pour les pro-Gbagbo, il n’est pas du tout drôle. Adama Dahico sait que, pour sa carrière d’artiste, ce choix politique aura des conséquences qui peuvent être fâcheuses. Il multiplie les sorties dans la presse pour justifier son acte sans oublier de demander « pardon » au nouveau président. L’ex-candidat à la présidentielle est visiblement inquiet. Il a raison de l’être.
Atsé-Atsé Jean-Claude, l’échec du militantisme du ventre
Atsé Atsé Jean-Claude a reçu la pire sanction qui pouvait arriver à un adepte de la politique du ventre. Influent au sein de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (JPdci), dont il était l’un des leaders, il a créé le Forum Pdci-Rda après avoir échoué à occuper la présidence de la JPdci. Alors que son parti, membre de la plate-forme des houphouétistes, appelle à voter Alassane Ouattara, Atsé Jean-Claude mène un combat contraire. Il appelle à soutenir le candidat Gbagbo. Et, initie même ce qu’il a appelé Les états généraux du Pdci qu’il considère comme un parti qui n’est plus adapté au temps. Selon des sources proches du Forum, la ‘’trahison’’ d’Atsé coûte 60 millions plus une villa. Ses camarades le présentent alors comme un individu qui a toujours placé l’argent au centre de ses calculs politiciens. Même à l’intérieur du parti. Un militantisme alimentaire que lui-même qualifie pourtant de « dangereux ». Mais pour cette fois, le dîner s’est mal passé, il a eu un goût rance. Conséquence : une indigestion bien méritée.
Marc Dossa & Bamba K. Inza