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Société Publié le mercredi 8 juin 2011 | Le Nouveau Réveil

Réhabilitation et réouverture de la Maca/Une urgence nationale pour mettre fin à la justice de la rue

© Le Nouveau Réveil
Justice: la prison civile d`Abidjan
Photo: portail de la Maison d`arrêt et de correction d`Abidjan (Maca)
Tout le monde est unanime sur la question. L'insécurité en Côte d'Ivoire et notamment dans la ville d'Abidjan a atteint le sommet. De jour comme de nuit, les Ivoiriens sont agressés et dépouillés de leurs biens chez eux à domicile ou dans les rues. Les automobilistes qui sont délestés de leurs véhicules qu'ils ne retrouvent plus se comptent par dizaines chaque jour. Devant cette situation, les Ivoiriens ne savent plus à quel saint se vouer. Les autorités qui ont, disent-elles, fait de la lutte contre l'insécurité une priorité, n'accompagnent pas sur le terrain, cette volonté d'un acte fort que tout le monde attend : La réouverture de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan. On le sait, dans les premières heures de l'offensive des Frci sur Abidjan, la plus grande prison de Côte d'Ivoire et la plus sinistre aussi, a été attaquée et vidée de ses occupants par le commando invisible d'Ibrahim Coulibaly. Libérant ainsi dans la nature, près de 6 mille détenus dont plusieurs centaines de grands criminels. Lesquels, profitant de l'aubaine, nourrissant des arrière-pensées lugubres, massivement jetés dans les rangs des Frci. Pillant ici, pillant là, les biens d'honnêtes citoyens, sous le prétexte de recherches d'armes dans des domiciles. Pillages qu'ils ont d'ailleurs commencés depuis la Maca qu'ils ont entièrement saccagée avant de s'évader en s'en prenant au passage, aux domiciles des gardes pénitentiaires. Depuis, les portes de cette prison dont les bâtiments avaient été, depuis belle lurette, gagnés par la vétusté, sont restées grandement ouvertes. Rendant impossible tout placement sous mandat de dépôt des milliers de personnes qui ont été arrêtées à la faveur de la crise y compris des pilleurs, des braqueurs, des brigands de toutes sortes. L'indisponibilité de la Maca rend inopérants, les deux tribunaux de première instance d'Abidjan. Lesquels ne programment plus d'audience de flagrants délits depuis plus de trois mois vu que personne ne peut en ce moment être emprisonné à Abidjan. Conséquence, dans les commissariats et autres brigades de gendarmerie d'Abidjan, le respect des règles de procédure pénale n'est plus qu'un vieux souvenir. Les Frci qui veulent faire leur travail arrêtent des gens et les détiennent dans des conditions absolument illégales. Ces personnes ne sont pas entendues, vu que la plupart des officiers de police judiciaire n'ont pas encore repris le travail et que ceux qui l'ont fait n'ont absolument aucun matériel de bureau pour rédiger un quelconque procès verbal d'audition. Alors, les droits des uns et des autres sont piétinés par des gens qui ne connaissent pas grand-chose des règles de procédure pénale. Les personnes " gardées à vue ", parfois abusivement, et qui n'ont pas été présentées à un magistrat depuis des semaines, vivent dans une promiscuité qui constitue en soi une insulte à la dignité humaine. Comment peut-on lutter contre l'insécurité sans une prison pour les personnes arrêtées ? Il y a donc lieu pour le gouvernement de faire de la réouverture de la Maca, une priorité afin de désengorger les commissariats et permettre aussi à la justice de faire son travail. Mais il faudra veiller aussi à faire en sorte qu'une fois rouverte, la Maca ne soit plus surchargée par des gens qui n'ont rien à y faire. Et cela s'adresse aux acteurs de la justice qui doivent abandonner la corruption et les emprisonnements à la tête du client. Vite, la réouverture de la Maca pour mettre fin au ridicule de la situation dans laquelle se trouve Abidjan, du point de vue sécuritaire : lutter contre l'insécurité sans prison, c'est la voie ouverte à la justice de rue à laquelle se livrent certains éléments des Frci et qui n'honore pas le président Ouattara. Le gouvernement devrait en être profondément conscient. Il faut abandonner les incantations pour des actes concrets.

ASSALE TIEMOKO
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