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Politique Publié le mercredi 18 mai 2011 | Nord-Sud

Etat-major, gendarmerie, police : Voici les nouveaux patrons

© Nord-Sud Par Emma
Le dernier bastion des partisans de Gbagbo tombe: soldats, miliciens et mercenaires libériens déposent les armes aux pieds des Forces républicaines, à Yopougon
Vendredi 29 avril 2011. Abidjan, commune de Yopougon. Photo: le général Michel Gueu, le capitaine Alla Kouakou et d`autres officiers des FRCI
Le vent du changement qui souffle, depuis peu, sur les institutions civiles va maintenant toucher le milieu militaire.

Jeu de chaises musicales dans certains commandements des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) où les généraux Philippe Mangou, Edouard Tiapé Kassaraté et Brindou M’Bia, respectivement à la tête de l’état-major des armées, au commandement supérieur de la gendarmerie et à la direction générale de la Police voient leur mission toucher à sa fin. Ces trois officiers supérieurs doivent incessamment passer la main à de nouveaux patrons. Des changements qui ne surprennent, en réalité, personne puisque certains fauteuils sont devenus éjectables depuis le changement de régime intervenu dans les urnes, le 2 décembre 2010 et de manière effective, le 11 avril dernier. A l’état-major des armées, c’est le général de brigade, Michel Gueu qui est pressenti pour succéder au général de corps d’armée, Philippe Mangou. Ce dernier qui a fait allégeance au nouveau chef de l’exécutif, Alassane Ouattara, n’entretenait aucune illusion sur son avenir. Il savait plus ou moins qu’il quitterait son poste de grand patron de l’armée ivoirienne. C’est sans doute cela qui justifie la posture hésitante qu’il a affichée, lorsque le pouvoir d’Alassane Ouattara lui faisait des appels du pied pour ‘’rentrer dans la République’’. « J’ai dit à son émissaire que j’ai fait six ans de commandement et que je ne souhaitais pas être le Cema d’Alassane Ouattara », avait-il clamé, le 20 janvier 2011. Le 31 mars, veille du début de l’offensive des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) pour déloger Laurent Gbagbo, il avait d’abord trouvé refuge à l’ambassade d’Afrique du Sud avant d’en ressortir trois jours plus tard, s’étant aperçu que l’ex-chef de l’Etat reprenait du poil de la bête. Entre-temps, sa résidence située dans la commune de Yopougon a été mise à sac.

Avec son remplacement, il devrait sans doute se sentir un peu plus à l’aise. Le successeur de Philippe Mangou est réputé être un grand stratège militaire qui a rejoint les Forces nouvelles depuis septembre 2002. Très discret, depuis la fin de la belligérance (qui a ouvert la voie aux pourparlers de paix), il n’a pas hésité à descendre sur le terrain, pour diriger le fuseau Ouest des Frci qui ont libéré le Moyen-Cavally des miliciens et autres mercenaires.

Avant ce présent poste, il a été le commandant du Groupement de la sécurité présidentielle (Gspr) puis commandant en second de la deuxième région militaire de Bouaké. Depuis avril 2007, il est le chef de cabinet militaire du Premier ministre, Guillaume Soro.

Au commandement supérieur de la gendarmerie, le général de corps d’armée, Edouard Tiapé Kassaraté, a également son remplaçant. Il s’agit du général Nicolas Kouakou, ancien patron du Centre de commandement intégré, l’embryon de la nouvelle armée ivoirienne, selon les termes de l’Accord politique de Ouagadougou. Même si l’allégeance du général Kassaraté est également intervenue après la chute de Laurent Gbagbo, le commandant sortant de la gendarmerie nationale de Côte d’Ivoire, était resté relativement discret, lors de la crise post-électorale. Ses hommes n’ont donc pratiquement pas combattu pour défendre le régime de la ‘’Refondation’’. Le départ du plus gradé de la gendarmerie serait lié à son âge. N’eût été le bras de fer survenu au terme du second tour de la présidentielle à la fin de l’année dernière, Edouard Tiapé Kassaraté aurait, selon plusieurs confidences, fait valoir son droit à la retraite.

Le nouvel exécutif ivoirien a décidé d’apporter du sang neuf à la direction générale de la police nationale. En lieu et place du général Brindou M’Bia, les nouvelles autorités misent sur le commissaire Bini Kouamé. Après avoir travaillé aux Nations Unies et au Burundi, il est rentré au pays depuis deux ans mais n’avait pas eu droit à un poste digne de ses qualifications. Il aura à cœur de redorer l’image de la police ivoirienne à une période où la Côte d’Ivoire semble vouloir repartir du bon pied.

Marc Dossa
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