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Économie Publié le vendredi 27 mai 2011 | Le Patriote

Interview/ Soumahoro Farikou (Président de la FENACCI) : “Les commerçants ont perdu plus de 1000 milliards de FCFA”

Le secteur du commerce n’a pas été épargné par la crise postélectorale qu’a vécue la Côte d’Ivoire ces six derniers mois. Il a été fortement ébranlé. Dans cet entretien, le président de la Fédération nationale des commerçants de Côte d’Ivoire (FENACCI), Soumahoro Farikou, fait le point du préjudice subi par ses membres. Aussi plaide t-il pour un appui des autorités aux commerçants.

Le Patriote : Votre secteur a subi des graves préjudices durant la crise postélectorale, pouvez-vous nous faire le bilan des dommages subis ?
Soumahoro Farikou : Pour l’instant, nous sommes en train de faire le bilan de ce préjudice au niveau national. Mais déjà, je peux me prononcer sur la situation au niveau d’Abidjan. Plus de 800 magasins y ont été pillés, saccagés ou incendiés. A l’intérieur du pays, nous n’avons pas encore fait l’état des lieux. Nous avons demandé à nos secrétaires de le faire. Incessamment, nous aurons tous ces états. Ensuite, nous allons les soumettre au gouvernement pour qu’il y ait une idée du préjudice subi par les commerçants.

LP : A combien estimez-vous ce préjudice financièrement ?
SF : Vous savez, l’apport des commerçants dans le budget de l’Etat se chiffre à 1650 milliards de FCFA tous les ans. Et quand on prend plus de quatre mois d’inactivité, il faut estimer la perte à environ la moitié de ce montant. Ce bilan, c’est celui qu’on peut faire dans le cadre de la normalité. Avec les magasins pillés et incendiés, il faut revoir à la hausse ce chiffre. Je peux donc dire que c’est plus de 1000 milliards de nos francs que nous avons perdus.

LP : Qu’attendez-vous du gouvernement pour relancer vos affaires?
SF : Nous attendons du gouvernement, il faut le dire, des allègements fiscaux. Parce qu’on ne peut pas demander qu’on dédommage tous ces commerçants. Mais en lieu et place, nous pouvons demander à l’Etat de faire des allègements ou bien créer un fonds d’entraide pour les commerçants sinistrés. Il faut rappeler que de toutes les crises depuis 99 jusqu’à celle que nous venons de vivre, ce sont les commerçants qui ont beaucoup perdu. Que ce soit en 1999, en 2002, en 2004 ou encore 2011, c’est nous qui perdons le plus avec les pillages des magasins, les vols et même les pertes en vies humaines. Pour tout cela, il faudrait que l’Etat soit regardant à notre égard. Mais déjà, nous voudrions remercier l’Etat d’avoir exempté les transporteurs, les propriétaires de véhicules de la vignette 2011. C’est un grand pas. Mais les commerçants ne sont pas les plus grands bénéficiaires de cette mesure, ce sont plutôt les transporteurs. Il ne faudrait pas faire deux poids deux mesures. Nous demandons qu’il y ait pour nous, des allégements fiscaux. Nous souhaitons aussi qu’on nous accorde une période sabbatique de deux à trois mois en nous exonérant des arriérés d’impôts.

LP : Pourquoi ?
SF : Tout simplement parce que, pendant six mois et ce à la demande du pouvoir actuel, nous avons fait des opérations villes mortes. Pendant ces périodes, il n’y a pratiquement pas eu d’activités. Le gouvernement avait demandé de surseoir à toutes nos activités et nous l’avons fait. Nous souhaitons que les arriérés d’impôt de cette période ne soient pas pris en compte. Nous n’avons pas eu d’activités et c’était à la demande du gouvernement. C’est pour toutes ces raisons que nous demandons des allègements fiscaux et une période sabbatique pour nous permettre de souffler bien.

LP : Aujourd’hui que vous êtes proche du pouvoir, n’allez-vous pas le contenter au détriment de vos membres ?
SF : C’est la raison pour laquelle j’ai animé il y a quelques jours un point de presse pour leur faire part de nos préoccupations. Moi, je vais continuer la défense des intérêts de nos membres. J’ai relevé un certain nombre de choses, comme le racket, les tracasseries. Si ces choses continuent, les nouvelles autorités nous verront en face d’elles. Parce que nous avons été élus pour défendre les intérêts des commerçants. Si les autorités actuelles ne respectent pas un certain nombre de choses, je crois que nous allons aviser.

LP : Iriez-vous jusqu’à observer des mouvements de grève ?
SF : S’il le faut, nous allons le faire pour nous faire entendre. C’est cela. On ne fait pas les grèves pour faire les grèves. Les grèves sont un moyen pour interpeller les autorités. Si d’aventure nos préoccupations ne sont pas prises en compte pour que les commerçants puissent exercer leurs activités dans la quiétude, dans la tranquillité en évitant les problèmes de rackets, d’harcèlement et de toutes tracasseries, nous n’allons pas nous laisser faire. Il arrive qu’après avoir dédouané vos marchandises, des personnes se pointent dans les marchés pour vous dire que votre marchandise a été mal dédouanée. Pourtant la marchandise a été dédouanée par des personnes assermentées. Vous êtes obligés de débourser encore de l’argent. Ce sont des pratiques que nous qualifions d’harcèlement. Il n’est pas acceptable qu’on demande à des marchandises dédouanées à Abidjan d’être encore dédouanées dans les autres villes du pays. Par exemple pour chaque camion qui arrive à San-Pedro, on oblige les commerçants à payer après avoir dédouané la marchandise à Abidjan. Il y a des colonels de douane qui se prêtaient à ce jeu là. Ils sont encore en service. Il faut éviter que ces personnes continuent de sévir. Pour que la nouvelle direction de douane travaille bien, il faut que ces personnes soient mises sous l’éteignoir. Nous allons les dénoncer.

Réalisée par Thiery Latt
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