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Politique Publié le vendredi 24 juin 2011 | Le Mandat

Après l’affrontement entre FRCI et Gendarmes à Yopougon/ Commandant Moussa Doumbia dit Djroumou (FRCI): “Les gendarmes refusent de reconnaître l’autorité du ministre de la Défense”

© Le Mandat Par DR
Crise post-électorale : encore des morts à Abidjan
Ivorian gendarmes ride on January 11, 2011 in Abidjan`s Abobo PK 18 neighborhood, a bastion of the country`s internationally recognized President Alassane Ouattara, where gunfire between incumbent strongman Laurent Gbagbo`s Defense and Security Forces (FDS) and armed men left at least to civilians dead. People living in the northern Abidjan neighborhood said that security forces had entered the district early on January 11 and gone into people`s homes saying they were searching for weapons.
Djroumou fait des révélations sur les gendarmes de Toits-Rouges, dans la résistance des miliciens
Le mercredi 22 juin dernier, un affrontement entre gendarmes et FRCI de Yopougon Toits Rouges a eu lieu. Une jeune dame du nom de Gao Nathalie, habitant à plus de 1,5km, est morte d’une balle "perdue" en pleine poitrine. Que s’est-il réellement passé ? Nous avons rencontré le Commandant Moussa Doumbia alias Djroumou, du Groupe tactique 8 (GT8), responsable de la zone de compétence du 19e Arrondissement de police de Toits Rouges. Il donne sa version des faits et interpelle les hommes en armes.

Mon Commandant, les gendarmes de l’Escadron de Toits Rouges et les Forces Républicaines sous ton commandement se sont affrontés mercredi dernier. Que s’est-il réellement passé ?
Mais pourquoi vous ne vous êtes pas adressés directement au Commandant du GT8, le Commandant Ben Laden ? Il est vrai que c’est dans ma zone que ça s’est passé. Mais, il aurait été souhaitable que vous vous adressiez au Commandant du Groupe tactique 8 qui est Ben Laden. Ou bien a-t-il refusé de vous recevoir ?

Non, mon commandant. Nous avons estimé que ce sont des éléments directement sous votre autorité qui se sont battus avec des gendarmes. Vous-même aviez été le premier chef de guerre à arriver sur les lieux. Vous avez donc vécu en direct cet affrontement. C’est pourquoi nous venons vers vous pour en savoir davantage.
Je crois que c’est une ancienne plaie qui a été réveillée. Le problème a véritablement commencé depuis le dimanche 19 juin, dans l’après midi. J’étais à l’Escadron, un peu dans la broussaille. Nous avons découvert des munitions, des chargeurs et des grenades défensives dans une petite voiture qui serait garée depuis 2 ans, selon le Commandant de Brigade. Mais nous avons aussi constaté que les armes qui s’y trouvaient étaient des armes de miliciens. J’ai donc demandé que ce véhicule soit transféré à ma base au 19e Arrondissement pour nécessité d’enquête. Parce que, nous FRCI, avons l’obligation de récupérer toutes les armes en circulation avant de rentrer en caserne. Si nous ne réussissons pas à récupérer toutes ces armes qui sont entre les mains de personnes qui n’en ont pas droit, les policiers, les gendarmes et les populations risquent de vivre un véritable calvaire. Je crois que les gendarmes n’ont pas digéré ma demande de transfert du véhicule où se trouvaient des armes à ma base.

Pourquoi dites-vous qu’ils n’auraient pas digéré votre demande de transfert de ces armes ?
Vous savez, de nombreux gendarmes de cet Escadron ont combattu aux côtés des mercenaires et des miliciens. Ce sont eux qui les ont armés. Et ce sont eux qui ont renforcé la résistance de ces miliciens à Yopougon. Donc, ils ne sont pas contents de leur défaite et donc de notre présence, ici, au Toits Rouges. En plus, ce dimanche-là, après que j’ai donné l’ordre de transférer le véhicule bourré d’armes et de munitions, et que je suis reparti à ma base, le MDL Chef Yao a dit à mes éléments que "les FRCI sont emmerdants et que les gendarmes ne reconnaissent pas l’autorité des FRCI". Dès que j’ai été informé, je me suis encore rendu immédiatement à l’Escadron. En revenant, j’ai constaté que les gendarmes avaient déterré plus de 8 kalachnikovs qu’ils nettoyaient. J’ai aussitôt demandé que le nettoyage de ces armes soit arrêté et ces armes transférées à ma base pour être ensuite transférées chez Ben Laden qui est le Commandant du GT8 de Yopougon qui contrôle toute la zone. Ils ont catégoriquement refusé. J’ai rendu compte à Ben Laden et j’ai convoqué le commandant de l’Escadron. Il était à Dabou et il est rentré d’urgence avec le CB Abah pour qu’on se retrouve à la gendarmerie. Le CB a, à son tour, appelé le Capitaine Bonga qui est leur commandant de Compagnie. A l’arrivée de Bonga, nous avons tenu une réunion. C’est encore au cours de cette réunion que le Capitaine Bonga, lui-même, a dit qu’il ne reconnaît pas les FRCI. Il ne reconnaît pas le décret signé par le Président de la République qui a instauré les FRCI. Pour lui, ce ne sont pas les Forces de défense et de sécurité qui sont devenues FRCI. En plus, il ne reconnaît pas l’autorité du Chef d’Etat-Major des Armées.

Pourquoi a-t-il dit cela ?
Je ne sais pas ! Mais pour moi, si tu ne reconnais pas les FRCI et que tu ne reconnais pas le Chef d’Etat-Major, c’est que tu ne reconnais pas le ministre de la Défense, le Premier ministre et le Président de la République qui a signé le décret qui a mis sur pied les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire. Il groupille sans doute quelque chose. On va le savoir tôt ou tard. Mais, après cette réunion, j’ai fait mon rapport au Commandant du GT8. C’était à lui de décider.

Comment s’est déroulé l’affrontement de mercredi dernier ?
Le mercredi matin, comme d’habitude, mes éléments étaient en train de faire le sport. Chaque section fait son sport par rapport au régime militaire. C’est ainsi que mes éléments revenaient à la base, ici, en passant par l’Escadron de la gendarmerie. Ils venaient quand un gendarme en civil, au volant avec sa kalachnikov, a foncé sur les éléments en sport qui se sont dispersés avant de l’entourer. C’est devenu une bagarre. Mes éléments ont failli le tuer. Et un des collègues du gendarme qui était assis non loin de là qui s’est levé comme s’il venait défendre son collègue. Il a porté main à un de nos encadreurs qui était au-devant des éléments FRCI. Il l’a giflé. C’est ainsi que mes éléments ont voulu les prendre tous les deux pour les ramener à la base pour que j’appelle leur supérieur hiérarchique pour régler le différend. Le gendarme a appelé ses autres collègues qui étaient sur le piquet. Ces derniers n’ont pas cherché à comprendre. Peut-être qu’ils croyaient qu’on avait pris leurs éléments en otage, ils ont commencé à tirer des rafales sur mes éléments. Ils commencé à tirer depuis l’escadron en avançant vers mes éléments. C’est ainsi que ceux qui étaient de garde chez nous, ayant entendu les tirs nourris, se sont déportés sur les lieux pour secourir leurs camarades. Et donc, la riposte a eu lieu. Ils avaient presque délogé toute la gendarmerie et tout l’escadron. Ils ont été repoussés. Les gendarmes se sont repliés dans les domiciles. Toutes les autres unités FRCI de Yopougon étaient venues en renfort. C’est alors qu’on m’a appelé et je me suis rendu d’urgence sur les lieux. Je me suis débrouillé, malgré les tirs nourris, à arriver au sein de l’Escadron. Et j’ai intimé l’ordre à mes éléments d’arrêter et parce qu’il y avait des familles, des femmes, des enfants et des innocents dans l’Escadron. Les tirs ont cessé. J’ai immédiatement informé le Commandant du GT8, Ben Laden qui est arrivé aussitôt. Il est venu comme un "père" et non comme un chef de guerre, et il a calmé tout le monde.

Peut-on savoir le bilan de ces affrontements ?
Il y a eu deux blessés. Un dans chaque camp. Mon blessé s’appelle Ouattara Abdel Kader. Mais c’est regrettable parce que, j’ai par la suite appris qu’il y a une femme qui a pris une balle perdue et qui en est morte. Cependant, je tiens à dire que ça ne peut pas être nos balles. Nous étions à terre à plus de 1,5km d’où la femme a pris la balle. Des gendarmes étaient postés sur des toitures avec des armes de snippers. Des armes de très longue portée. C’est sans doute, ce type d’arme qui peut arriver là-bas. Mais pas un tir de kalachnikov A4 que nous avons. Nos armes ne peuvent pas dépasser 500m. Pourtant la victime se trouvait à plus de 1km. Que des enquêtes soient ouvertes pour situer les responsabilités. Tous les renforts venus d’Abobo, d’Attécoubé, de PK18 et des autres secteurs de Yopougon, ont convergé vers Toits-Rouges. Personne n’est allé au Koweit où la femme a pris la balle "perdue". Les éléments qui sont au Koweit n’ont même pas franchi le carrefour du Koweit qu’une dame est allée alerter leur base du décès par balle d’une autre dame. Les éléments de Solo qui commande le Koweit n’ont pas tiré. Donc nous-mêmes, nous nous demandons d’où est venue la balle "perdue" qui a tué la femme. Mais je souhaite que les enquêtes situent les responsabilités. Sinon, à cette distance, il n’y a que les armes de snipper qu’utilisaient les gendarmes qui peut atteindre mortellement une personne.

Entretien réalisé par GUY TRESSIA
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