Le Burida traverse une impasse. Outre le non-paiement des salaires des employés depuis plusieurs mois, l’absence du Pca, Gadji Céli, provoque une crise de succession. Encore une zone de turbulence. Ceux qui avaient cru que l’élection de Gadji Céli au poste de président du conseil d’administration (Pca) du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) mettrait fin à la guéguerre entre les créateurs ivoiriens, peuvent se mordre les doigts. Deux ans après la mise en place du Burida nouveau, une nouvelle crise est à l’horizon dans la maison verte devenue orange. En effet, le caractère très politique qui avait frappé les observateurs après la mise en place de l’équipe Gadji, a eu ses inconvénients suite au départ du pouvoir de Laurent Gbagbo. Dans le cadre de la crise post-électorale, le ‘’King’’ s’est retrouvé au Ghana. Pour l’ex-capitaine des Eléphants, son absence de la Côte d’Ivoire se justifie par le pillage de son domicile. « Ma maison a été pillée de fond en comble. Cela fait des mois que je suis sans salaire au Burida. On me demande de revenir au pays. Dites-moi, où vais-je me loger? Qui va accepter de loger toute ma famille ? », a-t-il confié. Mais, nombreux sont ceux qui croient que le Pca est au Ghana à cause de ses liens avec l’ancien régime. « Ceux qui ne se reprochent rien sont rentrés. Si Gadji est encore à l’extérieur, c’est parce qu’il sait ce qu’il a fait », a commenté un créateur, membre de l’Union nationale des artistes de Côte d’Ivoire (Unartci) dont Gadji était le président jusqu’à un passé récent. L’absence de l’ancien joueur de l’Asec donne des idées. Pour des sociétaires du Burida, il faut un nouveau Pca. Leur argument principal repose sur l’absence physique du chanteur mais aussi sur son engagement auprès de l’ex-président durant la campagne électorale. «Comme griefs contre Gadji, des gens rapportent qu’il aurait battu campagne pour Laurent Gbagbo au nom du conseil d’administration du Burida », explique un administrateur qui tient à garder l’anonymat. Suffit-il d’être absent pour perdre son poste? La réponse à cette interrogation se trouve dans le décret n° 2008-357 du 20 novembre 2008, portant réforme du Burida. « Au Burida, il faut se référer aux textes », se protège-t-il de ses détracteurs. En effet, en son article 22, le décret stipule qu’ « en cours de mandat, le ministre en charge de la culture, saisi par une résolution du conseil d’administration, peut mettre fin au mandat de tout membre du conseil d’administration qui se trouverait dans l’une des situations suivantes : ne remplit plus l’une des conditions visées par l’article 19, totalise trois absences consécutives non-justifiées aux réunions du conseil d’administration, commet dans l’exercice de ses fonctions des fautes constatées par le commissaire aux comptes, viole les dispositions de l’article 29 ». Alors que dans la situation actuelle, aucune de ces fautes ne peut être imputée au Pca. Le texte continue : « dans l’hypothèse de l’alinéa premier ci-dessus, si l’administrateur est le président du conseil d’administration, il devra être mis fin à ses fonctions par décret sur rapport du ministre en charge de la Culture. Un président du conseil d’administration sera alors élu lors d’une session convoquée et présidée par le doyen d’âge d’entre les administrateurs dans un délai de quinze (15) jours à compter de la révocation de l’ancien président pour assurer l’intérim jusqu’à l’expiration du mandat en cours. A défaut d’élection dans ledit délai, il sera nommé par arrêté du ministre en charge de la Culture, un intérimaire d’entre les administrateurs alors en fonction ». Du moment où aucune disposition de l’alinéa 1 ne concerne Gadji, la précédente disposition ne le concerne pas. Seulement, si l’absence de l’auteur de ‘’Femme de feu’’ se prolonge, il faudra trouver d’autres alternatives. Une jurisprudence qui permettrait au Conseil d’administration (Ca) de constater la vacance du poste du Pca à partir d’une date précise, de saisir le ministre de tutelle qui à son tour, avisera le président de la République pour nommer par décret un Pca intérimaire jusqu’à expiration du mandat de Gadji. Une autre alternative est que, usant de ses pouvoirs exceptionnels, le Président Alassane Ouattara décide d’annuler les décrets précédents et nomme un nouveau Pca. « Que fait encore Gadji au Ghana ? », nombreux sont les Ivoiriens qui s’interrogent.
Sanou A.
Sanou A.