« Je n’étais pas dans sa résidence ( Ndlr, Laurent Gbagbo) de Cocody. Je n’ai pas non plus, été arrêté, puis relâché par les Frci ( Forces républicaines de Côte d’Ivoire). J’avais pris mes dispositions. En tant qu’ancien secrétaire général de la Fesci ( Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire), je suis habitué à la clandestinité ». Ce pan de l’interview accordée par Charles Blé Goudé à l’hebdomadaire international Jeune Afrique, dans son édition N° 2630 du 5 au 11 juin 2011, se veut d’abord et avant tout, une preuve de vie de celui que la rumeur continue de donner pour mort. En plus, Blé Goudé affirme qu’il a quitté le pays, bien avant l’abime du régime… Comment le « général de la rue », celui qui, du fond d’une « caverne », lançait encore, le 8 avril 2011, à trois jours de la chute de Laurent Gbagbo, un appel aux jeunes patriotes à s’opposer, par tout moyen, « à ceux qui massacrent, qui volent et violent », a-t-il réussi à se glisser entre les mailles des filets des ex-Forces nouvelles ? Soir Info est, aujourd’hui, en mesure de dire, suite à une enquête, quand et comment et les circonstances dans lesquelles Blé Goudé a pu se sauver. Deux faits majeurs ont joué en faveur de « Zouzou Gbapê ». Le pacte sacré de non-agression que les dirigeants Fescistes ont passé entre eux…. Un pacte à force de « loi morale » entre eux et qui ne peut, en aucune façon, être violée… En outre, il y a ses liens personnels avec le très craint commandant des Forces nouvelles, Issiaka Ouattara dit Wattao. Selon l’un des gardes du corps du président du Cojep (Congrès panafricain des jeunes et des patriotes), qui s’est ouvert à nous, Blé Goudé a d’abord trouvé refuge dans un grand hôtel de Yopougon Toits-Rouges, dans les environs d’une usine de traitement d’eau minérale. Cet hôtel appartiendrait à un élu Fpi de cette commune peuplée, en majorité de partisans de l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. L’ex-ministre de la jeunesse y serait resté « pendant 5 jours, du 5 au 10 avril 2011 », souligne notre source. Face à la dégradation de la situation militaire sur le terrain et vu que les choses tournaient au K.O pour son camp, Blé Goudé décide, lui-même, de mettre la main à la charrue pour se mettre à l’abri de toute arrestation. Il tente de joindre Soro Guillaume, le Premier ministre, mais n’y parvient pas. C’est un proche de Soro Guillaume qui le prend au téléphone. Selon notre source, à celui-ci, « Blé fait part de son intention de quitter le pays et qu’il sollicitait aide et protection de son frère ». Le pacte entre deux fescistes revient à la surface. Les choses vont s’accélérer dans la nuit du 9 au 10 avril, l’avant-veille de la chute de Laurent Gbagbo.
Cinq paquets de billets
Soro Guillaume a-t-il accédé à la sollicitation de « son frère » ? Toujours est-il que, selon notre source, dans la nuit du 9 au 10 avril, Blé Goudé reçoit un commandant des Frci ( Forces républicaines de Côte d’Ivoire) qui présente une forte ressemblance avec Wattao, avec qui il a eu un long entretien. A la résidence présidentielle de Laurent Gbagbo, on est sans nouvelle de l’ancien ministre alors que tout le carré de fidèles du PR est présent. Blé Goudé a-t-il trahi et lâché le Président ? On apprend que l’un de ses gardes du corps joint, discrètement alors le général Dogbo Blé Brunot ( commandant de la Grade Présidentielle), pour l’informer de ce que « le Général » reçoit la visite de « gens suspects ». Un ordre lui est donné… Mais, dans les minutes qui suivent, Blé Goudé est immédiatement informé par un coup de fil venu d’un garde du corps de Dogbo Blé et le « judas » découvert. Il est « mis hors d’état de nuire », selon notre source. En début d’après-midi du 10 avril 2011, on note une relative accalmie sur les lignes de front. C’est le moment idéal pour mettre les voiles…Une colonne de véhicules 4 x 4, sous bonne escorte, met le cap sur Bingerville, la deuxième capitale de Côte d’Ivoire. A l’intérieur de l’un des véhicules, Charles Blé Goudé. L’ex-ministre de la jeunesse et de l’emploi dans le gouvernement Aké N’Gbo et sa suite mettent pied à terre à Elokaté. Blé Goudé est en compagnie, selon notre source, de Kacou Brou dit KB, commandant à la marine marchande, très connu au sein de la Fesci et Serges Koffi dit « Sroukou Trèmin-Trèmin », ex-dirigeant de la Fesci. Là, ils embarquent dans une pinasse et gagnent un village du département de Grand-Bassam. Mais Blé Goudé et sa suite ne sont pas au bout de leurs peines. Peu après ce village dont nous taisons le nom pour des raisons de sécurité, ils tombent sur un barrage des « jeunes du Rhdp ». Il y a de l’électricité dans l’air. Selon notre source, Blé Goudé, qui avait en sa possession une importante somme d’argent, propose un arrangement… Son offre est rejetée et les choses sont sur le point de dégénérer, d’autant que la nouvelle de sa présence a fait le tour du village. Mais Blé Goudé va être sauvé par un heureux coup du destin. Ce village est celui d’un de ses « hommes » du temps où il était secrétaire général de la Fesci. Celui-ci vit et travaille à Paris ( France) depuis quelques années. Il jouit, auprès des jeunes du département, d’une grande estime et d’un profond respect. « Blé Goudé le joint et lui fait part de ses ennuis dans son village », souligne notre source. Pour le reste, les choses vont s’accélérer. Celui-ci à son tour joint le chef du village et le chef de file des jeunes et tout rentre dans l’ordre, non sans que Blé Goudé ne délie la bourse. « Il met la main dans son attaché-case et sort cinq paquets » de billets de banque. Dès cet instant, Blé Goudé et sa suite son placés sous la garde de ces jeunes. Le reste du trajet jusqu’à la frontière ivoiro-ghanéenne à Noé, désertée dès lors par les Fds, va se faire comme sur des roulettes. D’autres cadres de haut niveau dont des directeurs de sociétés d’Etat, des Conseillers de Laurent Gbagbo et des officiers de haut rang, dont le colonel Konan Boniface, commandant du Détachement mobile d’intervention rapide ( Demir) auraient emprunté le même itinéraire que Blé Goudé pour gagner le Ghana voisin. Certains, avons-nous appris, ont laissé des fortunes à leur passage pour couvrir leur fuite. Plusieurs véhicules de type 4 x 4 abandonnés par leurs propriétaires en fuite vers le Ghana étaient encore garés, notamment dans les environs du village d’Elokaté, dans la commune de Bingerville, la semaine dernière au moment où nous nous rendions sur les traces des anciens barons du régime Laurent Gbagbo.
Armand B. DEPEYLA
Cinq paquets de billets
Soro Guillaume a-t-il accédé à la sollicitation de « son frère » ? Toujours est-il que, selon notre source, dans la nuit du 9 au 10 avril, Blé Goudé reçoit un commandant des Frci ( Forces républicaines de Côte d’Ivoire) qui présente une forte ressemblance avec Wattao, avec qui il a eu un long entretien. A la résidence présidentielle de Laurent Gbagbo, on est sans nouvelle de l’ancien ministre alors que tout le carré de fidèles du PR est présent. Blé Goudé a-t-il trahi et lâché le Président ? On apprend que l’un de ses gardes du corps joint, discrètement alors le général Dogbo Blé Brunot ( commandant de la Grade Présidentielle), pour l’informer de ce que « le Général » reçoit la visite de « gens suspects ». Un ordre lui est donné… Mais, dans les minutes qui suivent, Blé Goudé est immédiatement informé par un coup de fil venu d’un garde du corps de Dogbo Blé et le « judas » découvert. Il est « mis hors d’état de nuire », selon notre source. En début d’après-midi du 10 avril 2011, on note une relative accalmie sur les lignes de front. C’est le moment idéal pour mettre les voiles…Une colonne de véhicules 4 x 4, sous bonne escorte, met le cap sur Bingerville, la deuxième capitale de Côte d’Ivoire. A l’intérieur de l’un des véhicules, Charles Blé Goudé. L’ex-ministre de la jeunesse et de l’emploi dans le gouvernement Aké N’Gbo et sa suite mettent pied à terre à Elokaté. Blé Goudé est en compagnie, selon notre source, de Kacou Brou dit KB, commandant à la marine marchande, très connu au sein de la Fesci et Serges Koffi dit « Sroukou Trèmin-Trèmin », ex-dirigeant de la Fesci. Là, ils embarquent dans une pinasse et gagnent un village du département de Grand-Bassam. Mais Blé Goudé et sa suite ne sont pas au bout de leurs peines. Peu après ce village dont nous taisons le nom pour des raisons de sécurité, ils tombent sur un barrage des « jeunes du Rhdp ». Il y a de l’électricité dans l’air. Selon notre source, Blé Goudé, qui avait en sa possession une importante somme d’argent, propose un arrangement… Son offre est rejetée et les choses sont sur le point de dégénérer, d’autant que la nouvelle de sa présence a fait le tour du village. Mais Blé Goudé va être sauvé par un heureux coup du destin. Ce village est celui d’un de ses « hommes » du temps où il était secrétaire général de la Fesci. Celui-ci vit et travaille à Paris ( France) depuis quelques années. Il jouit, auprès des jeunes du département, d’une grande estime et d’un profond respect. « Blé Goudé le joint et lui fait part de ses ennuis dans son village », souligne notre source. Pour le reste, les choses vont s’accélérer. Celui-ci à son tour joint le chef du village et le chef de file des jeunes et tout rentre dans l’ordre, non sans que Blé Goudé ne délie la bourse. « Il met la main dans son attaché-case et sort cinq paquets » de billets de banque. Dès cet instant, Blé Goudé et sa suite son placés sous la garde de ces jeunes. Le reste du trajet jusqu’à la frontière ivoiro-ghanéenne à Noé, désertée dès lors par les Fds, va se faire comme sur des roulettes. D’autres cadres de haut niveau dont des directeurs de sociétés d’Etat, des Conseillers de Laurent Gbagbo et des officiers de haut rang, dont le colonel Konan Boniface, commandant du Détachement mobile d’intervention rapide ( Demir) auraient emprunté le même itinéraire que Blé Goudé pour gagner le Ghana voisin. Certains, avons-nous appris, ont laissé des fortunes à leur passage pour couvrir leur fuite. Plusieurs véhicules de type 4 x 4 abandonnés par leurs propriétaires en fuite vers le Ghana étaient encore garés, notamment dans les environs du village d’Elokaté, dans la commune de Bingerville, la semaine dernière au moment où nous nous rendions sur les traces des anciens barons du régime Laurent Gbagbo.
Armand B. DEPEYLA