Les gendarmes veulent-ils renverser Ouattara ?
Les gendarmes et les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) se regardent en chiens de faïence. Ils se sont déjà affrontés deux fois. Crise d’autorité. D’autres affrontements se profilent à l’horizon avec des déclarations qui font froid dans le dos.
Après le dernier affrontement entre gendarmes et FRCI à Yopougon, la tension est montée. Les gendarmes se disent prêts à riposter à toute attaque des FRCI. "C’est la dernière fois que nous sommes attaqués sans que nous n’apportions la riposte appropriée (…) Nous sommes prêts à faire face à toute tentative d’humiliation ou de spoliation de nos matériels de travail (armes)", disent en substance des gendarmes, selon un confrère. Et pourtant, le mercredi dernier, ce sont les gendarmes qui ont provoqué les FRCI. "Nous étions en en train de faire le sport comme d’habitude en courant. Nous arrêtons les véhicules qui obtempèrent et nous laissent passer. Nous rentrions à notre base au 19e Arrondissement en passant devant la caserne de la gendarmerie. Là, ils ont dressé des barrières qui ont rétréci la chaussée. Nous avons donc demandé aux voitures qui venaient d’attendre notre passage. Ce qui a été fait par des véhicules quand un autre véhicule essayait de forcer le passage. Un homme en tenue civile était au volant. Nous lui demandons de s’arrêter pour nous laisser passer. Il insiste. J’étais devant la colonne de coureurs et je me suis approché. C’est alors que j’ai constaté qu’il avait une kalachnikov posée sur le siège passager avant près de lui. Je lui demande de s’arrêter mais, il fonce sur nous. C’est ainsi que les esprits des éléments FRCI en sport se sont chauffés. Ils l’ont entouré. C’est alors qu’un de ses collègues posté devant l’entrée de la gendarmerie est arrivé, croyant que nous prenions son collègue en otage, a administré une gifle à un des encadreurs FRCI. Les esprits se sont davantage chauffés. Nous essayions de calmer les uns et les autres quand nous avons constaté que les autres gendarmes tiraient sur nous depuis leur caserne de l’Escadron. Quand nos amis qui n’étaient pas loin, puisqu’entre le 19e Arrondissement et l’Escadron de la gendarmerie, il n’y a que 300m à 500m, sont arrivés en courant. Mais les gendarmes tiraient toujours. Ils ont alors riposté. Et j’ai vu un gendarme qui s’était déjà positionné sur un DCA comme s’il était en situation de guerre ou d’attaque", nous a confié Chef Cissé des FRCI. "En voyant les gendarmes avec des armes de snipper positionnés sur les toits de leur Escadron, et pour une affaire où nous n’avons pas rudoyé leur collègue, je me suis demandé s’ils n’avaient pas préparé une attaque contre les FRCI. En tout cas, il y avait quelque chose en-dessous", a-t-il commenté. Le Commandant Moussa Doumbia dit Djroumou, dans l’interview qu’il nous a accordée, hier, a révélé les raisons profondes de cette attitude des gendarmes. "Nous avons découvert des munitions, des chargeurs et des grenades défensives et offensives dans une petite voiture qui serait garée depuis 2 ans, selon le Commandant de Brigade. Mais nous avons aussi constaté que les armes qui s’y trouvaient étaient des armes des miliciens. J’ai donc demandé que ce véhicule soit transféré à ma base au 19e Arrondissement pour nécessité d’enquête. Parce que, nous FRCI, avons l’obligation de récupérer toutes les armes en circulation avant de rentrer en caserne. Si nous ne réussissons pas à récupérer toutes ces armes qui sont entre les mains de personnes qui n’en ont pas droit, les policiers, les gendarmes et les populations risquent de vivre un véritable calvaire, après nous. Je crois que les gendarmes n’ont pas digéré ma demande de transfert du véhicule, où se trouvaient des armes, à ma Base. (…) On sait que de nombreux gendarmes de cet Escadron ont combattu aux côtés des mercenaires et des miliciens. Ce sont eux qui les ont armés. Et ce sont eux qui ont renforcé la résistance de ces miliciens à Yopougon. Donc, ils ne sont pas contents de leur défaite et donc de notre présence, ici, aux Toits-Rouges", a dit le Commandant Moussa Doumbia dit Djroumou, responsable des FRCI de la zone de compétence du 19e arrondissement de police de Toits rouges. "En plus, le Capitaine Bonga de l’Escadron de Toits-rouges, lui-même, a dit qu’il ne reconnaît pas les FRCI. Il ne reconnaît pas le décret signé par le Président de la République qui a instauré les FRCI. Pour lui, ce ne sont pas les Forces de défense et de sécurité qui sont devenues FRCI. En plus, il ne reconnaît pas l’autorité du Chef d’Etat-Major des Armées", a-t-il ajouté. Au cours des affrontements du mercredi dernier, n’eût été la sagesse du Commandant Ben Laden, responsable du groupe tactique 8 (GT8) et le Commandant Djroumou, l’Escadron de Toits-Rouges se serait transformé en un vaste cimetière. Toutes les unités des FRCI de Yopougon, d’Adjamé, d’Abobo et d’Attécoubé étaient déjà en renfort de leurs frères d’armes de Toits-Rouges. Ils ont repoussé les gendarmes qui se sont refugiés dans les habitations de la caserne de l’Escadron. C’est alors que Djroumou a demandé à ses éléments de cesser le feu "car il y a des enfants, des femmes et des personnes innocentes dans ces maisons". Avec les menaces des gendarmes, l’on est tenté de se demander ce qu’ils ont fait pour protéger les populations qui étaient massacrées par Laurent Gbagbo et ses hommes. Où étaient-ils ? Ont-ils un instant pensé aux populations qu’ils étaient censés protéger et qu’ils ont abandonnées aux tueurs de Gbagbo ? Au lieu de devenir subitement "garçons", ils devraient se remettre en cause parce qu’ils ont cautionné les tueries des hommes de Gbagbo et l’actuel dysfonctionnement des agents de la gendarmerie et de la police. Ils doivent se soumettre et attendre que les FRCI entrent en caserne, après avoir récupéré toutes les armes distribuées par l’ex-régime aux civils, pour avoir de l’autorité. Et puis en provocant les FRCI, qu’attendaient-ils faire ? Préparent-ils un coup contre la République ? "On ne sait pas si ce sont les armes de longue portée qu’ils ont utilisées qui ont tué la pauvre femme au quartier Koweit. Parce que là aussi, c’est possible qu’ils l’aient fait pour faire porter le chapeau aux FRCI et déclencher un soulèvement des populations contre nous", a commenté un autre élément des FRCI aux Toits-Rouges. Attention donc au prochain clash ! Car, certains éléments des ex-FDS nous avaient confié, en son temps, que "Ouattara ne gouvernera jamais la Côte d’Ivoire. Si cela arrivait, qu’il ne fasse pas de revue de troupe sinon, ce sera la fin immédiate de son pouvoir", s’inscrivant dans la logique de l’ex-dictateur Laurent Gbagbo. Avant donc d’encaserner les FRCI, il faudra méditer ces dernières paroles.
GUY TRESSIA
Les gendarmes et les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) se regardent en chiens de faïence. Ils se sont déjà affrontés deux fois. Crise d’autorité. D’autres affrontements se profilent à l’horizon avec des déclarations qui font froid dans le dos.
Après le dernier affrontement entre gendarmes et FRCI à Yopougon, la tension est montée. Les gendarmes se disent prêts à riposter à toute attaque des FRCI. "C’est la dernière fois que nous sommes attaqués sans que nous n’apportions la riposte appropriée (…) Nous sommes prêts à faire face à toute tentative d’humiliation ou de spoliation de nos matériels de travail (armes)", disent en substance des gendarmes, selon un confrère. Et pourtant, le mercredi dernier, ce sont les gendarmes qui ont provoqué les FRCI. "Nous étions en en train de faire le sport comme d’habitude en courant. Nous arrêtons les véhicules qui obtempèrent et nous laissent passer. Nous rentrions à notre base au 19e Arrondissement en passant devant la caserne de la gendarmerie. Là, ils ont dressé des barrières qui ont rétréci la chaussée. Nous avons donc demandé aux voitures qui venaient d’attendre notre passage. Ce qui a été fait par des véhicules quand un autre véhicule essayait de forcer le passage. Un homme en tenue civile était au volant. Nous lui demandons de s’arrêter pour nous laisser passer. Il insiste. J’étais devant la colonne de coureurs et je me suis approché. C’est alors que j’ai constaté qu’il avait une kalachnikov posée sur le siège passager avant près de lui. Je lui demande de s’arrêter mais, il fonce sur nous. C’est ainsi que les esprits des éléments FRCI en sport se sont chauffés. Ils l’ont entouré. C’est alors qu’un de ses collègues posté devant l’entrée de la gendarmerie est arrivé, croyant que nous prenions son collègue en otage, a administré une gifle à un des encadreurs FRCI. Les esprits se sont davantage chauffés. Nous essayions de calmer les uns et les autres quand nous avons constaté que les autres gendarmes tiraient sur nous depuis leur caserne de l’Escadron. Quand nos amis qui n’étaient pas loin, puisqu’entre le 19e Arrondissement et l’Escadron de la gendarmerie, il n’y a que 300m à 500m, sont arrivés en courant. Mais les gendarmes tiraient toujours. Ils ont alors riposté. Et j’ai vu un gendarme qui s’était déjà positionné sur un DCA comme s’il était en situation de guerre ou d’attaque", nous a confié Chef Cissé des FRCI. "En voyant les gendarmes avec des armes de snipper positionnés sur les toits de leur Escadron, et pour une affaire où nous n’avons pas rudoyé leur collègue, je me suis demandé s’ils n’avaient pas préparé une attaque contre les FRCI. En tout cas, il y avait quelque chose en-dessous", a-t-il commenté. Le Commandant Moussa Doumbia dit Djroumou, dans l’interview qu’il nous a accordée, hier, a révélé les raisons profondes de cette attitude des gendarmes. "Nous avons découvert des munitions, des chargeurs et des grenades défensives et offensives dans une petite voiture qui serait garée depuis 2 ans, selon le Commandant de Brigade. Mais nous avons aussi constaté que les armes qui s’y trouvaient étaient des armes des miliciens. J’ai donc demandé que ce véhicule soit transféré à ma base au 19e Arrondissement pour nécessité d’enquête. Parce que, nous FRCI, avons l’obligation de récupérer toutes les armes en circulation avant de rentrer en caserne. Si nous ne réussissons pas à récupérer toutes ces armes qui sont entre les mains de personnes qui n’en ont pas droit, les policiers, les gendarmes et les populations risquent de vivre un véritable calvaire, après nous. Je crois que les gendarmes n’ont pas digéré ma demande de transfert du véhicule, où se trouvaient des armes, à ma Base. (…) On sait que de nombreux gendarmes de cet Escadron ont combattu aux côtés des mercenaires et des miliciens. Ce sont eux qui les ont armés. Et ce sont eux qui ont renforcé la résistance de ces miliciens à Yopougon. Donc, ils ne sont pas contents de leur défaite et donc de notre présence, ici, aux Toits-Rouges", a dit le Commandant Moussa Doumbia dit Djroumou, responsable des FRCI de la zone de compétence du 19e arrondissement de police de Toits rouges. "En plus, le Capitaine Bonga de l’Escadron de Toits-rouges, lui-même, a dit qu’il ne reconnaît pas les FRCI. Il ne reconnaît pas le décret signé par le Président de la République qui a instauré les FRCI. Pour lui, ce ne sont pas les Forces de défense et de sécurité qui sont devenues FRCI. En plus, il ne reconnaît pas l’autorité du Chef d’Etat-Major des Armées", a-t-il ajouté. Au cours des affrontements du mercredi dernier, n’eût été la sagesse du Commandant Ben Laden, responsable du groupe tactique 8 (GT8) et le Commandant Djroumou, l’Escadron de Toits-Rouges se serait transformé en un vaste cimetière. Toutes les unités des FRCI de Yopougon, d’Adjamé, d’Abobo et d’Attécoubé étaient déjà en renfort de leurs frères d’armes de Toits-Rouges. Ils ont repoussé les gendarmes qui se sont refugiés dans les habitations de la caserne de l’Escadron. C’est alors que Djroumou a demandé à ses éléments de cesser le feu "car il y a des enfants, des femmes et des personnes innocentes dans ces maisons". Avec les menaces des gendarmes, l’on est tenté de se demander ce qu’ils ont fait pour protéger les populations qui étaient massacrées par Laurent Gbagbo et ses hommes. Où étaient-ils ? Ont-ils un instant pensé aux populations qu’ils étaient censés protéger et qu’ils ont abandonnées aux tueurs de Gbagbo ? Au lieu de devenir subitement "garçons", ils devraient se remettre en cause parce qu’ils ont cautionné les tueries des hommes de Gbagbo et l’actuel dysfonctionnement des agents de la gendarmerie et de la police. Ils doivent se soumettre et attendre que les FRCI entrent en caserne, après avoir récupéré toutes les armes distribuées par l’ex-régime aux civils, pour avoir de l’autorité. Et puis en provocant les FRCI, qu’attendaient-ils faire ? Préparent-ils un coup contre la République ? "On ne sait pas si ce sont les armes de longue portée qu’ils ont utilisées qui ont tué la pauvre femme au quartier Koweit. Parce que là aussi, c’est possible qu’ils l’aient fait pour faire porter le chapeau aux FRCI et déclencher un soulèvement des populations contre nous", a commenté un autre élément des FRCI aux Toits-Rouges. Attention donc au prochain clash ! Car, certains éléments des ex-FDS nous avaient confié, en son temps, que "Ouattara ne gouvernera jamais la Côte d’Ivoire. Si cela arrivait, qu’il ne fasse pas de revue de troupe sinon, ce sera la fin immédiate de son pouvoir", s’inscrivant dans la logique de l’ex-dictateur Laurent Gbagbo. Avant donc d’encaserner les FRCI, il faudra méditer ces dernières paroles.
GUY TRESSIA