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Politique Publié le samedi 4 juin 2011 | Le Patriote

Fonctionnement du gouvernement, ponctualité, éthique des ministres Guillaume Soro : “Tout va changer”

© Le Patriote Par Nathan Koné
Activités gouvernementales: le nouveau gouvernement a tenu son premier Conseil des ministres
Vendredi 3 juin 2011. Abidjan. Palais présidentiel du Plateau. Premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement. Photo: le premier ministre, Guillaume Kigbafory Soro
Après le conseil des ministres, le Premier ministre Guillaume Soro a animé une conférence de presse. Il s’est prononcé sur les questions brûlantes de l’heure et a rassuré les Ivoiriens quant à la volonté du président de la République de remettre le pays au travail. Le conférencier, sur cette question, a été clair: «Tout va changer». Nous vous proposons l’intégralité de ses échanges avec les journalistes.

« Le premier point a été la réconciliation. Il faut travailler à la réconciliation entre les fils et filles de Côte d’Ivoire. Le second point, c’est la reconstruction du pays après cette longue traversée du désert. Le troisième point, c’est la sécurité pour tous. Le Président a évoqué le programme d’urgence, il a aussi évoqué une charte d’éthique et de déontologie pour les membres du gouvernement. Le Président a aussi demandé au gouvernement de se mettre immédiatement au travail. Il a demandé de l’action plutôt que des discours. Le Président a souhaité rapidement que le gouvernement puisse donner réponse aux préoccupations quotidiennes de tous les citoyens.

Mesdames et messiers, voici ce que le président de la République a donné comme orientation à l’équipe gouvernementale. Bien entendu, les membres du gouvernement sont heureux d’avoir le privilège de siéger dans ce gouvernement qui doit ouvrir une nouvelle page de l’histoire dans notre pays, qui doit se préoccuper et travailler à faire en sorte que la Côte d’Ivoire redevienne la grande Côte d’Ivoire que nous avons, à l’époque, connu. Une Côte d’Ivoire qui tourne le dos aux querelles, aux palabres. Une Côte d’Ivoire résolument engagée dans la voie du développement.

Voici, mesdames et messieurs, ce que je peux vous faire comme compte-rendu de ce conseil. En tout cas, en ce qui nous concerne, les ministres sont invités immédiatement à se mettre au travail. Je crois que dans les prochains jours, vous verrez la manifestation concrète de cet engagement de l’équipe gouvernementale.


Après cette intervention, le Premier ministre s’est prêté aux questions des journalistes.

Q : On attendait des représentants du Front populaire ivoirien dans votre gouvernement, ce n’est pas le cas. Qu’est-ce qui explique cela?

Guillaume Soro : Il faut que les choses soient claires. Le 28 novembre 2010, un Président de la République a été démocratiquement élu. Il revient au Président de la République démocratiquement élu et conformément à notre Constitution, de nommer un Premier ministre qui lui propose un gouvernement. Nous ne sommes plus dans le contexte ou dans le cadre de l’accord politique de Linas-Marcoussis, qui avait prévu une clé de répartition entre les formations politiques. C’est terminé. Nous ne sommes pas dans le cadre de ces partages.

Mais, bien entendu, après les difficultés de transmission de pouvoir pacifiquement au Président de la République élu, Le Président de la République a considéré et vous l’avez vu, dans les orientations qu’il nous a données en conseil des ministres, que pour renforcer la réconciliation entre les fils et filles de la Côte d’Ivoire, il fallait ouvrir son gouvernement aux forces politiques qu’il juge utiles d’associer dans le cadre d’un gouvernement d’union. C’est de la responsabilité du Président de la République et ça relève d’une volonté politique. C’est conformément à cette volonté politique que le Président m’a demandé, tout de même, de prendre langue avec certains responsables de formations politiques en vue de la formation du gouvernement, en précisant à chacun que ce n’est plus une affaire de clé de répartition, mais que le Président se réserve le droit, avec son Premier ministre, de former le gouvernement en sollicitant des personnalités pour y figurer. Je me suis rendu à Daoukro pour voir le président Bédié, président du PDCI RDA. J’ai eu d’autres contacts. C’est dans la même logique que j’ai reçu le président intérimaire du FPI, M. Mamadou Koulibaly, pour échanger avec lui et l’informer de l’intention du Président d’associer toutes les filles et tous les fils de la Côte d’Ivoire dans son gouvernement. Après cet entretien, le président intérimaire du FPI m’a adressé un courrier le 1er juin, m’informant de ce que le FPI considérait que sa place était dans l’opposition républicaine et que le FPI ne souhaitait pas s’associer . Il nous a même indiqué que c’est cette façon de procéder qui avait créé l’inertie et leur échec. Le FPI n’a pas souhaité faire partie du gouvernement et le gouvernement a été formé. Tout à l’heure, en conseil des ministres, le gouvernement a regretté que le FPI n’ait pas saisi la main tendue du Président de la République pour participer au gouvernement. Je ne peux, en tant Premier ministre, que regretter que cette volonté de réconciliation, de mettre ensemble tout le monde pour reconstruire le pays n’ait pas été l’occasion de toutes les filles et tous les fils de se montrer solidaires du gouvernement et du Président de la République.

Q: Je voudrais savoir si la réunification de l’armée a été abordée ?

GS : La question de la réunification ? Bien entendu ! J’ai dit que dans les priorités du gouvernement, il y a la réconciliation, il y a la sécurité. Dans le volet sécurité, il y a la restructuration de l’armée. Ce sont des chantiers qui seront forcément abordés à l’occasion des conseils de gouvernement et ensuite en conseil de ministre

Q : Monsieur le Premier ministre, qu’est-ce qui va changer avec ce nouveau gouvernement qui vient d’être formé ?

GS: Tout va changer. Je vous l’ai dit, le Président de la République a insisté sur le fait qu’il y aura une charte d’éthique et de déontologie des ministres. Cela montre bien que déjà sur ce plan, les choses vont changer, le comportement des ministres, la responsabilité de l’équipe gouvernementale, vis-à-vis, non seulement du bien public, mais vis-à-vis du citoyen.

Beaucoup de choses vont changer. Le Président a insisté que le gouvernement se mette au travail pour changer la Côte d’Ivoire. Nous savons que les attentes des Ivoiriens sont nombreuses et nous savons aussi qu’ils sont impatients de voir les choses évoluer positivement. Nous sommes pleinement conscients de la responsabilité qui est la nôtre.

Nous travaillerons et nous ferons en sorte que de façon concrète, manifeste, vous puissiez voir le changement qu’il y a. Rien que pour vous faire une confidence, le conseil a commencé à 10h, la ponctualité. C’est peut-être un détail, mais c’est important.

Q : Que répondez-vous aux Ivoiriens qui estiment que le gouvernement comprend beaucoup de membres, 36 au total ?

G S: Je comprends que les Ivoiriens soient exigeants, mais tout de même. Nous sortons d’une situation difficile. Il était donc tout à fait normal que le gouvernement ait cette taille. 36 ministres, c’est quand même loin des 80 ministres qu’on a vu dans d’autres pays. Des pays qui n’ont pas connu la situation que nous connaissons. Tout près de nous au Sénégal, c’est un gouvernement de 34 membres, on a que deux ministres de plus. Les Ivoiriens on fait confiance au Président de la République. Le Président met un gouvernement en place, les Ivoiriens doivent attendre le travail de ce gouvernement et l’efficacité de l’équipe gouvernementale. Nous sommes à 36 membres, ce n’est pas la première fois que je me soumets à l’exercice de former un gouvernement. Je ne vois pas en quoi c’est excessif.

Quand nous sortions de Marcoussis nous étions à plus de 40 ministres. Quand nous sortions de Ouagadougou, nous étions autour de 34 ministres. Le gouvernement va se mettre au travail. Vous voulez des résultats, nous vous en donnerons.

Q: Qu’est-ce qui explique le faible taux de participation des femmes à ce gouvernement ?

GS : Cinq femmes, ce n’est pas assez, nous devons en convenir, même si le dernier gouvernement que j’avais mis en place n’en comptait que deux. Mais évidemment, il faut faire des progrès. Et nous sommes d’accord. Le Président a insisté pour que nous puisions proposer des femmes au gouvernement. Nous avons travaillé. J’ai insisté pour que les uns et les autres proposent des artistes au gouvernement. Ce n’était pas facile non plus.

Q : Il semble que vous avez l’intention de confectionner de nouvelles tenues pour l’armée ?

GS : Ce sont des questions très pratiques. Il reviendra au gouvernement de décider. Je pense que ce qu’il faut que vous reteniez, c’est que la machine est en marche. C’est maintenant qu’il faut commencer à juger le gouvernement. Laissez-nous travailler !

Yves-M. ABIET
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