Des blessés graves, mort du chef de terre, habitations saccagées et pillées. Le dimanche 5 juin 2011, Yakassé-Mé, comme bien de localités, a avalé, sans aucun digestif, la dose de plombs chauds que lui ont administrée des éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci) de ce secteur. Cette sous-préfecture d'Adzopé (Tronçon Abidjan-Adzopé) a eu sa part de douleur et continue de verser des larmes, en attendant de s'acquitter de la somme de 4,5 millions de F CFA que leur réclament des Frci
Yakassé-Mé, gros village au relief accidenté, ''héberge'' une population cosmopolite. Autochtones, allochtones et allogènes s'adonnent à de nombreuses activités génératrices de revenus, dans une belle harmonie. '' Cette hospitalité est malgré tout une fierté pour le peuple Attié de Yakassé-Mé qui a accueilli sur ses terres tous ses ''frères'' venus d'ailleurs '', confie Adomon Charles, paysan, ressortissant du village. Ce dimanche 12 juin 2011, en fin d'après- midi, le soleil avait retiré ses rayons de cette localité paisible qu'arrosait une fine pluie. A l'entrée principale de Yakassé-Mé qui côtoie l'axe Abidjan-Adzopé, des vendeurs à la criée et autres commerçants hèlent d'éventuels clients. Ce n'est pas la grande affluence en ce lieu qui grouille, habituellement, de monde. Des cars, des minicars de transport en commun et des taxis-brousse débarquent ou embarquent des passagers, déchargent ou chargent des bagages de toutes sortes...Au centre du villages, se tient un petit marché qui peu à peu se vide de ses clients. Dans quelques cours, des hommes devisent tranquillement, des femmes s'affairent pour le repas du soir, quand des bambins poussent çà et là des cris joyeux ou des pleurs, perçant de temps à autres le silence du village... Pourtant derrière ce décor, Yakassé-Mé supporte atrocement sa douleur et ses peines, se laisse ronger par ses craintes, suite à la descente musclée, nuitamment, des éléments des Forces républicaines sur ce gros village. Des témoins que nous avons rencontrés lors de notre passage dans le village, nous ont, tous, donné la même version des faits.
En effet, le dimanche 5 juin 2011, en fin de matinée, une dame du village, Apie Valérie, se présente au poste des Frci et se plaint du fait qu'une autre femme du village se paye du bon temps avec son homme et qu'elle en a par dessus...les cheveux. Du coup, des soldats ''républicains'' se jettent dans un véhicule pick-up et foncent en trombe dans le village pour régler cette affaire. Cette conduite est jugée dangereuse par des villageois qui le font savoir ouvertement aux éléments des Frci. Ces derniers n'apprécient pas ces remontrances. '' Vous êtes qui vous, pour nous faire ces remarques ?'', lance aux plaignants un des hommes en tenue. D'un côté comme de l'autre, le ton monte, on décoche des flèches d'injures et d'insultes de toutes natures et la bagarre éclate, puis se généralise. Un soldat Frci ouvre le feu. Trois personnes sont grièvement atteintes, à la cuisse, au bras et à la cheville. Le véhicule pick-up des Frci est détruit. Informé, le chef du village, Nanan Assi Dédé Paul, prend langue avec le chef de poste Frci pour que s'arrête la bagarre. Mais la situation semble incontrôlable. La chefferie s'implique davantage, demande pardon, présente des excuses et avant la tombée de la nuit, elle obtient auprès du commandement des Frci de ce secteur le retour immédiat au calme.
Aux environs de 23 heures, au moment où tout semble se calmer, Yakassé-Mé est assailli par un détachement de soldats Frci, aux sons d'un orchestre de tirs à l'arme automatique. C'est donc cette heure qu'ont choisie les soldats ''républicains'' pour laver ''l'affront'' d'il y a quelques heures. Des habitants sont projetés hors de leurs maisons. Hommes, femmes, enfants, de tous âges, sont battus, torturés. De nombreuses habitations sont saccagés, des biens sont emportés. Les veinards trouvent refuge dans la brousse et dans les villages environnants. Le chef du village, qui n'en revient pas, est séquestré et molesté. On lui reproche de cacher des armes chez lui. La porte de sa chambre est fracturée et toute sa cour est passée au … fusil fin. Le chef de terre, N'da Becho Fulgence, dans sa fuite, ne peut supporter la cacophonie des tirs. Il pique une crise cardiaque ( selon les premiers signes cliniques relevés à l'hôpital d'Adzopé) et meurt. Une véritable nuit d'enfer ! Au petit matin du lundi 6 juin, un silence de cimetière recouvre Yakassé-Mé. Quelques jours plus tard, au cours d'un conseil tenu par la chefferie, 45 blessés sont enregistrés, et le constat est fait de nombreux villageois portés disparus. Grâce au concours de l'Opération des nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), les blessés sont évacués à l'hôpital d'Adzopé. A ce jour, il plane une menace sur les autochtones. Les éléments des Frci leur exigent le paiement de la somme 4,5 millions de F CFA, représentant la valeur, selon eux, de leur véhicule pick-up, détruit par les jeunes du village, lors des affrontements, sous peine d'une autre descente
Alain BOUABRE
Photos: Koné A. Karim
Envoyés spéciaux
Yakassé-Mé, gros village au relief accidenté, ''héberge'' une population cosmopolite. Autochtones, allochtones et allogènes s'adonnent à de nombreuses activités génératrices de revenus, dans une belle harmonie. '' Cette hospitalité est malgré tout une fierté pour le peuple Attié de Yakassé-Mé qui a accueilli sur ses terres tous ses ''frères'' venus d'ailleurs '', confie Adomon Charles, paysan, ressortissant du village. Ce dimanche 12 juin 2011, en fin d'après- midi, le soleil avait retiré ses rayons de cette localité paisible qu'arrosait une fine pluie. A l'entrée principale de Yakassé-Mé qui côtoie l'axe Abidjan-Adzopé, des vendeurs à la criée et autres commerçants hèlent d'éventuels clients. Ce n'est pas la grande affluence en ce lieu qui grouille, habituellement, de monde. Des cars, des minicars de transport en commun et des taxis-brousse débarquent ou embarquent des passagers, déchargent ou chargent des bagages de toutes sortes...Au centre du villages, se tient un petit marché qui peu à peu se vide de ses clients. Dans quelques cours, des hommes devisent tranquillement, des femmes s'affairent pour le repas du soir, quand des bambins poussent çà et là des cris joyeux ou des pleurs, perçant de temps à autres le silence du village... Pourtant derrière ce décor, Yakassé-Mé supporte atrocement sa douleur et ses peines, se laisse ronger par ses craintes, suite à la descente musclée, nuitamment, des éléments des Forces républicaines sur ce gros village. Des témoins que nous avons rencontrés lors de notre passage dans le village, nous ont, tous, donné la même version des faits.
En effet, le dimanche 5 juin 2011, en fin de matinée, une dame du village, Apie Valérie, se présente au poste des Frci et se plaint du fait qu'une autre femme du village se paye du bon temps avec son homme et qu'elle en a par dessus...les cheveux. Du coup, des soldats ''républicains'' se jettent dans un véhicule pick-up et foncent en trombe dans le village pour régler cette affaire. Cette conduite est jugée dangereuse par des villageois qui le font savoir ouvertement aux éléments des Frci. Ces derniers n'apprécient pas ces remontrances. '' Vous êtes qui vous, pour nous faire ces remarques ?'', lance aux plaignants un des hommes en tenue. D'un côté comme de l'autre, le ton monte, on décoche des flèches d'injures et d'insultes de toutes natures et la bagarre éclate, puis se généralise. Un soldat Frci ouvre le feu. Trois personnes sont grièvement atteintes, à la cuisse, au bras et à la cheville. Le véhicule pick-up des Frci est détruit. Informé, le chef du village, Nanan Assi Dédé Paul, prend langue avec le chef de poste Frci pour que s'arrête la bagarre. Mais la situation semble incontrôlable. La chefferie s'implique davantage, demande pardon, présente des excuses et avant la tombée de la nuit, elle obtient auprès du commandement des Frci de ce secteur le retour immédiat au calme.
Aux environs de 23 heures, au moment où tout semble se calmer, Yakassé-Mé est assailli par un détachement de soldats Frci, aux sons d'un orchestre de tirs à l'arme automatique. C'est donc cette heure qu'ont choisie les soldats ''républicains'' pour laver ''l'affront'' d'il y a quelques heures. Des habitants sont projetés hors de leurs maisons. Hommes, femmes, enfants, de tous âges, sont battus, torturés. De nombreuses habitations sont saccagés, des biens sont emportés. Les veinards trouvent refuge dans la brousse et dans les villages environnants. Le chef du village, qui n'en revient pas, est séquestré et molesté. On lui reproche de cacher des armes chez lui. La porte de sa chambre est fracturée et toute sa cour est passée au … fusil fin. Le chef de terre, N'da Becho Fulgence, dans sa fuite, ne peut supporter la cacophonie des tirs. Il pique une crise cardiaque ( selon les premiers signes cliniques relevés à l'hôpital d'Adzopé) et meurt. Une véritable nuit d'enfer ! Au petit matin du lundi 6 juin, un silence de cimetière recouvre Yakassé-Mé. Quelques jours plus tard, au cours d'un conseil tenu par la chefferie, 45 blessés sont enregistrés, et le constat est fait de nombreux villageois portés disparus. Grâce au concours de l'Opération des nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), les blessés sont évacués à l'hôpital d'Adzopé. A ce jour, il plane une menace sur les autochtones. Les éléments des Frci leur exigent le paiement de la somme 4,5 millions de F CFA, représentant la valeur, selon eux, de leur véhicule pick-up, détruit par les jeunes du village, lors des affrontements, sous peine d'une autre descente
Alain BOUABRE
Photos: Koné A. Karim
Envoyés spéciaux