Après la fin de la crise post-électorale, l’Unicef a décidé de reprendre pleinement ses activités sur l’ensemble du territoire national. Louis Vigneault-Dubois explique ici ce qu’ils vont faire pour aider les enfants en Côte d’Ivoire.
l Cette année, les enfants n’auront pas une longue période de vacances. Les cours vont se poursuivre jusqu’en septembre voire octobre, comment l’Unicef analyse-t-il cette situation ?
Nous pensons qu’au-delà des vacances scolaires, ce qui va être difficile à gérer, c’est que l’année scolaire va chevaucher la période des récoltes. C’est très important, pour nous, de mener un plaidoyer auprès des familles concernées. Leur faire comprendre que cette année n’est pas comme les autres années scolaires et que c’est important de garder l’enfant à l’école malgré les récoltes. C’est un défit pour nous ainsi que pour nos partenaires. Ce serait dommage que cette crise se termine par des enfants en déperdition scolaire. Il faut vraiment pouvoir faire passer le message. Si les familles ont à choisir entre envoyer l’enfant au champ et le laisser aller à l’école, il faut choisir l’école. Du reste, c’est dans l’intérêt des enfants de pouvoir compléter cette année scolaire, même s’il faut empiéter sur les vacances, et de pouvoir reprendre l’année prochaine un calendrier normal. Cela va être difficile mais il faut le faire.
l Est-ce la première fois que l’Unicef gère ce genre de cas ?
En 2004 et en 2002, il y a eu des réaménagements de calendrier scolaire en Côte d’Ivoire. Les enfants sont capables de gérer ce genre de stress.
l Peut-on dire que l’école a repris ?
La dernière étude que nous avons sortie, il y a deux semaines, montre que 85% des élèves sont de retour en classes dans les zones centre, nord et ouest.
l Pendant la crise, des enfants ont subi des traumatismes, cela préoccupe-t-il l’Unicef?
Tout à fait. C’est l’une de nos priorités d’action dans les prochains mois. Plus nous attendront pour intervenir, plus le traumatisme risque de devenir profond et difficile à gérer. Nous avons mis sur pied des réseaux communautaires pour le soutien des enfants qui sont dans cette situation, dans l’ouest. Cela va s’étendre sur Abidjan.
l Quel est votre constat ?
Le travail, c’est de pouvoir rapporter les cas de violation de droit de l’Homme sur les enfants. C’est la première étape. Ensuite, pouvoir apporter un soutien à ces enfants et faire un suivi, soit médical ou judiciaire. Pour des enfants qui ont été témoin de violence, qui ont vu des choses se passer sans nécessairement être les premières victimes, nous avons pour cela un programme pour l’appui psycho-social. Il est question de former les enseignants de l’éducation nationale, des travailleurs sociaux, des encadreurs pour pouvoir accompagner les enfants et gérer le stress et le traumatisme qu’ils ont subis. Cela va bientôt commencer.
l Avez-vous des cas de traumatisme chez les enfants ?
Des cas, il y en a un peu partout. En termes de protection de l’enfance, on ne parle pas forcément du nombre de cas. Cela ne signifie pas grand-chose. Il faut plutôt parler de risques.
l Quelles sont les zones concernées par les traumatismes?
Ce sont les zones où il y a eu les combats les plus violents en Côte d’Ivoire : Abidjan et l’Ouest. Ce sont les zones prioritaires pour nous.
l A quoi ressemble un enfant touché par le traumatise de la guerre ?
Le type de traumatisme que l’enfant peut subir, peut être un repli sur soi, une stigmatisation dans la communauté. Une petite fille violée peut être, par exemple, rejetée. Cela rend la chose plus difficile à accepter et à vivre. C’est un type de symptôme, il y a aussi l’abandon scolaire, qui est un type de comportement qu’on va retrouver chez les enfants traumatisés. Ce sont vraiment des comportements précis qu’on observe. Les enseignants et les travailleurs sociaux que nous formons vont être aptes à gérer ce genre de situation et à amener l’enfant à prendre conscience de ce qui s’est passé et l’aider à digérer cette émotion et continuer sa vie à l’école, dans sa communauté.
l On parle en ce moment d’engins explosifs qui sont tombés dans des cours d’école pendant la guerre. Plusieurs de ces engins n’ont pas explosé et constituent une menace pour les enfants. Comment gérez-vous cette situation ?
Nous avons développé des messages à la télé et à la radio pour sensibiliser la population sur cette question. Il y a beaucoup d’écoles en ce moment qui ne peuvent pas reprendre les cours parce qu’il y a encore certains de ces objets dans leur enceinte. Il y a un recensement à Abidjan et à l’ouest sur le nombre d’établissements concernés. Nous continuons de sensibiliser la population.
l Avez-vous déjà eu des accidents ?
Non, heureusement.
Interview réalisée par Cissé Sindou et Raphaël Tanoh
l Cette année, les enfants n’auront pas une longue période de vacances. Les cours vont se poursuivre jusqu’en septembre voire octobre, comment l’Unicef analyse-t-il cette situation ?
Nous pensons qu’au-delà des vacances scolaires, ce qui va être difficile à gérer, c’est que l’année scolaire va chevaucher la période des récoltes. C’est très important, pour nous, de mener un plaidoyer auprès des familles concernées. Leur faire comprendre que cette année n’est pas comme les autres années scolaires et que c’est important de garder l’enfant à l’école malgré les récoltes. C’est un défit pour nous ainsi que pour nos partenaires. Ce serait dommage que cette crise se termine par des enfants en déperdition scolaire. Il faut vraiment pouvoir faire passer le message. Si les familles ont à choisir entre envoyer l’enfant au champ et le laisser aller à l’école, il faut choisir l’école. Du reste, c’est dans l’intérêt des enfants de pouvoir compléter cette année scolaire, même s’il faut empiéter sur les vacances, et de pouvoir reprendre l’année prochaine un calendrier normal. Cela va être difficile mais il faut le faire.
l Est-ce la première fois que l’Unicef gère ce genre de cas ?
En 2004 et en 2002, il y a eu des réaménagements de calendrier scolaire en Côte d’Ivoire. Les enfants sont capables de gérer ce genre de stress.
l Peut-on dire que l’école a repris ?
La dernière étude que nous avons sortie, il y a deux semaines, montre que 85% des élèves sont de retour en classes dans les zones centre, nord et ouest.
l Pendant la crise, des enfants ont subi des traumatismes, cela préoccupe-t-il l’Unicef?
Tout à fait. C’est l’une de nos priorités d’action dans les prochains mois. Plus nous attendront pour intervenir, plus le traumatisme risque de devenir profond et difficile à gérer. Nous avons mis sur pied des réseaux communautaires pour le soutien des enfants qui sont dans cette situation, dans l’ouest. Cela va s’étendre sur Abidjan.
l Quel est votre constat ?
Le travail, c’est de pouvoir rapporter les cas de violation de droit de l’Homme sur les enfants. C’est la première étape. Ensuite, pouvoir apporter un soutien à ces enfants et faire un suivi, soit médical ou judiciaire. Pour des enfants qui ont été témoin de violence, qui ont vu des choses se passer sans nécessairement être les premières victimes, nous avons pour cela un programme pour l’appui psycho-social. Il est question de former les enseignants de l’éducation nationale, des travailleurs sociaux, des encadreurs pour pouvoir accompagner les enfants et gérer le stress et le traumatisme qu’ils ont subis. Cela va bientôt commencer.
l Avez-vous des cas de traumatisme chez les enfants ?
Des cas, il y en a un peu partout. En termes de protection de l’enfance, on ne parle pas forcément du nombre de cas. Cela ne signifie pas grand-chose. Il faut plutôt parler de risques.
l Quelles sont les zones concernées par les traumatismes?
Ce sont les zones où il y a eu les combats les plus violents en Côte d’Ivoire : Abidjan et l’Ouest. Ce sont les zones prioritaires pour nous.
l A quoi ressemble un enfant touché par le traumatise de la guerre ?
Le type de traumatisme que l’enfant peut subir, peut être un repli sur soi, une stigmatisation dans la communauté. Une petite fille violée peut être, par exemple, rejetée. Cela rend la chose plus difficile à accepter et à vivre. C’est un type de symptôme, il y a aussi l’abandon scolaire, qui est un type de comportement qu’on va retrouver chez les enfants traumatisés. Ce sont vraiment des comportements précis qu’on observe. Les enseignants et les travailleurs sociaux que nous formons vont être aptes à gérer ce genre de situation et à amener l’enfant à prendre conscience de ce qui s’est passé et l’aider à digérer cette émotion et continuer sa vie à l’école, dans sa communauté.
l On parle en ce moment d’engins explosifs qui sont tombés dans des cours d’école pendant la guerre. Plusieurs de ces engins n’ont pas explosé et constituent une menace pour les enfants. Comment gérez-vous cette situation ?
Nous avons développé des messages à la télé et à la radio pour sensibiliser la population sur cette question. Il y a beaucoup d’écoles en ce moment qui ne peuvent pas reprendre les cours parce qu’il y a encore certains de ces objets dans leur enceinte. Il y a un recensement à Abidjan et à l’ouest sur le nombre d’établissements concernés. Nous continuons de sensibiliser la population.
l Avez-vous déjà eu des accidents ?
Non, heureusement.
Interview réalisée par Cissé Sindou et Raphaël Tanoh