Les évènements post-électoraux ont propulsé le secteur privé ivoirien dans le gouffre. Pour relancer l’économie nationale, les différents responsables des organisations professionnelles ont échangé, hier à Abidjan, avec la mission conjointe Fmi-Banque mondiale.
L’appareil productif ivoirien est au plus mal du fait des conséquences néfastes de la crise post-électorale. Hier au Plateau, c’est tout le corpus du secteur privé composé de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci), de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (Cci-CI), de la Fédération ivoirienne des petites et moyennes entreprises (Fipme) qui a dressé un tableau sombre devant Mme Doris Ross, chef de délégation et les représentants des ministres de l’Industrie et de la promotion du secteur privé et de l’Economie et des finances. «Les entreprises sont dans état délabré et nous sommes tous sinistrés», a déploré Jean Kacou Diagou, président de la Cgeci. Selon lui, les pillages et déstructurations d’entreprises qui ont eu lieu durant le conflit post-électoral dépassent l’entendement humain. Puisque de nombreuses structures ont perdu quasi-totalement leur mémoire et leur outil de production, sans omettre les nombreux chômages. Pour lui, de l’évaluation partielle des dégâts, il ressort un préjudice global de plus de 1.000 milliards de Fcfa.
Un «moratoire fiscal»
En effet, les dommages directs causés au privé valent 86 milliards de Fcfa. Quand aux dommages indirects plus importants, ils sont de 267 milliards de Fcfa hormis les assurances, le secteur pétrolier, les exportateurs, les Pme et les banques.
Les établissements bancaires connaissent une perte directe de 10 milliards de Fcfa sans compter les créances compromises estimées à 500 milliards de Fcfa. Pour lui, la priorité du patronat c’est d’abord la sécurité. «On ne sait plus à qui faire confiance. Tout le monde porte des treillis. On ne fait plus de différence entre les Frci et les bandits. D’ailleurs, 2 à 3000 prisonniers errent dans la ville. C’est une préoccupation majeure pour les opérateurs économiques. Car, quand il n’y a pas de sécurité, il est difficile de travailler», a-t-il prévenu. Pour aider véritablement à la relance économique, le patronat demande à l’Etat un moratoire sur le plan fiscal pour encourager la relance économique. «Que les délais de déclaration d’impôts soient reportés à plus tard. Concernant les banques, il faut mettre en place un moratoire judiciaire pour éviter que les clients les attaquent en justice après leur fermeture (indépendante de leur volonté). Sinon beaucoup iront en faillite», a insisté le premier responsable du privé. A l’en croire, il faut améliorer l’environnement des affaires avec la mise en place d’un guichet unique de création d’entreprises et exonérer les entreprises de certaines taxes. Toute chose pouvant permettre d’élargir la base du secteur formel et réduire par conséquent l’informel. Du côté des Pme, c’est également la catastrophe. De l’analyse de Mme Ehui Marthe, présidente de la Fipme, 80% des Pme ont disparu dans la capitale économique. Du fait du traumatisme subi par les travailleurs et qui affecte leur rendement, elle a plaidé pour la mise en place d’un programme de soutien psychologique. A l’en croire, il faudra consolider d’urgence les entreprises déjà en activité avec un soutien financier.
Les assurances du Fmi
La chambre consulaire a vivement critiqué le retour fulgurant du racket, entravant du coup la fluidité routière. Son vice-président, Djibo Nicolas a estimé que pour le dédommagement des entreprises, l’Etat doit remonter jusqu’en 1999. «Nous ne disons pas que tout doit être payé en une année. On peut prendre une loi et trouver des modalités. C’est une question de responsabilité pour dire plus jamais ça en Côte d’Ivoire», a-t-il argumenté. Mme Doris Ross a annoncé que le Fmi va apporter un appui financier à la Côte d’Ivoire pour redémarrer l’activité économique et sortir de cette crise.
«Mais, c’est vraiment à cours terme. Il faut s’inscrire également dans le moyen terme pour relever les défis structurels. Et je me réjouis que le nouveau gouvernement ait déjà planifié un séminaire sur l’énergie début juin à Yamoussoukro. C’est une question cruciale parce qu’on a manqué d’investissement au cours des dernières décennies», a-t-elle indiqué, avant de préciser que la mission reviendra à Abidjan entre fin août et début septembre pour échanger sur un programme moyen-terme qui peut gagner l’appui du Fmi avec de nouveaux décaissements avant la fin d’année. Elle reste convaincue que ce sera un autre pas vers le point d’achèvement de l’initiative Ppte en 2012. Déjà, la Banque mondiale prévoit décaisser bientôt une enveloppe de 45 milliards de Fcfa pour soutenir la reprise. Pour Philip English, consultant à la Bm, l’institution va reprendre sa coopération avec Abidjan et entend investir dans de nouveaux programmes en préparation notamment dans le domaine de la création d’emploi, l’agriculture et l’électricité. En définitive, tous les acteurs estiment qu’il faut traiter les problèmes en profondeur pour éviter les erreurs du passé. Surtout que les nombreuses promesses de dédommagement-après les évènements de 2004-faites par le régime d’alors, ont été soldées par un échec total. Le directeur de cabinet du ministre délégué à l’Industrie, Aguié Amaffon Germain a salué l’initiative des institutions de Bretton Woods. Pour lui, l’Etat a mis en place un cadre secteur public-secteur privé pour favoriser la concertation. Ajoutant que le dispositif institutionnel existe déjà pour traiter les problèmes.
Cissé Cheick Ely
L’appareil productif ivoirien est au plus mal du fait des conséquences néfastes de la crise post-électorale. Hier au Plateau, c’est tout le corpus du secteur privé composé de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci), de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (Cci-CI), de la Fédération ivoirienne des petites et moyennes entreprises (Fipme) qui a dressé un tableau sombre devant Mme Doris Ross, chef de délégation et les représentants des ministres de l’Industrie et de la promotion du secteur privé et de l’Economie et des finances. «Les entreprises sont dans état délabré et nous sommes tous sinistrés», a déploré Jean Kacou Diagou, président de la Cgeci. Selon lui, les pillages et déstructurations d’entreprises qui ont eu lieu durant le conflit post-électoral dépassent l’entendement humain. Puisque de nombreuses structures ont perdu quasi-totalement leur mémoire et leur outil de production, sans omettre les nombreux chômages. Pour lui, de l’évaluation partielle des dégâts, il ressort un préjudice global de plus de 1.000 milliards de Fcfa.
Un «moratoire fiscal»
En effet, les dommages directs causés au privé valent 86 milliards de Fcfa. Quand aux dommages indirects plus importants, ils sont de 267 milliards de Fcfa hormis les assurances, le secteur pétrolier, les exportateurs, les Pme et les banques.
Les établissements bancaires connaissent une perte directe de 10 milliards de Fcfa sans compter les créances compromises estimées à 500 milliards de Fcfa. Pour lui, la priorité du patronat c’est d’abord la sécurité. «On ne sait plus à qui faire confiance. Tout le monde porte des treillis. On ne fait plus de différence entre les Frci et les bandits. D’ailleurs, 2 à 3000 prisonniers errent dans la ville. C’est une préoccupation majeure pour les opérateurs économiques. Car, quand il n’y a pas de sécurité, il est difficile de travailler», a-t-il prévenu. Pour aider véritablement à la relance économique, le patronat demande à l’Etat un moratoire sur le plan fiscal pour encourager la relance économique. «Que les délais de déclaration d’impôts soient reportés à plus tard. Concernant les banques, il faut mettre en place un moratoire judiciaire pour éviter que les clients les attaquent en justice après leur fermeture (indépendante de leur volonté). Sinon beaucoup iront en faillite», a insisté le premier responsable du privé. A l’en croire, il faut améliorer l’environnement des affaires avec la mise en place d’un guichet unique de création d’entreprises et exonérer les entreprises de certaines taxes. Toute chose pouvant permettre d’élargir la base du secteur formel et réduire par conséquent l’informel. Du côté des Pme, c’est également la catastrophe. De l’analyse de Mme Ehui Marthe, présidente de la Fipme, 80% des Pme ont disparu dans la capitale économique. Du fait du traumatisme subi par les travailleurs et qui affecte leur rendement, elle a plaidé pour la mise en place d’un programme de soutien psychologique. A l’en croire, il faudra consolider d’urgence les entreprises déjà en activité avec un soutien financier.
Les assurances du Fmi
La chambre consulaire a vivement critiqué le retour fulgurant du racket, entravant du coup la fluidité routière. Son vice-président, Djibo Nicolas a estimé que pour le dédommagement des entreprises, l’Etat doit remonter jusqu’en 1999. «Nous ne disons pas que tout doit être payé en une année. On peut prendre une loi et trouver des modalités. C’est une question de responsabilité pour dire plus jamais ça en Côte d’Ivoire», a-t-il argumenté. Mme Doris Ross a annoncé que le Fmi va apporter un appui financier à la Côte d’Ivoire pour redémarrer l’activité économique et sortir de cette crise.
«Mais, c’est vraiment à cours terme. Il faut s’inscrire également dans le moyen terme pour relever les défis structurels. Et je me réjouis que le nouveau gouvernement ait déjà planifié un séminaire sur l’énergie début juin à Yamoussoukro. C’est une question cruciale parce qu’on a manqué d’investissement au cours des dernières décennies», a-t-elle indiqué, avant de préciser que la mission reviendra à Abidjan entre fin août et début septembre pour échanger sur un programme moyen-terme qui peut gagner l’appui du Fmi avec de nouveaux décaissements avant la fin d’année. Elle reste convaincue que ce sera un autre pas vers le point d’achèvement de l’initiative Ppte en 2012. Déjà, la Banque mondiale prévoit décaisser bientôt une enveloppe de 45 milliards de Fcfa pour soutenir la reprise. Pour Philip English, consultant à la Bm, l’institution va reprendre sa coopération avec Abidjan et entend investir dans de nouveaux programmes en préparation notamment dans le domaine de la création d’emploi, l’agriculture et l’électricité. En définitive, tous les acteurs estiment qu’il faut traiter les problèmes en profondeur pour éviter les erreurs du passé. Surtout que les nombreuses promesses de dédommagement-après les évènements de 2004-faites par le régime d’alors, ont été soldées par un échec total. Le directeur de cabinet du ministre délégué à l’Industrie, Aguié Amaffon Germain a salué l’initiative des institutions de Bretton Woods. Pour lui, l’Etat a mis en place un cadre secteur public-secteur privé pour favoriser la concertation. Ajoutant que le dispositif institutionnel existe déjà pour traiter les problèmes.
Cissé Cheick Ely