Comme toujours, il entend mettre l’Ivoirien au cœur de chacune de ses actions. Aux journalistes de ‘‘Jeune Afrique’’ (paru lundi) qui se demandent si Alassane Ouattara pourrait « préserver son indépendance » vis-à-vis de tous ceux qui l’ont aidé à accéder au pouvoir, le Président ivoirien est sans équivoque : « Je ne dois rien à personne, sauf aux ivoiriens, qui m’ont élu ». Dans cet entretien, ses premiers mots sont d’ailleurs dans cette logique. Ses priorités sont la « réconciliation et la reconstruction ». Ouattara qui exècre le débat politicien tranche souvent : « Ce qui m’intéresse, c’est le développement de mon pays pour des citoyens qui ont trop souffert(…) la plus importante de toutes (mes priorités), c’est l’amélioration rapide et importante du quotidien des Ivoiriens : eau, électricité, école, santé, infrastructures… l’objectif global, c’est la création d’emplois, notamment pour les jeunes ». Malgré la difficulté, il y croit parce qu’il a l’expertise du FMI et l’expérience de la Primature. C’est pourquoi sans hésiter il espère une croissance rapide. « Nous misons sur une croissance de 3% l’année prochaine, gage le Chef de l’Etat. (…) nous allons récupérer le temps perdu, et j’espère qu’à la fin de mon mandat la croissance sera proche de 10% ». Par ailleurs, il croit à un retour rapide de la BAD. « Je souhaite que la BAD revienne avant la fin de l’année », dit-il. « Et je crois que le Président Kaberuka, que je connais depuis longtemps, est déterminé à aller dans ce sens ». Des ambitions qu’il ne peut atteindre, bien sûr, sans la réconciliation. Pour autant, il ne compte guère sacrifier la justice comme certains l’auraient espérer. Il se présente comme un homme attaché au respect de la loi. Lorsque son interviewer lui demande si les images de DSK, dont il reconnaît être « l’ami », menotté l’ont choqué, il n’hésite pas : « c’est la loi américaine, elle s’applique à tous ». Une vision qui vaut pour la situation ivoirienne. « Tous les Ivoiriens sont égaux devant la justice et le règne de l’impunité est bel et bien terminé », déclare-t-il pour dire que même les siens « s’ils sont coupables » ne seront pas épargnés. De Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara soutient que le pays « n’a pas les moyens de juger les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité. La CPI est là pour cela ». Interrogé sur une éventuelle atteinte à la sûreté de l’Etat, le Président ne dément pas mais affiche de la sérénité. « J’apprends en tout cas que certains en ont la volonté. Mais nous sommes organisés et confiants », est-il persuadé. Sans doute aussi parce qu’il a de « très bonne relations avec le Président (ghanéen) Atta Mills » avec qui il parle « toutes les semaines ».
KI
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