Les bruits de canon qui ont tonné dans la commune d’Abobo ont ébranlé la quiétude des pensionnaires du village Sos. Cette situation a suscité le départ des enfants vers un autre site.
Comme bien d’autres structures d’Abidjan, le village Sos n’a pas échappé aux affres de la guerre. Située dans la commune d’Abobo, cette maison caritative porte encore les séquelles de la crise. Ce lundi matin, les pensionnaires sont introuvables dans le village d’ordinaire grouillant de monde. Aucune maison familiale, aucun foyer de jeunes, encore moins d’habitat encadré n’a levé le rideau. Seules les structures annexes et l’administration ont rouvert leurs portes, depuis le 12 mai. Notamment, le jardin d’enfant, l’école primaire et le centre médico-social. Selon les responsables, l’ouverture de ces services annexes répond à l’intérêt que le village porte à la communauté locale. «D’une manière ou d’une autre, nous offrons la possibilité à la communauté locale environnante de se développer. Les enfants qui vivent en dehors du village Sos fréquentent néanmoins nos écoles. Avec l’ouverture du village, il est tout à fait évident que cette communauté revienne», nous indique, N’Zi Konan Gisèle, la responsable communication et chargé de la collecte de fonds à Sos Villages d’enfants. Une ouverture qui rassure quelque peu, mais elle n’est que la représentation d’un fonctionnement minime du village. Compte tenu de ce qu’Abobo était devenu un champ de bataille, les 150 pensionnaires que compte le village ont été convoyés sur un autre site. Selon la direction nationale, c’est à partir du 25 février que les ‘’villageois’’ ont été transférés à Aboisso, le second village après la création de celui d’Abobo. « Il était urgent de mettre les 100 enfants et les 50 jeunes adultes hors du péril. Du fait du traumatisme qu’ils subissaient avec les tirs de canon et autres. Ils ont tous été relocalisés temporairement du côté d’Aboisso. Si bien que la zone a été quasi-déserte à cause des combats qui avaient cours», soutien N’Zi Konan. Toutefois, elle tient à rassurer que quelques membres de l’administration ont dû rester pour préserver l’intégrité du village.
Les donateurs ont rebroussé chemin …
Au nombre de ceux-ci, Olivier Diomandé que nous avons rencontré à notre passage. « Nous sommes restés pour éviter que le village soit pillé. Et Dieu merci, il est sorti sain et sauf », se réjouit l’éducateur. A en croire certains responsables, le climat était pourri à Abobo et la survie de cette structure était de plus en plus menacée. Surtout que le village est à un jet de pierre du camp commando d’Abobo, un « camp d’hostilité ». Des témoignages dans le quartier Sos attestent que les obus survolaient la zone. Qui pour certains venaient pour la plupart du camp commando où étaient basés des miliciens et mercenaires à la solde de Gbagbo. D’autres affirment que des snipers étaient postés dans un immeuble non loin du village Sos. Cette présence, semble-t-il, a précipité le départ des enfants. De ce point de vue, selon les responsables, le village courait le risque de ne plus recevoir les dons de ses principaux donateurs, garants pourtant de sa survie. Ainsi, ces hommes de bonne volonté étaient dans l’impossibilité de faire les « gestes qui sauvent ». Deux mois après d’intenses combats à l’arme lourde, le village n’a essuyé aucun tire de roquette, ni d’obus, comme par miracle. En l’absence des «enfants du village» qui y vivaient. Quatre mois après leur recasement dans le village d’Aboisso, les conditions d’un retour définitif semblent faire défaut.
…à cause des obus
Il est clair que le village d’Abobo n’a pas subi de préjudice matériel parce que des membres de l’administration sont restés sur place pour, disent-ils, préserver les équipements et le cadre. Toutefois, avec le déplacement des pensionnaires sur Aboisso, ces derniers ont intégré des écoles pour rattraper le déséquilibre, au dire des responsables. Et ces derniers jugent que les enfants ne peuvent pas revenir à la case départ, sans avoir achevé l’année académique en cours. Un autre facteur compromet le retour des pensionnaires : il s’agit des questions de sécurité depuis la libération d’Abidjan par les Forces républicaines. Selon la direction, les conditions de sécurité doivent être garanties pour faciliter le retour des « occupants », des donateurs et particuliers. Surtout qu’aujourd’hui, l’accès au village Sos d’Abobo reste filtré par des hommes en armes. La cité abritant le village est placée sous la protection d’un détachement des Frci, la compagnie Loup Garou qui veille au grain. Les hommes du commandant Toum C ont pris leur quartier à un pas du village d’Abobo, dans une ancienne auberge. Dans le quartier Sos, partout, des hommes en tenue militaire sont visibles. Une présence qui rassure certains habitants du quartier. Alors que, d’autres préfèrent l’encasernement de ces soldats au camp commando de ladite cité. La guerre qu’a connue le pays a fait de nombreux orphelins. Il apparaît donc indispensable de faciliter le retour de ces humanitaires pour l’assistance des nouvelles personnes en dangers.
Dacoury Vincent, Stagiaire
Légende : Le village Sos d’Abobo fonctionne à nouveau sans ses pensionnaires
Encadré 1 :
Les maisons familiales débordées
Les trois catégories de prise en charge effectuées par le village Sos d’Abobo se retrouvent finalement au village d’Aboisso. D’abord, il y a les plus petits, qui de 0 à 14 ans doivent intégrer une maison familiale de 10 enfants avec à leur tête une mère, se retrouvent finalement à 20 personnes. Les conditions se dégradent. Et les charges deviennent de plus en plus difficiles pour cette maman qui doit construire des liens maternels avec ces pupilles et guider le développement de chacun de ses enfants dans une atmosphère d’affection, de sécurité et de stabilité. Ensuite, les enfants âgés de 14 à 18 ans. Ils intègrent les foyers de jeunes, pour apprendre à être autonome. Et enfin, ceux de 18 ans jusqu’à 23 voire 24 ans. Ces derniers sont dans le principe de l’habitat encadré. C’est à partir de cette dernière étape que les pensionnaires gèrent eux-mêmes leur quotidien, jusqu’à leur insertion sociale dans la vie active. Avec ce flux migratoire de 150 enfants, le village Sos d’Aboisso rentre dans un cadre de fonctionnement anormal qui est déplorable. « Normalement, un village prévoit 100 enfants. Avec les 150 pensionnaires qui se sont ajoutés, c’est un sureffectif. Toute chose qui accroit les besoins avec l’assemblage des enfants des deux villages», a indiqué la responsable de la collecte des fonds. A l’en croire, les commodités ne sont pas réunies dans le village d’Aboisso du fait d’un surplus. C’est maintenant que Sos villages d’enfants a plus que jamais besoin de dons pour pallier les difficultés. Selon la chargée de communication, le village d’Aboisso est en proie à tous les dangers. Il est urgent, poursuit-elle, de procéder à la construction d’une clôture et à l’électrification du village. Aussi, la dotation du centre en médicaments de première nécessité, de vivres et non-vivres reste la priorité des responsables du village. D’où ce SOS lancé aux personnes de bonne volonté. « Plusieurs structures ont reçu des appuis pendant et après cette crise. Mais les déplacés d’Aboisso semblent avoir été oubliés», fait savoir un des responsables du village.
D.V
Comme bien d’autres structures d’Abidjan, le village Sos n’a pas échappé aux affres de la guerre. Située dans la commune d’Abobo, cette maison caritative porte encore les séquelles de la crise. Ce lundi matin, les pensionnaires sont introuvables dans le village d’ordinaire grouillant de monde. Aucune maison familiale, aucun foyer de jeunes, encore moins d’habitat encadré n’a levé le rideau. Seules les structures annexes et l’administration ont rouvert leurs portes, depuis le 12 mai. Notamment, le jardin d’enfant, l’école primaire et le centre médico-social. Selon les responsables, l’ouverture de ces services annexes répond à l’intérêt que le village porte à la communauté locale. «D’une manière ou d’une autre, nous offrons la possibilité à la communauté locale environnante de se développer. Les enfants qui vivent en dehors du village Sos fréquentent néanmoins nos écoles. Avec l’ouverture du village, il est tout à fait évident que cette communauté revienne», nous indique, N’Zi Konan Gisèle, la responsable communication et chargé de la collecte de fonds à Sos Villages d’enfants. Une ouverture qui rassure quelque peu, mais elle n’est que la représentation d’un fonctionnement minime du village. Compte tenu de ce qu’Abobo était devenu un champ de bataille, les 150 pensionnaires que compte le village ont été convoyés sur un autre site. Selon la direction nationale, c’est à partir du 25 février que les ‘’villageois’’ ont été transférés à Aboisso, le second village après la création de celui d’Abobo. « Il était urgent de mettre les 100 enfants et les 50 jeunes adultes hors du péril. Du fait du traumatisme qu’ils subissaient avec les tirs de canon et autres. Ils ont tous été relocalisés temporairement du côté d’Aboisso. Si bien que la zone a été quasi-déserte à cause des combats qui avaient cours», soutien N’Zi Konan. Toutefois, elle tient à rassurer que quelques membres de l’administration ont dû rester pour préserver l’intégrité du village.
Les donateurs ont rebroussé chemin …
Au nombre de ceux-ci, Olivier Diomandé que nous avons rencontré à notre passage. « Nous sommes restés pour éviter que le village soit pillé. Et Dieu merci, il est sorti sain et sauf », se réjouit l’éducateur. A en croire certains responsables, le climat était pourri à Abobo et la survie de cette structure était de plus en plus menacée. Surtout que le village est à un jet de pierre du camp commando d’Abobo, un « camp d’hostilité ». Des témoignages dans le quartier Sos attestent que les obus survolaient la zone. Qui pour certains venaient pour la plupart du camp commando où étaient basés des miliciens et mercenaires à la solde de Gbagbo. D’autres affirment que des snipers étaient postés dans un immeuble non loin du village Sos. Cette présence, semble-t-il, a précipité le départ des enfants. De ce point de vue, selon les responsables, le village courait le risque de ne plus recevoir les dons de ses principaux donateurs, garants pourtant de sa survie. Ainsi, ces hommes de bonne volonté étaient dans l’impossibilité de faire les « gestes qui sauvent ». Deux mois après d’intenses combats à l’arme lourde, le village n’a essuyé aucun tire de roquette, ni d’obus, comme par miracle. En l’absence des «enfants du village» qui y vivaient. Quatre mois après leur recasement dans le village d’Aboisso, les conditions d’un retour définitif semblent faire défaut.
…à cause des obus
Il est clair que le village d’Abobo n’a pas subi de préjudice matériel parce que des membres de l’administration sont restés sur place pour, disent-ils, préserver les équipements et le cadre. Toutefois, avec le déplacement des pensionnaires sur Aboisso, ces derniers ont intégré des écoles pour rattraper le déséquilibre, au dire des responsables. Et ces derniers jugent que les enfants ne peuvent pas revenir à la case départ, sans avoir achevé l’année académique en cours. Un autre facteur compromet le retour des pensionnaires : il s’agit des questions de sécurité depuis la libération d’Abidjan par les Forces républicaines. Selon la direction, les conditions de sécurité doivent être garanties pour faciliter le retour des « occupants », des donateurs et particuliers. Surtout qu’aujourd’hui, l’accès au village Sos d’Abobo reste filtré par des hommes en armes. La cité abritant le village est placée sous la protection d’un détachement des Frci, la compagnie Loup Garou qui veille au grain. Les hommes du commandant Toum C ont pris leur quartier à un pas du village d’Abobo, dans une ancienne auberge. Dans le quartier Sos, partout, des hommes en tenue militaire sont visibles. Une présence qui rassure certains habitants du quartier. Alors que, d’autres préfèrent l’encasernement de ces soldats au camp commando de ladite cité. La guerre qu’a connue le pays a fait de nombreux orphelins. Il apparaît donc indispensable de faciliter le retour de ces humanitaires pour l’assistance des nouvelles personnes en dangers.
Dacoury Vincent, Stagiaire
Légende : Le village Sos d’Abobo fonctionne à nouveau sans ses pensionnaires
Encadré 1 :
Les maisons familiales débordées
Les trois catégories de prise en charge effectuées par le village Sos d’Abobo se retrouvent finalement au village d’Aboisso. D’abord, il y a les plus petits, qui de 0 à 14 ans doivent intégrer une maison familiale de 10 enfants avec à leur tête une mère, se retrouvent finalement à 20 personnes. Les conditions se dégradent. Et les charges deviennent de plus en plus difficiles pour cette maman qui doit construire des liens maternels avec ces pupilles et guider le développement de chacun de ses enfants dans une atmosphère d’affection, de sécurité et de stabilité. Ensuite, les enfants âgés de 14 à 18 ans. Ils intègrent les foyers de jeunes, pour apprendre à être autonome. Et enfin, ceux de 18 ans jusqu’à 23 voire 24 ans. Ces derniers sont dans le principe de l’habitat encadré. C’est à partir de cette dernière étape que les pensionnaires gèrent eux-mêmes leur quotidien, jusqu’à leur insertion sociale dans la vie active. Avec ce flux migratoire de 150 enfants, le village Sos d’Aboisso rentre dans un cadre de fonctionnement anormal qui est déplorable. « Normalement, un village prévoit 100 enfants. Avec les 150 pensionnaires qui se sont ajoutés, c’est un sureffectif. Toute chose qui accroit les besoins avec l’assemblage des enfants des deux villages», a indiqué la responsable de la collecte des fonds. A l’en croire, les commodités ne sont pas réunies dans le village d’Aboisso du fait d’un surplus. C’est maintenant que Sos villages d’enfants a plus que jamais besoin de dons pour pallier les difficultés. Selon la chargée de communication, le village d’Aboisso est en proie à tous les dangers. Il est urgent, poursuit-elle, de procéder à la construction d’une clôture et à l’électrification du village. Aussi, la dotation du centre en médicaments de première nécessité, de vivres et non-vivres reste la priorité des responsables du village. D’où ce SOS lancé aux personnes de bonne volonté. « Plusieurs structures ont reçu des appuis pendant et après cette crise. Mais les déplacés d’Aboisso semblent avoir été oubliés», fait savoir un des responsables du village.
D.V