6 mai 2010. Plateau. Palais présidentiel. Le monde entier, l’Afrique en général et la Côte d’Ivoire en particulier ont les yeux rivés sur le petit écran. Le moment est solennel. Près d’un mois après l’arrestation de l’ancien président Laurent Gbagbo, le nouveau président de la République Alassane Ouattara va prêter serment. Et, c’est à celui-là même, l’homme par qui le scandale arriva, le professeur Yao Paul N’Dré, Président du Conseil Constitutionnel de son état, qu’il reviendra de retour de son exil du Ghana, de lui faire prêter serment. Jusque-là rien d’inhabituel encore moins de fâcheux jusqu’à cette phrase terrible qu’il lâchera dans son allocution : « Satan, nous a tous possédés » !
Cette phrase-là fera l’effet d’une bombe dont les déflagrations s’entendront au-delà de la Côte d’Ivoire. Une phrase qui aura choqué, ému, voire scandalisé plus d’un. Quel culot ! Quel cynisme ! Quelle inconscience ! Quelle monstruosité avons-nous entendue de part et d’autre. Mais, à y regarder de près et si, celui qui avait raison était le professeur Yao Paul N’Dré ? En effet, et si nous avions tous été possédés par Satan ? Dans la compréhension, dans l’entendement de la plupart des gens, tout ce qui est satanique a trait à tout ce qui est monstrueux, horrible, atroce pis abominable. Même si cette façon de penser est exacte, il n’en demeure pas moins que Satan a d’autres noms qui sont : hypocrisie, collusion, népotisme, couardise, etc. et le plus grand de tous est sans conteste : la peur !
Oui, la peur. Cette peur qui empêche tout. Cette peur qui empêche même les plus vaillants, les hommes les plus droits à se conduire comme des couards, des lâches. Cette peur qui rend indignes des hommes et femmes de bien. Cette peur qui au nom d’intérêts mesquins nous fait oublier nos serments et nous pousse à nous renier. Cette peur qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes et accepter l’inacceptable.
Oui, nous avons tous été possédés par Satan parce que tous autant que nous sommes, nous avons eu peur. Peur de défendre nos convictions. Peur de défendre notre indépendance. Peur de défendre nos droits. Peur de perdre nos intérêts. Peur de prendre partie. Peur de …mourir. Alors, beaucoup ont laissé faire jusqu’à ce que l’irréparable se produise. Aujourd’hui, nous en voulons tous au Président du Conseil Constitutionnel au point même de le vouer aux gémonies. Mais, marquons un arrêt et faisons un retour en arrière.
Nous sommes-nous seulement posé la question de savoir ce qui lui serait arrivé si seulement il avait osé dire le droit ? Si seulement, il avait reconnu que le vainqueur de ces élections présidentielles était bel et bien Alassane Ouattara avec 54,10 % des voix ? Serait-il encore en vie avec tous ces ex-FDS qui grouillaient de partout ? Que serait-il arrivé à sa femme, à ses enfants, à sa famille ? Était-il libre de tout mouvement comme nous le croyions et comme nous l’affirmions tous mordicus? Quand on sait aujourd’hui que, certains pontes du FPI ou de LMP pour avoir osé reconnaître leur défaite et demandé que la légalité constitutionnelle soit respectée n’ont eu la vie sauve qu’en quittant précipitamment le pays ; en vue de se mettre à l’abri dans un autre pays et échapper ainsi à la foudre des extrémistes de leur camp. De surcroît, où serait-il allé annoncer ces résultats quand on sait que Choï, le patron de l’ONUCI pour, dit-il ; éviter tout parti pris de son organisation avait déjà catégoriquement refusé cela à Youssouf Bakayoko, le Président de la Commission électorale indépendante (CEI) ?
Certains ont même prétendu qu’il aurait mieux valu pour lui qu’il brave tous les dangers, fasse preuve de bravoure et pourquoi pas, faire don de sa vie en mourant en martyr. A contrario, qu’ont fait de plus les généraux Mangou, Kassaraté, Guiai Bi Poin... ? Tous ces généraux qui n’ont pas su prendre ou qui ont refusé de prendre leurs responsabilités pour que nous leur trouvions des excuses, leur accordions le bénéfice du doute mieux pour que nous soyions prêts à leur pardonner ? N’ont-ils pas comme Yao N’Dré fuit leurs responsabilités ? N’ont-ils pas comme celui-ci fait preuve de forfaiture, de lâcheté, et pris parti en se cachant derrière le respect de la légalité dite constitutionnelle (illégalité constitutionnelle plutôt) tout en sachant la vérité ? Comme lui, n’ont-ils pas fait preuve de zèle, de cynisme, d’injustice pis de monstruosité en laissant le peuple face à une horde de militaires déchaînés prêts à tout pour défendre leur "dieu", leurs clans et leurs petits intérêts mesquins ? Alors, que « la Révolution du printemps » en Égypte et en Tunisie leur montrait la marche à suivre : être le garant des libertés, défendre le droit, être au service du peuple envers et contre tout. Des devoirs qu’ils ont au nom de leurs soi-disant principes bafoués sans conteste au pied. Ils auraient pris le parti du peuple que l’on aurait évité ce bain de sang inutile et ces 3000 à 5000 morts. Ils auraient été les protecteurs, les défenseurs du peuple, de véritables militaires que l’on aurait fait l’économie de tous ces pillages, braquages, de toutes ces destructions qui aujourd’hui mettent à mal tout le tissu économique. Comme les petites gens, ils sont allés soit se réfugier dans des ambassades soit se terrer en attendant que la tempête passe. Que d’autres viennent faire leur boulot à leur place. Qu’a fait Yao N’Dré de pire que tous ces politiciens toutes tendances confondues qui, à aucun moment n’ont eu le courage de se lever et dire haut et fort au mépris de leur vie, la vérité ? L’un des rares à s’être levé pour dire le droit au vu et au su de tous est ce grand homme qu’est le professeur Wodié. Chacun préférant se cacher dans son salon pour gloser à loisir ou chuchoter car on ne sait jamais… Chacun cherchant ainsi à préserver son pré-carré au cas où. Qu’a fait Yao N’Dré de plus terrible que tous ces hommes de Dieu toutes tendances confondues? Tous ces prêtres, pasteurs, imams, guides religieux qui au nom de certaines compromissions ont pris parti, se sont tus, ont laissé dire et/ou faire. Tous ces hommes de Dieu dont les prêches ont enflammé les cœurs, accentué les rancœurs par des concepts comme « la bataille entre le bien et le mal » ; le bien étant les Chrétiens et le mal, les Musulmans ou encore « les cafris » pour parler des chrétiens. Oui, qu’a fait Yao Paul N’Dré de plus que ces Rois et Chefs qui comme nous tous savaient la vérité et se sont tus et ont laissé faire au lieu de s’impliquer corps et âme et prendre le problème à bras-le-corps, une fois n’est pas coutume en faisant entendre leurs voix ? Où étaient les Rois des Agni, des Baoulé, des Abron, des Abouré, des Appolo ? Tous ces Rois si respectés et au-dessus de tout soupçon et dont les voix -parce qu’ils ne parlent pas en public- auraient peut-être fait pencher la balance par ce véritable précédent dans notre pays. Enfin, qu’a-t-il fait de plus que la majeure partie de la population, cette partie qui a préféré se taire en laissant voler son vote et par-delà son droit le plus inaliénable.
Marie-Laure AYÉ
Cette phrase-là fera l’effet d’une bombe dont les déflagrations s’entendront au-delà de la Côte d’Ivoire. Une phrase qui aura choqué, ému, voire scandalisé plus d’un. Quel culot ! Quel cynisme ! Quelle inconscience ! Quelle monstruosité avons-nous entendue de part et d’autre. Mais, à y regarder de près et si, celui qui avait raison était le professeur Yao Paul N’Dré ? En effet, et si nous avions tous été possédés par Satan ? Dans la compréhension, dans l’entendement de la plupart des gens, tout ce qui est satanique a trait à tout ce qui est monstrueux, horrible, atroce pis abominable. Même si cette façon de penser est exacte, il n’en demeure pas moins que Satan a d’autres noms qui sont : hypocrisie, collusion, népotisme, couardise, etc. et le plus grand de tous est sans conteste : la peur !
Oui, la peur. Cette peur qui empêche tout. Cette peur qui empêche même les plus vaillants, les hommes les plus droits à se conduire comme des couards, des lâches. Cette peur qui rend indignes des hommes et femmes de bien. Cette peur qui au nom d’intérêts mesquins nous fait oublier nos serments et nous pousse à nous renier. Cette peur qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes et accepter l’inacceptable.
Oui, nous avons tous été possédés par Satan parce que tous autant que nous sommes, nous avons eu peur. Peur de défendre nos convictions. Peur de défendre notre indépendance. Peur de défendre nos droits. Peur de perdre nos intérêts. Peur de prendre partie. Peur de …mourir. Alors, beaucoup ont laissé faire jusqu’à ce que l’irréparable se produise. Aujourd’hui, nous en voulons tous au Président du Conseil Constitutionnel au point même de le vouer aux gémonies. Mais, marquons un arrêt et faisons un retour en arrière.
Nous sommes-nous seulement posé la question de savoir ce qui lui serait arrivé si seulement il avait osé dire le droit ? Si seulement, il avait reconnu que le vainqueur de ces élections présidentielles était bel et bien Alassane Ouattara avec 54,10 % des voix ? Serait-il encore en vie avec tous ces ex-FDS qui grouillaient de partout ? Que serait-il arrivé à sa femme, à ses enfants, à sa famille ? Était-il libre de tout mouvement comme nous le croyions et comme nous l’affirmions tous mordicus? Quand on sait aujourd’hui que, certains pontes du FPI ou de LMP pour avoir osé reconnaître leur défaite et demandé que la légalité constitutionnelle soit respectée n’ont eu la vie sauve qu’en quittant précipitamment le pays ; en vue de se mettre à l’abri dans un autre pays et échapper ainsi à la foudre des extrémistes de leur camp. De surcroît, où serait-il allé annoncer ces résultats quand on sait que Choï, le patron de l’ONUCI pour, dit-il ; éviter tout parti pris de son organisation avait déjà catégoriquement refusé cela à Youssouf Bakayoko, le Président de la Commission électorale indépendante (CEI) ?
Certains ont même prétendu qu’il aurait mieux valu pour lui qu’il brave tous les dangers, fasse preuve de bravoure et pourquoi pas, faire don de sa vie en mourant en martyr. A contrario, qu’ont fait de plus les généraux Mangou, Kassaraté, Guiai Bi Poin... ? Tous ces généraux qui n’ont pas su prendre ou qui ont refusé de prendre leurs responsabilités pour que nous leur trouvions des excuses, leur accordions le bénéfice du doute mieux pour que nous soyions prêts à leur pardonner ? N’ont-ils pas comme Yao N’Dré fuit leurs responsabilités ? N’ont-ils pas comme celui-ci fait preuve de forfaiture, de lâcheté, et pris parti en se cachant derrière le respect de la légalité dite constitutionnelle (illégalité constitutionnelle plutôt) tout en sachant la vérité ? Comme lui, n’ont-ils pas fait preuve de zèle, de cynisme, d’injustice pis de monstruosité en laissant le peuple face à une horde de militaires déchaînés prêts à tout pour défendre leur "dieu", leurs clans et leurs petits intérêts mesquins ? Alors, que « la Révolution du printemps » en Égypte et en Tunisie leur montrait la marche à suivre : être le garant des libertés, défendre le droit, être au service du peuple envers et contre tout. Des devoirs qu’ils ont au nom de leurs soi-disant principes bafoués sans conteste au pied. Ils auraient pris le parti du peuple que l’on aurait évité ce bain de sang inutile et ces 3000 à 5000 morts. Ils auraient été les protecteurs, les défenseurs du peuple, de véritables militaires que l’on aurait fait l’économie de tous ces pillages, braquages, de toutes ces destructions qui aujourd’hui mettent à mal tout le tissu économique. Comme les petites gens, ils sont allés soit se réfugier dans des ambassades soit se terrer en attendant que la tempête passe. Que d’autres viennent faire leur boulot à leur place. Qu’a fait Yao N’Dré de pire que tous ces politiciens toutes tendances confondues qui, à aucun moment n’ont eu le courage de se lever et dire haut et fort au mépris de leur vie, la vérité ? L’un des rares à s’être levé pour dire le droit au vu et au su de tous est ce grand homme qu’est le professeur Wodié. Chacun préférant se cacher dans son salon pour gloser à loisir ou chuchoter car on ne sait jamais… Chacun cherchant ainsi à préserver son pré-carré au cas où. Qu’a fait Yao N’Dré de plus terrible que tous ces hommes de Dieu toutes tendances confondues? Tous ces prêtres, pasteurs, imams, guides religieux qui au nom de certaines compromissions ont pris parti, se sont tus, ont laissé dire et/ou faire. Tous ces hommes de Dieu dont les prêches ont enflammé les cœurs, accentué les rancœurs par des concepts comme « la bataille entre le bien et le mal » ; le bien étant les Chrétiens et le mal, les Musulmans ou encore « les cafris » pour parler des chrétiens. Oui, qu’a fait Yao Paul N’Dré de plus que ces Rois et Chefs qui comme nous tous savaient la vérité et se sont tus et ont laissé faire au lieu de s’impliquer corps et âme et prendre le problème à bras-le-corps, une fois n’est pas coutume en faisant entendre leurs voix ? Où étaient les Rois des Agni, des Baoulé, des Abron, des Abouré, des Appolo ? Tous ces Rois si respectés et au-dessus de tout soupçon et dont les voix -parce qu’ils ne parlent pas en public- auraient peut-être fait pencher la balance par ce véritable précédent dans notre pays. Enfin, qu’a-t-il fait de plus que la majeure partie de la population, cette partie qui a préféré se taire en laissant voler son vote et par-delà son droit le plus inaliénable.
Marie-Laure AYÉ
