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Art et Culture Publié le lundi 16 mai 2011 | L’expression

Crise postélectorale: Ces artistes qui ont failli

© L’expression Par Nathan Koné
Cinquantenaire / colloque international pluridisciplinaire : la cérémonie de clôture
Jeudi 5 août 2010. Yamoussoukro, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Photo: Hanny Tchelley-Ettibou Brigitte et Sidiki Bakaba
Si la paternité de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire est souventes fois attribuée aux hommes politiques, il faut se garder d’oublier que des artistes, par des prises de position tranchées ou ambigües, ont joué un rôle dans la division des Ivoiriens. Ce n’est certes pas pour rien que leur rôle dans le processus de réconciliation doit être à l’avenant.

Les dissensions politiques n’ont pas divisé que les hommes politiques. Elles se sont invitées sur la scène artistique et culturelle où elles ont également distendu les relations entre artistes. Ce qui a eu pour conséquence de diviser davantage les Ivoiriens. Si les choses se sont globalement bien passées au cours des campagnes électorales, elles sont allées autrement lors de la crise postélectorale qui a durement éprouvé les Ivoiriens. Plusieurs artistes, et non des moindres ont contribué, par leurs actions, souvent radicales et par leurs prises de positions tranchées, à exacerber la crise postélectorale. Considérés comme les porte-parole de ceux qui n’ont pas voix au chapitre, ces artistes ont bousculé les hommes politiques dont ils ont pris la place pour mener un combat dont eux seuls savaient les objectifs. Ce n’est qu’un secret de polichinelle. Depuis belle lurette, nombre des pontes nationaux du Show-biz ne se sont plus contentés qui de pousser la chansonnette, qui d’arpenter les scènes. Ils ont surfé dangereusement entre microphone et politique, prenant le risque de mettre un bémol à leur carrière et /ou de se mettre à dos leurs admirateurs. Sidiki Bakaba, Hanny Tchelley, Adama Dahico, Serge Kassy, Gadji Céli,…entre autres, figurent parmi les artistes qui ont failli à leur mission.

Sidiki Bakaba

Acteur, réalisateur, cinéaste, metteur en scène ivoirien, Sidiki Bakaba est l’un des proches de l’ancien président, Laurent Gbagbo, qui l’a nommé, en 2000, Directeur général du Palais de la culture de Treichville. Même s’il affichait dans la presse un bruyant désaccord avec l’époux de Simone sur l’orientation à donner au secteur de la culture en Côte d’Ivoire, Sidiki Bakaba est resté jusqu’ à la fin, l’un des plus fidèles défenseurs de l’ex-opposant historique. Au risque de semer ses admirateurs, Sidiki Bakaba n’hésitera pas, lors des événements de novembre 2004, à s’armer de sa camera pour filmer la mésaventure des jeunes patriotes à l’hôtel Ivoire. La production qu’il en fera, «La Victoire aux mains nues» lui donnera le statut de héros au sein de la galaxie patriotique. Un héros qui n’a pas hésité à «braver les balles assassines de l’envahisseur français pour témoigner». Blasé par une reconnaissance qui tardait à venir, le «Guérisseur» qui n’hésitait plus, au bout d’une décennie à critiquer vertement son ami, a pris la décision de démissionner de ses fonctions. Conviction ? Coup de pub ? Toujours est-il qu’il est resté à la tête du temple de la culture jusqu’au durcissement de la crise postélectorale créée par son ami de trente ans. Une position floue, savamment entretenue par l’homme des planches. Sa présence dans la résidence présidentielle, lors des frappes de l’Onuci et de la Licorne est encore un autre de ces «dribbles idéologiques» dont Sidiki Bakaba avait le secret. Certains Ivoiriens s’offusquent qu’un artiste de la trempe de Sidiki Bakaba n’ait pas adopté une position claire et utilisé sa renommée et son art pour prêcher la paix et la cohésion nationale.

Hanny Tchelley

Actrice avant de devenir directrice du Festival international du court métrage d’Abidjan (Fica), Hanny Tchelley est l’une des artistes qui aura poussé, jusqu’au bout, le bouton de la division entre les Ivoiriens et par ricochets entre les artistes. Au début de la crise armée, en 2002, et pour apporter un soutien à Laurent Gbagbo, elle initie, sur les antennes de la première chaîne de la télévision nationale, une émission «On est ensemble» co-animée avec Maï La Bombe, au cours de laquelle, il s’agissait officiellement de «rectifier l’image de la Côte d’Ivoire à l’extérieur» et de «galvaniser» les Ivoiriens. La suite, on la connaît. «On est ensemble» devient très vite une foire aux injures où ceux qui n’ont pas l’heur de penser comme Gbagbo sont vilipendés. Maï La Bombe quitte la production, laissant le soin à Hanny Tchelley de continuer. Quelques années plus tard, Hanny Tchelley monte en grade et s’acoquine avec les jeunes patriotes de Blé Goudé pour intensifier la division. Sa liaison avec François Kèncy, l’un des thuriféraires du christ de Mama, confirme l’adage qui veut que ce soient les oiseaux de même plumage qui volent ensemble.

Adama Dahico

On l’a connu pendant des années comme humoriste. Il a voulu se jeter dans le marigot politique ivoirien en se portant candidat à la présidentielle. La maladresse d’Adama Dahico n’aura pas été d’avoir l’ambition, somme toute légitime pour tout citoyen, d’accéder à la magistrature suprême. Loin s’en faut. L’homme de théâtre aura réussi à jeter l’opprobre sur sa personne en appelant, entre les deux tours du scrutin présidentiel, à voter pour l’ancien président. Un acte qui a confirmé les rumeurs selon lesquelles Laurent Gbagbo aurait payé sa caution de 20 millions de Fcfa. Adama Dahico a poussé le comble, dans l’entre deux tours, à tenir des propos désobligeants à l’encontre d’Alassane Ouattara. Une maladresse qui lui a valu une bronca de la part des militants de ce dernier. S’il a, dans le passé, utilisé son humour pour titiller les hommes politiques, le président du «Dôrômikan» a failli, lui aussi, à sa mission. Même si, après coup, il a éprouvé quelques remords et présenté des excuses pour ces manquements.

Serge Kassy

L’auteur de «Cabri mort», Serges Kassy, a mis, selon ses propres termes, «un bémol» à sa carrière musicale pour se «consacrer à sauver» son pays. Comme Hanny Tchelley, il s’engage, en 2002, dans la lutte patriotique au côté de Charles Blé Goudé avec qui il revendique la «souveraineté» de la Côte d`Ivoire. Pour lui, «le combat mains nues» et «la résistance» qu’ils ont menés n’avaient pour seul but que de permettre à Laurent Gbagbo, «le candidat idéal», de rempiler. Ses messages, qui n’appelaient aucunement au retour de la paix et à un climat plus stable, se sont séparés de la philosophie rasta de laquelle il se réclame pourtant. Le faisant, Serge Kassy a failli à sa mission d’artiste, celle d’œuvrer à la réconciliation entre Ivoiriens. Est-ce cette réalité qui l’a contraint à l’exil ? Lui seul pourra répondre à cette question.

Gadji Céli

L’ancien footballeur a réussi à se hisser à la tête de la maison des artistes. Président du conseil d’administration du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida), Gadji Céli a également été l’un des créateurs de l’Union nationale des artistes de Côte d’Ivoire (Unartci). Actuellement refugié au Ghana, le footballeur-chanteur n’a pas su se mettre au-dessus des clivages politiques. «Je ne serai jamais complice de ceux qui veulent détruire notre pays au nom de je ne sais quelle morale. Je suis un artiste patriote - vous le savez tous très bien ici en Côte d`Ivoire et à travers le monde - et je le demeure pour la dignité et la souveraineté de mon pays attaqué de toute part», a juré l’ex-capitaine des Eléphants. Sa position de «chef suprême des artistes», Gadji Céli aurait dû l’utiliser à la consolidation des liens entre les Ivoiriens. Il a préféré l’utiliser pour un camp, donc contre un autre, au seul profit de Laurent Gbagbo. Les artistes cités, Sidiki Bakaba, Hanny Tchelley, Adama Dahico, Serges Kassy, Gadji Céli ne constituent pas la liste exhaustive des artistes qui ont failli à leur mission. D’autres, moins illustres, se sont laissé visiter par les démons de la division qu’ils ont véhiculée au sein de la société ivoirienne. Faut-il pour autant brûler ces artistes ? La réponse se trouve dans le projet de gouvernement d’Alassane Ouattara où est inscrite en lettres d’or la politique de pardon et de réconciliation.

M’Bah Aboubakar
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