Les journalistes de Côte d’Ivoire se sont retrouvés le vendredi 17 juin 2011, à la salle de conférence de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci), pour prendre part au séminaire organisé à leur intention. Sous l’initiative de l’union, présidée par Mam Camara et en collaboration avec Audace Institut Afrique (AIA), des réflexions ont été portées sur le thème «Les Médias contre-pouvoir ou gardien des pouvoirs». Pour sa part, Mam Camara devant ses pairs, a fait un état des lieux, «pas reluisant» de la presse ivoirienne. Si du fait de la crise, «rien n’a été épargné» (radio, télévision, presse écrite), le président de l’Unjci admet que celle-ci a fait «taire certains médias». «La presse n’est pas au mieux de sa forme», fait-il entendre. Après la crise postélectorale, ce sont aujourd’hui, précise Mam Camara, 28 organes de presse dont, deux nouvelles parutions qui paraissent, quand d’autres font face à des problèmes d’infrastructures. Pour le président de l’Unjci, ses confrères doivent «à l’heure du bilan» savoir être professionnels, responsables, avoir une conscience professionnelle. «Il faut que les médias reprennent leur place et se réconcilient avec les lecteurs et eux-mêmes, pour être plus crédibles. « Tant qu’on est professionnel, on est à l’abri de beaucoup de déboires…L’Unjci s’est engagé dans une politique de désarmement du verbe», a précisé le journaliste Mam Camara. L’économiste François N’Dengwé, par ailleurs, directeur de African Advisory Board, a développé le sujet sous deux angles. A savoir, «Contre-pouvoir ou gardiens des pouvoirs en place», et «Rôle des Médias dans la construction de la Côte d’Ivoire». Portant une critique sur la profession, François N’Dengwé pose le problème de l’objectivité. «Je pense qu’il n’y a pas d’objectivité. Nous ne pouvons pas prétendre à l’objectivité parce que nous ne sommes pas des objets, mais des humains», a-t-il soutenu. Pour lui, la qualité (le contrôle de qualité) qui doit être synonyme de professionnalisme, prend en compte cinq rôles majeurs: informer, éduquer, enquêter, alerter et travailler dans l’union. «Vous devez maintenir le degré de la qualité», a-t-il conseillé. Quand les médias sont les gardiens du pouvoir, pour N’Dengwé, elles deviennent complices, la voix du maître – plutôt que d’informer. Ce qui fait prendre un coup au professionnalisme car elles deviennent, avoue-t-il, diffuseurs de mensonges au lieu d’éduquer et détournent la population de l’essentiel. «Au lieu de voir des problèmes économiques, on verra des problèmes de tribalisme», a-t-il traduit et de craindre ainsi, pour l’union nationale. Dans le cas où les médias sont un contre-pouvoir, l’orateur note la capacité d’avoir une nation en éveil. Pour ce qu’il a appelé le pentagone de la déontologie des médias, François N’dengwé a appelé au respect des droits, l’obligation de connaissance et a fait part de la nécessité de l’association. Avant lui, Gisèle Dutheuil, directeur général de Audace Institut Afrique, a dit l’importance pour l’ensemble de la presse de se mobiliser, pour la défense de la liberté de presse. Selon elle, «il est important en Côte d’Ivoire l’enveloppe vide de la démocrate pour qu’existe le contre-pouvoir».
Koné Saydoo
Koné Saydoo