Les tractations autour du futur gouvernement se poursuivent dans toutes les chapelles politiques. Les listes des nominés ministrablescirculent. On retient le souffle en attendant le jour de la proclamation de la liste complète du gouvernement. Quant aux critères de sélection, ils sont connus de tous. Le Président de la République, Alassane Ouattara l’a même rappelé lors de son discours d’investiture. « (…) Dans les prochains jours, je formerai, un gouvernement d’union, regroupant toutes les forces de notre pays et la société civile. Il sera constitué d’hommes et de femmes ayant un sens élevé de l’intérêt général, selon des critères de compétence, de mérite et de probité … ». Si l’idée de former une équipe gouvernementale reflétant toutes les composantes de la société ivoirienne est un acte qui peut impulser la réconciliation nationale qu’Alassane Ouattara appelle de tout son vœu, il n’en demeure pas moins qu’un tel gouvernement hétéroclite, renferme des inconnus que, s’y on n’y prend garde, peut entraver la mise en œuvre du programme de gouvernement du Président de la République élu. Disons le tout net, il y a des pièges derrière ce gouvernement d’union qui va être formé. Le premier qu’on peut relever, est ‘’l’alliance’’ qu’on veut tisser avec l’opposition sein d’un gouvernement. L’expérience a toujours démontré que des gouvernements composés de toutes les forces politiques ont eu peu de chance de produire des résultats satisfaisants. Ce qui a été donné de voir, c’est que les divergences de point de vue politique sont souvent transportées au sein de l’équipe gouvernementale. « Des ministres issus des partis d’opposition travaillent non pas dans l’intérêt de la mise en œuvre du programme du Président de la République, mais plutôt pour leur parti politique ». Cette phrase, empruntée à un ancien Président voirien vient conforter la thèse soutenue ici. C’est sans doute dans cette optique que le Professeur Mamadou Koulibaly, Président par intérim du Fpi, dit être contre un ‘’gouvernement mélangé’’ qui engendre plus de problèmes qu’il en résout. Dans une de ses dernières sorties, il n’a pas manqué de dénoncer ce fait : « L’Afrique n’a besoin de gouvernement d’union. Lorsqu’on va aux élections qu’il y a un qui gagne, ma philosophie qu’il prenne l’entièreté du pouvoir et il l’assume complètement pendant la durée de son mandat (…) Aujourd’hui, si on veut aller à la réconciliation, le gouvernement d’union n’est pas forcement la solution ». A l’analyse, le Président de l’Assemblée Nationale n’a pas tort. Il faut éviter de s’enliser dans une situation qui risque de constituer un talon d’Achille pour la mise en route du programme de société du Président élu. Les Ivoiriens ne jugeront pas la composition du gouvernement, mais plutôt le Président de la République à partir du programme qu’il va dérouler pour leur bien-être et le mieux-être. Donc, il est impérieux de prendre des mesures nécessaires pour éviter de retomber dans des erreurs du passé. Par ailleurs, est-il besoin de le rappeler, le Président Ouattara devra faire attention au concept « géopolitique » qui a toujours primé dans le choix des ministres en Côte d’Ivoire. Géopolitique d’accord pour entretenir peut-être la cohésion entre tous les peuples de la Côte d’Ivoire, mais cela devra obligatoirement passer d’abord dans le tamis de la compétence, du mérite et de la probité. Si un Ivoirien est appelé à servir à un poste ministériel, que ce ne soit pas pour son influence politique dans sa région d’origine ou encore pour ses loyaux services rendus au Rhdp pendant les élections ou encore pendant la crise postélectorale, mais plutôt pour sa compétence et sa probité avérée. Les Ivoiriens seront très regardants sur les critères donnés par le Chef de l’Etat. Passés le « temps des médiocres » et de la course des postes non mérités, « l’heure Ouattara » est celui du mérite et de l’excellence.
JERÔME N’DRI
JERÔME N’DRI