Dans cet entretien exclusif, le Pr Ouraga Obou, constitutionnaliste émérite, invite les Ivoiriens à s’associer résolument à la reconstruction de leur pays, avec le président Alassane Ouattara.
La Côte d’Ivoire sort péniblement de la crise politico-militaire la plus grave de son histoire. En tant qu’intellectuel, quel regard portez-vous sur ces mois difficiles que le pays vient de traverser?
D’abord, si vous le permettez, je voudrais, sans exclusive, m’incliner devant les mémoires de tous ceux qui sont définitivement tombés durant la crise. J’exprime ma compassion à leurs familles. Je souhaite un prompt rétablissement aux blessés et aux malades. On aurait pu éviter cela. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Mais, ce sont des choses qui arrivent à toutes les nations, même aux plus grandes de ce monde. Le plus important pour nous, c’est de transcender tout ce qui s’est passé et de regarder vers l’avenir.
En second lieu, je voudrais profiter de l’occasion que vous me donnez pour féliciter le président élu, pour son élection et aussi pour sa prestation de serment. Et enfin, pour son investiture. Celle-ci nous réconcilie avec la communauté internationale.
Enfin, pour répondre à votre question, Je dirais que cette crise douloureuse a ouvert des plaies, j’en suis très convaincu. Elle nous a divisés. Mais, si on aime notre pays, on devrait trouver rapidement les voies et moyens pour tourner la page et regarder vers l’avenir. Nous avons un pays à reconstruire afin de préparer l’avenir pour les générations futures.
Pour aider à cicatriser les blessures, un gouvernement d’union nationale est annoncé cette semaine. Comment voyez-vous la participation de votre parti à ce gouvernement? Le Fpi a-t-il tiré toutes les leçons des épreuves récentes ?
Je n’occupe aucune fonction au niveau du parti et ne suis dans aucune instance du parti, donc je ne souhaite pas me prononcer sur cette question. Il y a des instances indiquées à qui je préfère laisser cette responsabilité.
Selon vous, quelles sont les valeurs que votre parti doit défendre au sein de ce gouvernement, d’autant plus que la gestion du pouvoir n’a pas été toujours facile pour lui?
Encore une fois, je préfère laisser la responsabilité au Fpi. Mais je crois savoir que le président de la République a dégagé un certain nombre de valeurs référentielles, notamment la compétence et la probité. A mon avis, ce sont deux valeurs d’éthique pour une nouvelle Côte d’Ivoire. Et, ceux qui doivent participer à ce gouvernement devraient s’inscrire dans cette direction, c’est-à-dire, dans le sillon tracé par le président de la République. Mais au-delà de la participation du FPI, nous devons tous contribuer à la renaissance de notre pays : stabilité, productivité, abondance et redistribution équitable des richesses nationales, bien-être social, sécurité des biens et des personnes.
Pour en revenir à l’élection présidentielle du 28 novembre, la Cei et le Conseil constitutionnel ont annoncé des résultats différents. Compte tenu des éléments nouveaux que nous avons, sur les conditions qui ont entouré la proclamation de ces résultats, est-ce que vous proposez de revoir les textes relatifs à l’élection, pour éviter toutes les interprétations nuisibles à la démocratie ?
Je suis absolument de cet avis. Vous savez, quand j’ai eu à présider les travaux de la Constitution en 2000, notamment en ce qui concerne les conditions d’éligibilité, je disais aux collègues dont certains m’avaient critiqué vivement, qu’il faut que les textes soient suffisamment clairs et précis. Il faut que les textes donnent lieu à moins d’interprétation. Parce que les imprécisions des textes peuvent conduire parfois à des interprétations tendancieuses dont les conséquences peuvent se révéler incalculables pour une nation. C’est ce qui a été le cas de la Côte d’Ivoire. Donc, de ce point de vue là, il faut se donner le temps et les moyens de revisiter tous les textes relatifs à l’élection, de manière à ce qu’ils ne nous divisent plus. Il faut que les textes soient consensuels et univoques dans leur rédaction et leur lecture, de sorte à éviter les interprétations équivoques.
Mais, tout de même, au sujet du débat qu’il y a eu entre la Cei et le Conseil constitutionnel, vous avez relevé que la proclamation des résultats par la Cei a été entachée d’irrégularités…
Je ne voudrais plus revenir sur ce sujet. Je ne veux pas franchir le Rubicond et aller ouvrir cette boîte de Pandore. Mais ce que je voudrais que les gens comprennent, en tant que juriste, et je crois que c’est à cela qu’on est revenu, c’est que l’élection du président de la République résulte de deux faits ou du moins obéit à deux conditions, à savoir la légitimité et la légalité. La Cei exprime par la proclamation des résultats provisoires du scrutin, le vote des citoyens. C’est la légitimité. Mais cette légitimité doit recueillir l’onction du Conseil constitutionnel à travers la proclamation définitive des résultats. C’est la légalité. Et c’est la somme de la légitimité et la légalité qui confère à l’élu le droit de prêter serment. C’est l’article que j’avais cru bien faire de publier à l’époque, et intitulé : Légitimité et légalité. Beaucoup n’ont pas compris cela.
Donc, aujourd’hui la légitimité et la légalité se sont rejointes ?
Bien sûr, par la dernière décision du Conseil constitutionnel, le président Ouattara est aujourd’hui, président de la République de Côte d’Ivoire. C’est en vertu de cela qu’il a prêté serment. Son pouvoir procède de la jonction de la légitimité-légalité. C’était cela ma préoccupation.
A partir de cet instant, il n’y a plus donc de possibilité de contester aujourd’hui son élection.
Non, il faut progresser. Le Conseil constitutionnel a révisé sa décision et a proclamé Alassane Ouattara président de la République. Je crois qu’il faut fermer cette parenthèse définitivement.
Dans une interview que vous nous accordiez dans l’entre-deux tours, vous analysiez les résultats et vous reconnaissiez notamment la qualité de la campagne de monsieur Ouattara, le président élu. Mais en même temps, on a vu, M. Ouraga Obou verser dans du juridisme, selon certains. Où vous situez-vous ? Qu’est-ce que vous défendez véritablement ?
Je défends toujours le droit. Il n’est ni à gauche, ni à droite. Il est ailleurs. Certes, on peut se tromper. Même que ce soit de bonne foi. Mais pour l’instant, me concernant, je ne me suis pas encore trompé.
En 2000, vous n’avez pas été suivi par vos camarades de la gauche et on vous a accusé d’être notamment ‘’Ouattariste‘’ ou ‘’Alassaniste‘’. Est-ce que vous connaissez bien M. Ouattara?
Vous savez, il faut toujours laisser les gens juger. Je défends ce que j’estime juste, selon les principes qui sont les miens, si c’était à refaire je le referai sans hésitation. Concernant le président Ouattara, il a été Premier ministre de Côte d’Ivoire, et aujourd’hui président de la République, je n’ai pas de relations particulières avec lui. Et ce n’est pas nécessaire pour avoir de la considération pour certaines personnes. Mais comme je l’ai déjà dit une fois, en tant que juriste, mon devoir est de respecter les institutions. Donc quand quelqu’un occupe une fonction étatique, je le respecte d’abord pour sa fonction. C’est tout.
Donc vous n’avez pas de relations particulières avec lui ?
Non, nous n’avons pas de rapports particuliers, ils sont cordiaux, je le connais comme tous les Ivoiriens à travers les fonctions qu’il a occupées. Et pour ce à quoi vous pensez certainement, ce n’est que pure coïncidence, j’aurais pu dire la même chose pour le président Bédié ou pour tout autre candidat si j’avais estimé que c’était le cas. En plus, je pense que ce que j’ai dit après le premier tour du scrutin est dicté par la réalité du terrain. Ma science m’indique ce que je dois faire. Il a fait, par rapport aux autres candidats, une bonne campagne au premier tour. Et il est souvent bon d’écouter plus sa raison que son cœur. Personne ne m’a obligé à le dire. Et je n’étais pas obligé de le dire. Quand quelqu’un a été meilleur, il faut reconnaître son mérite.
Mais est-ce que cela vous a valu des inimitiés ?
Je crois que dans la vie, il faut assumer ce que l’on fait et ce que l’on dit.
Vous avez parlé d’avenir. Selon vous, à quoi doit aboutir la Commission dialogue, vérité, réconciliation ?
Disons que la priorité aujourd’hui, c’est d’arriver à la réunification, à la reconstruction du pays et à la réconciliation des Ivoiriens. Cette logique me paraît totalement indispensable. Mais on ne peut réunifier et reconstruire la Côte d’Ivoire si les Ivoiriens sont divisés. Donc dans la méthodologie de réunification et de reconstruction du pays, la réconciliation me paraît comme la donnée première et fondamentale pour la renaissance de la Côte d’Ivoire.
Une partie de l’opinion estime que sans vérité on ne peut pas se reconcilier?
A mon avis, il faut attendre que celui qui a été désigné comme président de la Commission nous donne sa méthodologie et qu’il nous propose sa recette. A partir de là, on peut juger. Parce que le processus de réconciliation est un exercice extrêmement difficile. Car les méthodes ne sont pas les mêmes. Elles varient en fonction des situations et des résultats auxquels on voudrait parvenir. Donc je préfère attendre avant de juger, même si notre devoir est de l’accompagner. Cependant, mon vœu le plus ardent, est que chacun devrait y mettre du sien, afin que nous apprenions à nouveau à vivre ensemble. Nous devons apprendre à pardonner et à oublier. Et que ceux qui ne peuvent pardonner laissent venir l’oubli.
Interview réalisée par Kesy B. Jacob Coll : B. Ignace
La Côte d’Ivoire sort péniblement de la crise politico-militaire la plus grave de son histoire. En tant qu’intellectuel, quel regard portez-vous sur ces mois difficiles que le pays vient de traverser?
D’abord, si vous le permettez, je voudrais, sans exclusive, m’incliner devant les mémoires de tous ceux qui sont définitivement tombés durant la crise. J’exprime ma compassion à leurs familles. Je souhaite un prompt rétablissement aux blessés et aux malades. On aurait pu éviter cela. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Mais, ce sont des choses qui arrivent à toutes les nations, même aux plus grandes de ce monde. Le plus important pour nous, c’est de transcender tout ce qui s’est passé et de regarder vers l’avenir.
En second lieu, je voudrais profiter de l’occasion que vous me donnez pour féliciter le président élu, pour son élection et aussi pour sa prestation de serment. Et enfin, pour son investiture. Celle-ci nous réconcilie avec la communauté internationale.
Enfin, pour répondre à votre question, Je dirais que cette crise douloureuse a ouvert des plaies, j’en suis très convaincu. Elle nous a divisés. Mais, si on aime notre pays, on devrait trouver rapidement les voies et moyens pour tourner la page et regarder vers l’avenir. Nous avons un pays à reconstruire afin de préparer l’avenir pour les générations futures.
Pour aider à cicatriser les blessures, un gouvernement d’union nationale est annoncé cette semaine. Comment voyez-vous la participation de votre parti à ce gouvernement? Le Fpi a-t-il tiré toutes les leçons des épreuves récentes ?
Je n’occupe aucune fonction au niveau du parti et ne suis dans aucune instance du parti, donc je ne souhaite pas me prononcer sur cette question. Il y a des instances indiquées à qui je préfère laisser cette responsabilité.
Selon vous, quelles sont les valeurs que votre parti doit défendre au sein de ce gouvernement, d’autant plus que la gestion du pouvoir n’a pas été toujours facile pour lui?
Encore une fois, je préfère laisser la responsabilité au Fpi. Mais je crois savoir que le président de la République a dégagé un certain nombre de valeurs référentielles, notamment la compétence et la probité. A mon avis, ce sont deux valeurs d’éthique pour une nouvelle Côte d’Ivoire. Et, ceux qui doivent participer à ce gouvernement devraient s’inscrire dans cette direction, c’est-à-dire, dans le sillon tracé par le président de la République. Mais au-delà de la participation du FPI, nous devons tous contribuer à la renaissance de notre pays : stabilité, productivité, abondance et redistribution équitable des richesses nationales, bien-être social, sécurité des biens et des personnes.
Pour en revenir à l’élection présidentielle du 28 novembre, la Cei et le Conseil constitutionnel ont annoncé des résultats différents. Compte tenu des éléments nouveaux que nous avons, sur les conditions qui ont entouré la proclamation de ces résultats, est-ce que vous proposez de revoir les textes relatifs à l’élection, pour éviter toutes les interprétations nuisibles à la démocratie ?
Je suis absolument de cet avis. Vous savez, quand j’ai eu à présider les travaux de la Constitution en 2000, notamment en ce qui concerne les conditions d’éligibilité, je disais aux collègues dont certains m’avaient critiqué vivement, qu’il faut que les textes soient suffisamment clairs et précis. Il faut que les textes donnent lieu à moins d’interprétation. Parce que les imprécisions des textes peuvent conduire parfois à des interprétations tendancieuses dont les conséquences peuvent se révéler incalculables pour une nation. C’est ce qui a été le cas de la Côte d’Ivoire. Donc, de ce point de vue là, il faut se donner le temps et les moyens de revisiter tous les textes relatifs à l’élection, de manière à ce qu’ils ne nous divisent plus. Il faut que les textes soient consensuels et univoques dans leur rédaction et leur lecture, de sorte à éviter les interprétations équivoques.
Mais, tout de même, au sujet du débat qu’il y a eu entre la Cei et le Conseil constitutionnel, vous avez relevé que la proclamation des résultats par la Cei a été entachée d’irrégularités…
Je ne voudrais plus revenir sur ce sujet. Je ne veux pas franchir le Rubicond et aller ouvrir cette boîte de Pandore. Mais ce que je voudrais que les gens comprennent, en tant que juriste, et je crois que c’est à cela qu’on est revenu, c’est que l’élection du président de la République résulte de deux faits ou du moins obéit à deux conditions, à savoir la légitimité et la légalité. La Cei exprime par la proclamation des résultats provisoires du scrutin, le vote des citoyens. C’est la légitimité. Mais cette légitimité doit recueillir l’onction du Conseil constitutionnel à travers la proclamation définitive des résultats. C’est la légalité. Et c’est la somme de la légitimité et la légalité qui confère à l’élu le droit de prêter serment. C’est l’article que j’avais cru bien faire de publier à l’époque, et intitulé : Légitimité et légalité. Beaucoup n’ont pas compris cela.
Donc, aujourd’hui la légitimité et la légalité se sont rejointes ?
Bien sûr, par la dernière décision du Conseil constitutionnel, le président Ouattara est aujourd’hui, président de la République de Côte d’Ivoire. C’est en vertu de cela qu’il a prêté serment. Son pouvoir procède de la jonction de la légitimité-légalité. C’était cela ma préoccupation.
A partir de cet instant, il n’y a plus donc de possibilité de contester aujourd’hui son élection.
Non, il faut progresser. Le Conseil constitutionnel a révisé sa décision et a proclamé Alassane Ouattara président de la République. Je crois qu’il faut fermer cette parenthèse définitivement.
Dans une interview que vous nous accordiez dans l’entre-deux tours, vous analysiez les résultats et vous reconnaissiez notamment la qualité de la campagne de monsieur Ouattara, le président élu. Mais en même temps, on a vu, M. Ouraga Obou verser dans du juridisme, selon certains. Où vous situez-vous ? Qu’est-ce que vous défendez véritablement ?
Je défends toujours le droit. Il n’est ni à gauche, ni à droite. Il est ailleurs. Certes, on peut se tromper. Même que ce soit de bonne foi. Mais pour l’instant, me concernant, je ne me suis pas encore trompé.
En 2000, vous n’avez pas été suivi par vos camarades de la gauche et on vous a accusé d’être notamment ‘’Ouattariste‘’ ou ‘’Alassaniste‘’. Est-ce que vous connaissez bien M. Ouattara?
Vous savez, il faut toujours laisser les gens juger. Je défends ce que j’estime juste, selon les principes qui sont les miens, si c’était à refaire je le referai sans hésitation. Concernant le président Ouattara, il a été Premier ministre de Côte d’Ivoire, et aujourd’hui président de la République, je n’ai pas de relations particulières avec lui. Et ce n’est pas nécessaire pour avoir de la considération pour certaines personnes. Mais comme je l’ai déjà dit une fois, en tant que juriste, mon devoir est de respecter les institutions. Donc quand quelqu’un occupe une fonction étatique, je le respecte d’abord pour sa fonction. C’est tout.
Donc vous n’avez pas de relations particulières avec lui ?
Non, nous n’avons pas de rapports particuliers, ils sont cordiaux, je le connais comme tous les Ivoiriens à travers les fonctions qu’il a occupées. Et pour ce à quoi vous pensez certainement, ce n’est que pure coïncidence, j’aurais pu dire la même chose pour le président Bédié ou pour tout autre candidat si j’avais estimé que c’était le cas. En plus, je pense que ce que j’ai dit après le premier tour du scrutin est dicté par la réalité du terrain. Ma science m’indique ce que je dois faire. Il a fait, par rapport aux autres candidats, une bonne campagne au premier tour. Et il est souvent bon d’écouter plus sa raison que son cœur. Personne ne m’a obligé à le dire. Et je n’étais pas obligé de le dire. Quand quelqu’un a été meilleur, il faut reconnaître son mérite.
Mais est-ce que cela vous a valu des inimitiés ?
Je crois que dans la vie, il faut assumer ce que l’on fait et ce que l’on dit.
Vous avez parlé d’avenir. Selon vous, à quoi doit aboutir la Commission dialogue, vérité, réconciliation ?
Disons que la priorité aujourd’hui, c’est d’arriver à la réunification, à la reconstruction du pays et à la réconciliation des Ivoiriens. Cette logique me paraît totalement indispensable. Mais on ne peut réunifier et reconstruire la Côte d’Ivoire si les Ivoiriens sont divisés. Donc dans la méthodologie de réunification et de reconstruction du pays, la réconciliation me paraît comme la donnée première et fondamentale pour la renaissance de la Côte d’Ivoire.
Une partie de l’opinion estime que sans vérité on ne peut pas se reconcilier?
A mon avis, il faut attendre que celui qui a été désigné comme président de la Commission nous donne sa méthodologie et qu’il nous propose sa recette. A partir de là, on peut juger. Parce que le processus de réconciliation est un exercice extrêmement difficile. Car les méthodes ne sont pas les mêmes. Elles varient en fonction des situations et des résultats auxquels on voudrait parvenir. Donc je préfère attendre avant de juger, même si notre devoir est de l’accompagner. Cependant, mon vœu le plus ardent, est que chacun devrait y mettre du sien, afin que nous apprenions à nouveau à vivre ensemble. Nous devons apprendre à pardonner et à oublier. Et que ceux qui ne peuvent pardonner laissent venir l’oubli.
Interview réalisée par Kesy B. Jacob Coll : B. Ignace