Abéhi, bourreau plutôt que héros !

Des zéros ne peuvent pas devenir des héros. « Aujourd'hui, je suis venu avec un fils de la Côte d'Ivoire qui s'est battu pour la République, pour qu'il se mette à la disposition de la République. Je veux parler du Commandant Abéhi et de ses hommes », a déclaré lundi Charles Konan Banny, Président de la ''Commission dialogue, vérité et réconciliation'', au sortir d'une audience à la Primature. Remarquez la contradiction dans les propos ou la gymnastique du Premier ministre Banny. Nous sommes des contemporains. Jean Noel Abehi ne s'est pas battu pour la République de Côte d'Ivoire. En tout cas, pas ces dernières années. Certainement l'a-t-il fait pour la République de M. Laurent Gbagbo. De Williamsville à Abobo, les populations civiles se souviennent encore des actions des chars de guerre sous son commandement. Devant l'évidence de la défaite du candidat Laurent Gbagbo, Jean Noël Abehi et ses hommes ont continué à lui obéir. Après le 11 avril, ils ont continué à narguer encore. Disons que jusqu'à dimanche soir, ils narguaient de plus belle. Ils bluffaient la République. Il n'a jamais cru en la République. Mais plutôt à un homme, à un politique, Laurent Gbagbo. Il ne s'en est d'ailleurs pas caché dans une interview à notre confère l'Inter. Un tel soldat ne peut pas être un Républicain. Il est indigne de la Gendarmerie. N'empêche, il a droit à une main tendue. Le Premier ministre Banny a eu raison de parler avec lui. Le problème, c'est que cela a été fait avec une telle arrogance que cela frise le mépris pour ses victimes. Et aussi pour tous les soldats demeurés républicains. Dérouler le tapis rouge à un tel soldat, le faire recevoir, devant caméras, par le Premier ministre, n'était pas judicieux. Les différentes parties auraient pu se rencontrer hors camera que cela eût moins choqué. Ce qui s'est passé lundi à la Primature est grossier et s'apparente à une opération de marketing pour quelqu'un qui ne le mérite point. On voulait en faire un héros qu'on n'aurait pas procéder autrement. La Côte d'Ivoire sort d'une situation difficile. Les douleurs sont encore vives. Le mieux, c'est d'éviter d'en rajouter et d'augmenter les frustrations. Nul ne peut nier la nécessité de la réconciliation. Mais il faut éviter la grossièreté. Une action réussie n'est pas indubitablement celle qu'on médiatise.
KIGBAFORY Inza