Il est exactement 11h42 minutes, ce lundi. Il fait très chaud. Nous sommes à Veposo. C’est dans ce quartier que le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) a parqué les Ivoiriens actuellement à l’abri ( !?) au Togo. Démunis et suspendus aux vivres du HCR, ces Ivoiriens vivotent. Ils font pitié… Selon le président des réfugiés ivoiriens du Togo, Chérif Mamadou, il y en a exactement 6.000. Mais sur le site, on en retrouve 2.600 pour un espace initialement prévu pour recevoir seulement 500 personnes. Il précise que tous ceux qui fréquentent le site ne sont pas forcément sortis de la Côte d’Ivoire parce que militants LMP ou fuyant des représailles. « Beaucoup ont vu tellement d’horreurs qu’ils sont traumatisés… », a-t-il indiqué. La jeune Djénébou S. qui dit habiter dans la commune d’Abobo, n’a plus de famille. Ses parents et ses frères ont tous été sauvagement tués par la soldatesque de Laurent Gbagbo. Grâce à une âme généreuse, elle a pu se retrouver là où elle se trouve en ce moment. Tentant de nous narrer son calvaire, elle sanglote. Nous ne la martyriserons pas longtemps. Sans avenir, elle s’en remet à Dieu. Signalons au passage que notre portefeuille a été mis à rude contribution devant des cas à ne pas souhaiter même à son meilleur ennemi. Pourquoi ont-ils choisi le pays de Faure Eyadéma et pas le Ghana ou encore le Bénin comme la plupart de leurs compatriotes dans la même situation qu’eux. « Lomé est un petit village alors que Cotonou est plus vaste… », expliquent Djédjé P et Aké F. Suffisant, pas sûr ? Arsène K. qui se dit étudiant dans une grande école d’Abidjan implore l’Etat à se pencher sur leur cas. « Nous avons besoin d’aide de tous genres. Nous devons repartir à zéro. Que nos nouveaux dirigeants viennent nous rencontrer. Nous voulons rentrer au pays mais comment faire sans argent ? ». Sa question reste posée. D’autres Ivoiriens réfugiés à Lomé sont retrouvables dans des quartiers comme Kodjovi Akôpè, Tokoin ou encore Didogomé. « 250 », « Monte Cristo », ou le maquis « la cour des grands », à la plage, sont leurs lieux de show attitrés. Laurent Oula, président des artistes réfugiés au Togo, confie qu’un single (pour la paix) en préparation sera bientôt sur le marché. Jimmy Danger,Shegal, Enemy, Tosh, Bombastic DJ (qui s’est réfugié chez son ami Emmanuel Adebayor) mais aussi Nash et Vieux Gazeur (qui ont rallié la Suisse) utilisent leurs voix pour appeler à la réconciliation. Bomou Mamadou, lui, aurait mis le cap sur Bamako aux dernières nouvelles. Personne ne veut parler de la situation politique mais ils soufflent que l’ex-ministre, proche de Laurent Gbagbo, Henriette Lagou, est basée à Lomé.
G.F.Y.
G.F.Y.